Que le spectacle soit toujours vivant !
La curiosité pourrait être au rendez-vous.
En direct du Festival de Travers
Deux spectacles du Festival de Travers, à deux jours d'intervalle, deux émotions que nous fûmes bien peu à partager. C'est la terrible loi de la notoriété, les salles ne se remplissent que pour les valeurs sûres, les artistes reconnus, ceux qui passent à la télévision ; la presque seule référence de concitoyens en carence de curiosité et d'imagination..
Pour que le spectacle devienne grand, pour qu'il reste vivant, il lui faut grandir et s'épanouir, se tromper et s'améliorer. Mais rien de tout ça sans public. Notre pays a connu une vraie embellie avec des salles convenables qui ont poussé un peu partout. Les municipalités ont fait cet effort qui ne sert à rien si le public ne répond pas aux invitations.
Oh ! Bien sûr, on va me rétorquer prix et budget, sollicitations diverses, emploi du temps et autres balivernes qui sont des arguties plus que des explications. Le manque de curiosité pour la chanson française comme pour toutes les autres formes artistiques est fondamentalement inscrit dans le déficit éducatif du domaine artistique.
Combien de spectacles vos enfants sont-ils allés admirer durant leurs années d'école ? Vous pouvez, à de rares exceptions, mesurer la faillite d'un système qui n'ouvre pas plus l'esprit et l'imaginaire, le sens du beau et le plaisir de la découverte, qui ne donne pas les bases solides pour les apprentissages fondamentaux.
Je pense d'ailleurs qu'il y a une corrélation entre le recul de la lecture et l'inappétence à l'art. Nous sommes dans un monde robotisé où chacun doit faire comme les autres, acheter les mêmes produits, regarder les mêmes émissions, aimer les mêmes films, apprécier les artistes officiels. C'est la télévision et la publicité qui fixent les règles du jeu et vident les cerveaux avec une efficacité rare.. En dehors, hélas, c'est le désert !
Alors, quand il y a un match de football sur le petit écran, c'est le fiasco dans les salles de spectacles. Les moutons admirent benoîtement des idoles de carton pâte, des gens de si peu de culture qu'ils sont d'une aridité désespérante. C'est ainsi ; l'injonction et la propagande font de telles farces des évènements d'une si désespérante pauvreté qu'il est recommandé de s'y coller comme une mouche sur son ruban gluant !
Dans le même ordre d'idée, il se construit des salles de plus en plus grandes pour accueillir les locomotives du spectacle. À des prix exorbitants, les foules se pressent pour voir la vedette internationale, la pointure nationale, l'exilé fiscal et néanmoins chanteur qu'on entend sans cesse sur les écrans et les radios hexagonales. Le matraquage est tel qu'ils prennent leurs billets des mois à l'avance, moutons dociles et béats, ils vont assister à la énième représentation d'une bête de scène ressassée.
Mais, quand un inconnu passe à deux pas de votre porte, dans la petite salle de votre commune, pas d'enthousiasme, pas de désir, pas d'envie. Demain pourtant, il sera peut-être en haut de l'affiche et cette fois, vous jouerez des coudes pour aller le voir. C'est pourtant à la naissance de l'artiste qu'il faut assister. C'est à ce moment crucial qu'il a besoin de vous. Ce n'est pas avec des salles vides que l'on apprend l'art complexe de la scène et du spectacle.
Depuis longtemps, vous avez perdu ce désir de la nouveauté. Il vous faut du certain, du commun, un nom que vous pourrez évoquer à vos amis. Le spectacle se meurt de ce comportement grégaire. Bougez-vous, remuez-vous, sortez et allez à la découverte des talents de demain.
J'enrage car vendredi nous étions moins de vingt dans une salle très convenable mais introuvable sur le campus d'Orléans. Les étudiants n'étaient pas là, on peut s'en étonner. Le chanteur était remarquable mais quel dommage que d'autres n'aient pas pu profiter du bonheur de ses mots. Le lendemain nous devions juste être une petite dizaine de mieux dans la salle des musiques actuelles. Même constat, même plaisir, même occasion manquée pour tant de gens coincés devant leur télévision. Mais où sont les curieux ?
J'enrage d'autant plus que ce Festival est la réalisation d'une association forte de nombreux bénévoles qui ne mesurent pas leur peine quand il s'agit d'animer les fêtes gratuites pour financer le volet payant. Mais là aussi, quand il faut bouger et devenir simple spectateur, ils sont bien peu à soutenir la remarquable activité de leur président et de sa femme. Je les vois bien seuls, entourés de trop rares fidèles et désolés que si peu de monde réponde à leur invitation. Ils vont finir par déchanter !
Curieusement vôtre.
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