Question de principe

Laissons à la porte les pestiférés.
Une belle initiative pour mettre en valeur le parcours de douze femmes qui dans des domaines artistiques et littéraires méritent d'être mise en lumière a connu son point d'orgue lors du vernissage de l'exposition. Je tairai le lieu et resterai volontairement flou sur cette manifestation pour évoquer son épilogue sans nuire à ses protagonistes.
Or donc, les organisateurs avaient demandé aux modèles de bien vouloir se présenter à la cérémonie officielle accompagnée comme il se doit des discours protocolaires pour ouvrir officiellement l'exposition. L'une des protagonistes avait émis des réserves sur sa présence, puisque mauvaise citoyenne, elle ne dispose pas de ce fameux Sésame qui permet d'échapper à cet Apartheid social, accepté semble-t-il avec enthousiasme par des citoyens qui ont renié les valeurs républicaines.
Son interlocutrice insista pour qu'elle vienne malgré tout, sa présence étant dans l'esprit de tous, indispensable. Notre amie obtempéra, sachant qu'elle n'aurait pas droit au buffet qui ponctuerait ce petit rassemblement en plein air. La pluie du reste n'arrêta pas les invités qui se pressèrent sur la piste cyclable, qui passe devant les portraits, au grand dam de quelques usagers pressés.
Après l'intervention du maire qui se félicitait de cette belle initiative des deux instigatrices de l'exposition, les modèles, à tour de rôle et devant leur portrait firent petit discours pour retracer leurs parcours, leur travail artistique tout en félicitant à juste titre, la justesse des clichés de la photographe. Ce fut du reste un moment plein de charme, avec un ciel qui se montra clément.
Puis chacun fut prié de se rendre à l'abri, dans un établissement public, pour le verre de l'amitié. La pestiférée acceptant de ne pas être du nombre, assumant son choix quand un mauvais caractère fit esclandre, trouvant fort de café de laisser choir ainsi l'une des artistes mises en valeur sous un prétexte aussi fallacieux qu'absurde à 3 jours de la fin de la mesure inique.
Les organisateurs se concertèrent pour finir par convenir que cette femme devait se joindre à ses commères au risque de dénaturer la célébration. Il lui fut demandé alors de porter le masque pour éviter de déroger à la terreur sanitaire, ce qu'elle acceptait de bon cœur. La troupe traversa la rue pour franchir le sas de contrôle où là, le cerbère de service rejeta celle qui risquait de mettre en danger tous les autres.
Par solidarité, refusant de cautionner ce qui m'a toujours apparu comme une mesure discriminatoire, j'en appelais à la solidarité et aux grands principes. On me prit pour un hurluberlu et plus encore, un inconscient qui lui aussi, ne disposait pas de ce fameux laisser-passer de la honte. J'informais les outragés que j'étais en règle de ce côté-là mais que je n'avais jamais toléré que ce puisse être un sauf-conduit. Je me refusais à montrer patte blanche alors qu'une des personnes honorées se voyait rejeter comme une malpropre.
Mon appel resta vain. Je fus le seul à rebrousser chemin. Il est vrai que les petits fours et la coupe de champagne sont des motifs impérieux pour renoncer aux valeurs qui ont fondé cette République. Je m'en allais amer certes mais heureux d'avoir montré ma solidarité avec celle qui fit demi-tour dans l'indifférence de ses consœurs et des organisateurs.
Je sais que l'odieuse mesure discriminatoire a provisoirement pris fin. Je devine qu'il sera facile de la relancer le moment venu tant les citoyens ont perdu toute dignité devant cette insulte à notre devise nationale. L'individualisme et la lâcheté ont gagné la partie, le chacun pour soi est de rigueur au pays qui fut jadis celui des droits humains. À titre personnel, voilà un lieu qui symbolisera pour moi l'intolérance et l’obscurantisme, ce qui est navrant pour un établissement où le livre est à l'honneur.
À contre-valeur.
Celle qui fut ainsi repoussée me demande d'ajouter qu'elle avait effectué un auto test avant de venir qui s'avéra être négatif. Quant au cerbère à l'entrée de ce lieu de culture, cette personne n'accepta pas de faire exception de crainte de recevoir un blâme et une amende, argutie qui la dispensait d'évoquer la sécurité des vaccinés. L'organisatrice avait déjà insisté au préalable auprès d'un échevin inflexible sur ce point essentiel à trois jours de la levée des interdictions. Il n'est donc rien à espérer de ces gens.
NB : Pour des raisons techniques et mystérieuses, je ne puis toujours pas répondre à vos commentaires en dépit des efforts de l'équipe technique.
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