Radiohead : quand la musique n’est plus une marchandise
Qui s’étonne de découvrir en feuilletant les pages de la presse que nos plus grosses stars françaises quittent l’Hexagone pour soustraire leurs incroyables revenus au fisc ? L’incivisme est devenu monnaie courante au pays des paillettes et du culte de la réussite. D’ailleurs, le président de la République qui stigmatise les « profiteurs du système » et « les régimes spéciaux » de la fonction publique voit d’un très bon œil que les plus grosses fortunes de France refusent de participer à la vie sociale et économique du pays.
L’imbécile, le raté est d’ores et déjà celui qui paye ses impôts, car faute de revenus suffisants, il ne peut faire partie de la caste des exilés, des expatriés fiscaux. Heureux qui comme Florent Pagny, Michel Sardou, Johnny Hallyday a tellement d’argent qu’il ne paye plus d’impôts et accorde aux plus bas revenus l’autorisation de le faire à leur place ! On a les stars que l’on mérite, dit-on !
Ils ont d’ailleurs de la chance d’avoir encore des fidèles pour acheter leurs disques, car leur comportement pourrait être perçu comme une invitation à les délester définitivement de tout revenu, en téléchargeant illégalement chaque nouvel album par exemple.
Au pays du fric, l’art fait évidemment profil bas. Que la musique soit devenue une industrie à part entière, dominée par des majors et des fantoches en guise d’artistes, est une réalité qui ne trompe plus personne, mais que l’on nous projette ce monde industriel comme modèle absolu est devenu intolérable.
Comment imaginer en effet que nos producteurs et autres hommes politiques souvent exempts de vertu vantent les valeurs civiques, le respect du droit qui ne profitent pas au marché ?
Heureusement, dans les pénombres du business des stars, du libéralisme à outrance, se cachent encore des perles qui viennent à nous rappeler que la musique n’est pas simplement une marchandise qui participe à l’enrichissement des happy few.
Le groupe anglais Radiohead qui domine la scène mondiale par sa créativité depuis plus de dix ans s’est séparé de sa maison de disques EMI et propose désormais à ses fans de pré-commander leur dernier album à n’importe quel prix. Il dépendra donc de l’acheteur de fixer le prix en fonction de ses revenus et de son envie. Ainsi, pour 1 shilling, vous pourrez télécharger tout l’album de Radiohead, ou estimer de vous-même qu’il vaut bien davantage.
Avec cette affaire, c’est toute l’industrie du disque qui tremble. D’autres artistes pourraient bien choisir de se passer des majors et refuser comme Radiohead que leur disque soit distribué dans le commerce. Cette fois le consommateur aura affaire uniquement au créateur sans passer par des sociétés qui font peu de cas de l’avis des artistes. Car à l’heure où les prétendues stars ne pensent qu’à toujours faire plus de profits avec leur maison de disques, les artistes envisagent d’autres moyens pour essayer de diffuser librement leur art.
Site officiel de Radiohead
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