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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Rendez-vous manqué avec la mosaïque tunisienne

Rendez-vous manqué avec la mosaïque tunisienne

Alors que France 3 s’apprête à diffuser un numéro de "Des Racines et des Ailes" spécial Tunisie qui fera sûrement l’apologie des courageux défenseurs du patrimoine, nous visitons "en vrai" le célèbre musée du Bardo à Tunis… pour se prendre les pieds dans les câbles de télévision et trébucher dans les approximations d’une institution en chantier.
 
Les kilomètres de mosaïques romaines découvertes en Tunisie ont été déposées et stockées au musée du Bardo dans la capitale (ainsi qu’un certain nombre d’autres objets archéologiques comme des statues, des masques etc). Le lieu, un palais des Beys inauguré en 1888, est célèbre mais souffre d’une muséographie complètement dépassée et il a fallu attendre mars 2009 pour voir des travaux "d’extension et de réorganisation" s’enclencher. Ils sont toujours en cours. La visite du musée, en plein chantier, réserve quelques surprises.

A l’entrée, on joue pourtant la transparence : le prix d’entrée a été revu à la baisse en raison de la gêne occasionnée par les travaux (pour comparer, le billet d’accès à l’Acropole d’Athènes couverte d’échafaudages n’a jamais été diminué) et des panneaux didactiques expliquent que les œuvres plus importantes ont été déplacées dans des espaces accessibles. Des schémas, étage par étage, montrent les surfaces ouvertes, les salles en travaux et les plans d’extension. Plus loin, c’est la cohue. Les groupes de visiteurs visiblement indifférents se bousculent et on découvre un certain nombre d’aberrations muséographiques.

Des mosaïques ont été installées au sommet de hauts murs, on n’arrive même pas à deviner leur sujet. Des statues diverses, comme s’il y en avait trop, sont exposées dans un environnement crasseux. Une spectaculaire et très grande mosaïque originaire de Sousse a été installée au sol d’une pièce sans qu’une circulation ait été mise en place, ce qui empêche de voir le centre de l’œuvre. De toute façon, elle est dissimulée par le papier bulle. Le même papier bulle qui devrait protéger les œuvres dans les zones en travaux a parfois été accroché n’importe comment.

Partout la peinture s’écaille et l’incroyable cargaison de bronze du navire antique découvert au large de Mahdia en 1907 a été installée dans des vitrines mal éclairées, dans une pièce trop petite. Rien n’est vraiment valorisé, on marche sur les mosaïques, on frotte les vitrines pleines de poussière avec le revers de la manche.

Le chantier en cours donnera-t-il un nouveau visage au Bardo ? C’est sûrement ce que défendra l’émission de France 3… dont les éclairages et les câbles achevaient de transformer notre visite, réduite à quelques salles, en déception.
 

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7 réactions à cet article    


  • Arunah Arunah 26 avril 2010 17:03

    Bonjour !

    La Tunisie n’est pas le seul pays à ne pas être à la hauteur de son passé...


    • Pierre Polomé Pierre Polomé 26 avril 2010 17:17

      Oui, bien sûr. D’ailleurs, j’ai écrit un article sur le musée égyptien du Caire et en fait, je pourrais le faire pour n’importe quel pays, France y compris. L’idée est toujours de pointer du doigt un problème afin d’encourager à le résoudre. En Tunisie, il y a aussi des sites archéologiques très bien présentés, entretenus et protégés (Kerkouane, par exemple). J’encourage un responsable du Bardo à prendre la parole, je n’ai pas eu le temps d’en interviewer un mais il faut savoir qu’en Tunisie, les journalistes ne sont pas forcément bien accueillis. C’est à la fois un autre et le même problème. 


    • Arunah Arunah 26 avril 2010 17:39

      Dans des pays qui lisent peu et ne valorisent leur culture, n’entretiennent leur patrimoine que pour des raisons touristiques, il n’est nullement étonnant que les musées ne soient pas une priorité... d’autant plus que la clientèle touristique est souvent plus portée sur l’option plage que sur l’histoire du pays. De plus, une bonne partie du contenu des musées est souvent pré-islamique... et ne peut donc servir des desseins nationalistes.
      Et puis, ce n’est pas l’Italie... 

      En contact ( professionnel ) avec de nombreux étrangers, j’ai souvent été choquée par le peu d’intérêt des Maghrébins ( c’est un euphémisme ! ) pour une visite du Louvre alors que toutes les autres nationalités sont enthousiastes à l’idée de visiter le Louvre ( certes, principalement pour La Joconde et la Vénus de Milo ! )

      Pas de solution pour ce problème !


      • Pierre Polomé Pierre Polomé 26 avril 2010 21:57

        C’est plutôt négatif comme point de vue. Il y aurait, avec les collections et le bâtiment du Bardo, de quoi faire un lieu culturel vivant (plus qu’un musée), en connection avec d’autres lieux de ce type ailleurs. Peut-être je rêve mais ça jouerait incontestablement un rôle dans le fait justement de dire que la Tunisie n’est pas qu’un pays de bronze-culs. On a là du patrimoine mondial, qui mérite mieux que ça. Bon, mon idée était aussi de donner un autre son de cloche que ce que va probablement faire des Racines et des ailes, émission réac’ et aristocratique (excusez la tautologie). L’émission était prévue pour ce mercredi 28 mais le nuage a peut-être ralenti le montage. Bref, je pense qu’il ne faut pas avoir un lieu public uniquement en fonction de son public.


        • Pierre Polomé Pierre Polomé 26 avril 2010 22:07

          Vous avez raison sur le fait que les touristes ne sont intéressés que par l’option plage et je suis toujours étonné de voir des centaines de personnes défiler en vitesse sur des sites ou musées, les yeux plein d’ennuis. Les tour opérateurs les obligent ? Leur conscience les taraude : il faut que je visite au moins ce truc super-connu, même si j’en ai rien à foutre ? Le prof nous oblige ? Résultat : on voit des foules suivre un chemin simplifié partout (de la place Tian anmen au Nord de la Cité Interdite, à travers l’Alhambra, le long de la rue colorée de la Boca à Buenos Aires etc) et s’en aller le plus vite possible. Pourquoi cette absurdité ?


          • Arunah Arunah 27 avril 2010 06:10

            @ Pierre Polomé

            « Pourquoi cette absurdité ? »
            Bonne question ! Mais aucune réponse satisfaisante ! Ils ont payé un forfait, merde quoi !
            Aussi, le passage des touristes sur un site génère de petits jobs ( vendeurs de boissons fraîches, cartes postales, fausses antiquités, ...etc... ) petits jobs bienvenus dans l’économie locale. C’est donc l’intérêt des agences locales de programmer des sites culturels dont la visite aura de ( petites ) retombées positives pour les populations locales qui ainsi accepteront mieux les hordes de touristes...
            « leur conscience les taraude ». Leur conscience ?? Non ! Leur conformisme, plutôt... De toute manière, à partir d’une certaine température, la conscience s’évapore... Et on ne souligne jamais assez à quel point la vie d’un touriste est exténuante... 
            « ... et s’en aller le plus vite possible »... Nein, nein, nein ! Et les boutiques alors ? ( retombées plus importantes ! )
            Etudiante, j’avais été invitée un mois à Tunis par une amie tunisienne pour assister au Festival de Carthage. La jeunesse dorée locale se faisait un devoir de nous promener partout... mais lorsque j’ai émis le souhait de visiter le Musée du Bardo, on m’a prise pour une demeurée... comprenez bien que ce qui était valorisant, c’était d’aller prendre un pot au bar des grands hôtels... d’assister aux spectacles du festival pour être interviewé et passer à la télévision ( c’était tous des potes... ), mais visiter un musée ?
            Je précise que ces garçons étaient de futurs avocats, ingénieurs, médecins... Imaginez les crans en-dessous...




            • Magon 28 avril 2010 23:31

              @ Arunah

              Votre dernière remarque m’oblige à réagir, que vous ayez des amis futiles qui ne s’intéressent pas a la culture de leur pays c’est une chose, mais j’ai l’impression que vous généralisez de façon un peu simple et rapide. S’il est un fait que la culture d’une façon générale ne draine pas les foules tunisiennes, il y a beaucoup de jeunes qui s’intéressent a leur histoire et peut être plus souvent dans les « crans en-dessous » pour reprendre votre expression. 
              A l’avenir, merci de ne pas porter des jugements a l’emporte pièce sur un pays que vous ne semblez pas connaître si bien.

              Un tunisien qui aime l’histoire de son pays et qui visite ses musées !!

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