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#13 des Tendances

Réponse à Alain Damasio : Oui, le cyberpunk va mourir… au profit du low-tech punk !

Dans une interview publiée en 2020, Alain Damasio, écrivain de science-fiction, prédit la disparition du cyberpunk au profit d’un paradigme artistique plus humain. En fait, ce paradigme existe déjà : c’est le low-tech punk.

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Pour les fans d’Alain Damasio, la vidéo est visible ici :

https://www.facebook.com/socialter/videos/le-cyberpunk-est-mort-par-alain-damasio/314522919454977/

 

Je la résume en quelques mots.

 

Alain Damasio fait état d’une grande fatigue technologique de l’humanité, due au caractère déshumanisant de l’hyper-connexion actuelle. Il fustige notamment la dépendance au téléphone mobile et aux réseaux sociaux, dont il avoue lui-même être grand consommateur. L’utopie cyberpunk des écrivains est ainsi devenu une réalité tragiquement dystopique.

 

Damasio pressent un scepticisme technologique croissant, de la part du grand public, qui engendrera une nouvelle science-fiction. Celle-ci s’écartera du virtuel et de l’électronique, pour retrouver la « vraie vie » et les « vrais gens ». Damasio fait notamment l’éloge des zadistes, « grands vivants » qui retrouvent le goût du terroir, savent cultiver des pommes de terre, revalorisent la force physique, renouent avec l’existence enracinée. Contre l’auto-aliénation numérique, à laquelle le cyberpunk actuel donne des gages, il propose de fonder une nouvelle science-fiction : « biopunk » ou « zoopunk ».

 

Pour autant, je ne souscris pas totalement au discours d’Alain Damasio.

 

1) Il ne pose pas directement le problème de la disparition du high-tech, ce que fait, en revanche, la collapsologie. 2) Il donne en exemple la vie dans une ZAD ; il n’est pourtant pas prouvé que les zadistes soient tous d’excellents travailleurs manuels ; par ailleurs, paysans, artisans, ouvriers… conservent souvent un grand sens des réalités et sont d’authentiques manuels, sans être pour autant des zadistes. 3) Les termes biopunk et zoopunk sont un peu abstraits ; « bio- » renvoie à la vie, en grec, et « zoo- », à l’animalité ; low-tech punk, le terme proposé par Arthur Keller, me semble meilleur, car il renvoie directement au travail humain, au savoir-faire, à habileté manuelle, ce que signifie bien le terme grec technê, τέχνη.

 

https://www.facebook.com/lowtechnation/videos/solarpunk-non-low-tech-punk-menons-une-politique-artistique-et-culturelle-low-te/480903230837917/

 

Disons-le clairement, à mesure que la technologie envahit tous les aspects de notre vie quotidienne, un sentiment de fatigue technologique s'installe. Les préoccupations concernant la vie privée, la dépendance aux appareils et l’impact environnemental de la production technologique poussent de plus en plus de personnes à chercher des alternatives. Le low-tech punk répond à ces inquiétudes en imaginant des sociétés où la technologie est utilisée de manière éthique et équilibrée, privilégiant la réparabilité et la simplicité. En clair, c’est ce passage du high-tech au low-tech qu’avait déjà décrit l’immense René Barjavel dans Ravage.

 

Les romans low-tech punk démontrent un intérêt croissant pour des narrations qui valorisent la simplicité et l'ingéniosité face à des ressources limitées. Ce genre offre une alternative séduisante aux récits high-tech du cyberpunk, permettant aux lecteurs de se reconnecter avec des valeurs de communauté et de durabilité. Si le cyberpunk a marqué l'imaginaire collectif avec ses mondes technologiques sombres et complexes, le low-tech punk émerge comme une réponse aux excès de cette vision. Ce mouvement pourrait bien redéfinir la science-fiction pour une nouvelle génération de lecteurs.

 

Évidemment, le lectorat de science-fiction devra s’habituer aux véhicules à traction animales, à la disparition partielle ou totale de l’eau courante et de l’électricité, à l’engloutissement d’internet dans les méandres de l’oubli… Beaucoup de gens n’aimeront pas, rêvant à la pérennité d’une civilisation high-tech où il suffit de toucher un écran pour être servi comme un prince.

 

Mais les grands réalistes préfèrent déjà le low-tech punk.

 

Florian Mazé

 

Professeur de philosophie et HLP

Auteur de trois romans d’anticipation

2193 : Le Crépuscule des humanistes

2194 : Un nouveau pacte avec les dieux

2195 : La Grande Simplification

 

Pour les lecteurs un peu paresseux, voici également ma vidéo explicative du style Low-tech Punk (j’ai utilisé une IA, mais je rappelle que les IA elles-mêmes sont capables de penser leur propre disparition !) :


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1 réactions à cet article    


  • Étirév 4 décembre 07:29

    Dans « La France contre les Robots », Georges Bernanos disait que « La tragédie de l’Europe au XIXème siècle et d’abord, sans doute, la tragédie de la France, c’est précisément l’inadaptation de l’homme et du rythme de la vie qui ne se mesure plus au battement du cœur, mais à la rotation vertigineuse des turbines, et qui d’ailleurs s’accélère sans cesse. L’homme du XIXème siècle ne s’est pas adapté à la civilisation des machines et l’homme du XXème siècle pas davantage… J’irai plus loin, je dirai que cette adaptation me paraît de moins en moins possible. Car les machines ne s’arrêtent pas de tourner, elles tournent de plus en plus vite et l’homme moderne, même au prix de grimaces et de contorsions effroyables, ne réussit plus à garder l’équilibre. »
    La Civilisation des Machines est « La civilisation des techniciens », et dans l’ordre de la Technique, un imbécile peut parvenir aux plus hauts grades sans cesser d’être imbécile, à cela près qu’il est plus ou moins décoré. La Civilisation des Machines est la civilisation de la quantité opposée à celle de la qualité. Les imbéciles y dominent donc par le nombre, ils y sont le nombre. Cependant, la malfaisance n’est pas dans les imbéciles, elle est dans le mystère qui les favorise et les exploite, qui ne les favorise, d’ailleurs, que pour mieux les exploiter.
    Aussi, c’est l’occasion de rappeler ici les mots de Charles Baudelaire : « La suprême habilité du diable, quelle que soit sa nature, c’est d’obtenir au bout du compte qu’on nie son existence. ».
    Convenons, aujourd’hui, qu’il y est assez bien parvenu, avec de surcroit l’aide de ses « prêtres » (théologiens ou pas) et l’adhésion satisfaite d’une myriade de « fidèles », soi-disant « libérés », puis « branchés » et « câblés », aujourd’hui « connectés » et, demain, probablement « transhumanisés ».
    Les hommes de la Tradition qui ne sont ni folkloristes, ni rêveurs ou nostalgiques, ont pris définitivement conscience que « le monde moderne danse avec le diable » et que notre civilisation est devenue le support planétaire ouvert aux entreprises des « puissances d’en-bas ».
    Aussi, à la lumière des principes et doctrines traditionnels qui fondent la Sagesse commune à toutes les formes traditionnelles, initiatiques ou religieuses, le monde actuel, malgré, ou en raison, de ses indéniables réussites matérielles et techniques, apparaît pour ce qu’il est vraiment : parodie, caricature, illusion, poudre aux yeux, travestissement, en un mot : mensonge.
    Ayant épuisé ou presque les « virtualités » du « matérialisme », « l’Adversaire » recourt dorénavant aux « virtualités » d’un « néo-spiritualisme ».
    À ce sujet, rappelons les propos de l’un des prosélytes du transhumanisme en France, Laurent Alexandre, propos parus dans « Le Monde » du 03/11/2015 : « Dieu n’existe pas encore : il sera l’homme de demain, doté de pouvoirs quasi infinis grâce aux nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives. L’homme va réaliser ce que seuls les dieux étaient supposés pouvoir faire : créer la vie, modifier notre génome, reprogrammer notre cerveau et euthanasier la mort. »
    On le voit ici, le cerveau de l’imbécile n’est pas un cerveau vide, c’est un cerveau encombré où les idées fermentent au lieu de s’assimiler, comme les résidus alimentaires dans un côlon envahi par les toxines.
    En parallèle des propos délirants tenus par le chantre du transhumanisme, néanmoins soutenus par le « brainwashing » hollywoodien habituel, organisé, notamment ces dernières années, autour des univers « Marvel » et « DC Comics », rappelons ces sages paroles de Louis Pauwels, tirées de son ouvrage « Les dernières chaînes » : « La qualité suprême de l’homme est dans son être. Nous sommes dans une période où tout se conjugue pour nier notre authentique liberté intérieure… En fait, c’est toujours la même vieille tentation : convaincre les hommes de renoncer à leur autonomie, à leur singularité, à leur différence. À l’ère des machines et de l’informatique, beaucoup se prennent pour des robots. Or, les robots ne vivent pas. Ils n’ont pas d’intériorité. Ils ne connaissent qu’une loi, celle des tyrans qui les manipulent. ».
    Concluons avec Georges Bernanos qui, en 1946, écrit, toujours, dans « La France contre les Robots » : « Nous n’assistons pas à la fin naturelle d’une grande civilisation humaine, mais à la naissance d’une civilisation inhumaine qui ne saurait s’établir que grâce à une vaste, à une immense, à une universelle stérilisation des hautes valeurs de la vie. (…) Ce n’est pas mon désespoir qui refuse le monde moderne. Je le refuse de toute mon espérance. Oui, j’espère que le monde moderne n’aura pas raison de l’homme ! »
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