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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Retours sur l’édition 2016 du Festival Musical de Namur

Retours sur l’édition 2016 du Festival Musical de Namur

Après une édition 2015 triomphante, on attendait beaucoup de cette nouvelle saison du Festival Musical de Namur placée sous le thème « Orient - Occident » (1er au 9 juillet). Retours sur quelques concerts.



Le directeur artistique du Chœur de Chambre de Namur, Leonardo García Alarcón, était invité trois fois dans ce festival et notamment pour les deux concerts d’ouverture consacrés au diptyque Falvetti, Il Diluvio Universale et Nabucco. Véritable succès depuis respectivement six et quatre ans, on pouvait craindre une certaine lassitude tant de la part du public que des interprètes. Si ce ne fut pas le cas pour les premiers, il n’empêche que l’on a senti une baisse de régime — oserait-on dire d’investissement — dans leDiluvio, surtout pour ceux qui avaient en mémoire la première représentation face au public namurois il y a deux ans dans la même église Saint-Loup. Et c’est finalement Nabucco qui a le plus convaincu alors que la palette d’interprètes était sensiblement la même. Fernando Guimaraes était plus investi dans le rôle de Nabucco que dans celui de Noé, même si l’on aurait aimé plus de pugnacité dans les moments dramatiques. De même, les qualités du contre-ténor Christopher Lowrey se déployaient plus aisément dans la partie d’Arioco de la deuxième soirée que dans celle de la Justice Divine où il remplaçait l’inoubliable contralto Evelyn Ramirez. Au contraire, Mariana Flores et Caroline Weynants donnaient le sentiment de grandir dans leurs rôles respectifs, gagnant en subtilité et en couleurs. Quant au Chœur de Chambre de Namur, il faudra aussi attendre le deuxième soir pour le retrouver totalement précis et dynamique. Lors du dernier concert en compagnie du chef argentin (5 juillet) consacré à Roland de Lassus avec le Chœur de Chambre seul, on regrettera que le niveau proposé fut bien en dessous du disque à paraître en septembre chez Ricercar ainsi que des concerts donnés à Mons et Namur en octobre 2015 ; la faute principalement à un pupitre d’hommes bien moins en voix et en place que leurs collègues féminins. 

Au rang des bonnes surprises, il faut noter le concert donné le lendemain par les Agrémens sous la direction de Guy Van Waas. Pour l’occasion, on retrouvait l’ensemble dans un programme qui semblait taillé pour l’orchestre avec des compositeurs tels que Grétry, Gluck, Haydn ainsi que Giuseppe Gazzaniga et Domenico Cimarosa. Comme l’année dernière, les jeunes étaient mis à l’honneur avec deux chanteurs issus de l’IMEP (Institut Supérieur de Musique et de Pédagogie) de Namur. Place était faite au baryton Kamil Ben Hsaïn Lachiri et à la mezzo-soprano Aurore Bureau dont on soulignera chez tous deux l’investissement et l’excellente diction française. Par ailleurs, la texture orchestrale était conduite de main de maitre par Guy Van Waas et c’est la performance du flûtiste Jan Van den Borre dans l’Adagio de la Symphonie n°24 en ré Majeur de Joseph Haydn que l’on aimerait entendre à nouveau.

On gardera aussi un goût amer du concert du 8 juillet des Scherzi Musicali dirigés par Nicolas Achten, reprenant le même programme que celui paru sur disque en mars et consacré à la figure de Marie-Madeleine chez notamment Antonio Bertali et Domenico Mazzocchi. La frustration était d’autant plus grande que les instrumentistes fournissaient l’écrin sonore somptueux qu’on leur connaît et que la musique, révélée par l’enregistrement, valait véritablement le détour. Si la soprano Déborah Cachet et la mezzo Luciana Mancini sortaient aisément du lot, on ne peut en dire autant du ténor Kevin Skelton, faisant regretter l’absence de Reinoud Van Mechelen, et du baryton Nicolas Achten qui semblait plus avoir à donner en tant que continuiste et chef que comme chanteur. Dans l’oratorio La Maddalena de Bertali, le partage des quatre rôles solistes masculins entre ces deux derniers induisaient d’une part un déséquilibre dans les tessitures et d’autre part un autre déséquilibre sonore avec les solistes féminins. Une fois de plus, on se réfèrera au disque pour découvrir et profiter plus amplement de ce programme.

Enfin, le concert le plus abouti vient sans doute de la création du programme « L’orgue du Sultan » le 9 juillet par l’Achéron de François Joubert-Caillet et l’ensemble Sultan Veled accompagné de la soprano Amel Brahim-Djelloul. Le cadre de ce concert prenait place dans la Londres élisabéthaine. En 1599, Elisabeth Ière envoie en guise de cadeau diplomatique au Sultan Mehmet III un orgue mécanique de plus de trois mètres de haut conçu par Thomas Dallam. Celui-ci lègue à la postérité le récit de la traversée et des escales du présent de la Couronne d’Angleterre. Pour faire revivre cette rencontre historique entre deux mondes, la polyphonie rigoureuse anglaise (Anthony Holborne, Alfonso Ferrabosco) ainsi que les Songs de Dowland se mêlaient avec intelligence à la rythmie ottomane et ses makams. Force est de constater que le programme ne s’est pas transformé en un énième souk multiculturel de mauvais goût. Les musiciens s’appuyaient chronologiquement sur le journal du facteur d’orgue et respectaient chacun les traditions de l'autre sans les dénaturer. La soprano fut d’ailleurs la parfaite image de ce balancement mesuré ; Amel Brahim-Djelloul se montrait autant à l’aise dans les airs traditionnels ottomans que ceux du nord de l’Europe, serpentant avec une facilité déconcertante d’un répertoire à l’autre. 

C’est sur ce dernier concert réjouissant que s’est terminée l’édition 2016 du Festival Musical de Namur. Sans égaler la qualité de la saison précédente et malgré les quelques réserves mentionnées, cette dernière saison a offert de beaux moments à la mesure de son prestige, d’autant qu’il serait malhonnête de ne pas mentionner le succès qu’ont rencontré les Américains de Cappella Romana le 4 juillet, concert auquel nous n’avons malheureusement pas pu assister. Heureusement, il reste notamment les Nuits de Septembre à Liège pour les entendre (à nouveau) de vive voix.

 

_____________

Pour retrouver les artistes du Festival :

Michelangelo Falvetti

Il Diluvio Universale (Ambronay AMY 026)

Nabucco (Ambronay AMY 036)

Cappella Mediterranea

Chœur de Chambre de Namur

Leonardo García Alarcón, direction



Antonio Bertali

La Maddalena



Scherzi Musicali

Nicolas Achten, direction




2016 Ricercar/Outhere Music (RIC 367)


A paraître en septembre chez Ricercar :

Roland de Lassus
Canticum Canticorum



Chœur de Chambre de Namur

Clematis

Leonardo García Alarcón, direction


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2 réactions à cet article    


  • sylvie 15 juillet 2016 09:15

    St Loup ! magnifique que même Victor Hugo appréciait, et juste en face « chez Jean »...


    • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 15 juillet 2016 11:11

      Exactement Sylvie !

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