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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Reviens-moi » de Joe Wright

« Reviens-moi » de Joe Wright

Après Orgueil et Préjugés, Reviens-moi, le dernier opus d’un jeune cinéaste de 35 ans, présenté en ouverture à la Mostra de Venise, s’inspire d’une oeuvre littéraire - ce qui est de plus en plus courant dans le cinéma actuel - et est interprété par une Keira Knightley lumineuse, déjà la vedette de la précédente réalisation, ce qui fait que le cinéaste, la connaissant bien, a su tirer le meilleur d’elle-même. Cette fois, Joe Wright a porté son choix sur Atonement (en français Expiation, titre que le film aurait dû conserver) de Ian MacEwan, oeuvre introspective romanesque et romantique qui se déroule dans l’Angleterre encore puritaine de l’entre-deux-guerres et explore la conscience humaine autour de deux thèmes : la culpabilité et l’expiation.
Tout se joue en une journée torride au coeur d’une propriété victorienne où Brionny, qui veut se consacrer à la littérature, épie sa soeur aînée Cecilia qui vit auprès de Robbie, le fils de la cuisinière, une passion amoureuse. Un geste équivoque, mal interprété par cette fillette de 13 ans, sera à l’origine d’un drame familial qui, en brisant leur vie, entraînera les principaux personnages vers un destin tragique. Ainsi est-on plongé dans un théâtre des apparences qui conduit le film à être le révélateur des interprétations diverses et complexes des protagonistes. La caméra (principalement dans la première moitié du film) s’attarde à nous livrer la vision personnelle de chacun d’eux par un recours un peu excessif aux flash-back, afin de nous prouver que chacun ne voit jamais de l’existence que ce qu’il veut bien en voir. La subjectivité est ici un prisme qui modifie en permanence la nature des choses.

Film d’une grande intensité romanesque, Reviens-moi met en scène trois personnages dont l’un d’eux ne nécessitera pas moins de trois actrices pour l’incarner dans trois périodes différentes de sa vie : à 13 ans, lorsque tout va basculer, Brionny a les traits de la jeune Saoirse Ronan d’une maturité et d’une présence extraodinaires ; à 18 ans, ceux de Romola Garai qui fut l’Angel d’Ozon et a travaillé le rôle de façon à rendre la métamorphose aussi crédible que possible, reprenant des attitudes, des expressions de la jeune Saoirse ; enfin, au crépuscule de sa vie, par une poignante Vanessa Redgrave. Ce film est donc essentiellement féminin, bien que la guerre de 39-45 soit présente, guerre à laquelle le jardinier Robbie Turner (James McAvoy) participera malgré lui, seul personnage aimable et victime sacrifiée aux perfides stratagèmes d’une enfant exaltée et fabulatrice.

A l’intimité feutrée de la première moitié du film succède, comme un chapitre très différent, une seconde moitié traitée de manière à ouvrir l’écran sur un monde en plein conflit mondial, si bien qu’après le huis clos du château victorien, nous assistons à une scène (l’embarquement de troupes alliées à Dunkerque) qui a obligé le réalisateur à faire appel à deux mille figurants, démesure inattendue dans un film qui s’amorçait sur un registre tout autre : l’analyse des états d’âme. Esthétiquement, la mise en scène est parfaite et compense certains défauts inhérents à des scènes un peu languissantes vers le milieu du film, ce qui permet au cinéaste de renouer avec un rythme plus rapide et de redonner une densité complexe et énigmatique à cette oeuvre qui joue sur les variations sentimentales de la nature humaine. A recommander aux amateurs de romanesque.


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