Ricky ou le retour de l’enfant prodige
Ricky est un blond aux yeux bleus. Un peu normal, c’est un bébé. Mais ô surprise, il n’est pas comme les autres : il a un plus bigrement intéressant de prime abord : des ailes de séraphin lui poussent dans le dos ! Si avec tout ça il ne suscite pas un rush dans les salles, il y de quoi se mordre les bobines...
Rien n’est plus périlleux de parler d’un film dont on n’a vu que quelques extraits et dont les médias ont fait des commentaires plus ou moins élogieux. Je ne m’y risquerai donc pas. Seul le thème abordé ici, celui de la différence, retient mon attention et suscite quelques réflexions personnelles.
Ce film de François Ozon met donc en scène un gamin "pas comme les autres", dont on a l’avantage d’admirer les couches culottes (côté échappement) au cours de ses escapades aériennes. Ce gosse-mouche, qui va butiner sur les rayons du haut des supermarchés, va susciter l’étonnement puis les interrogations de ses parents, donnant l’occasion je l’espère à Alexandra Lamy de sortir comme elle le souhaite des rôles de rigolotes et de donner dans le "dramatique" (dit-elle), afin de se débarrasser de l’étiquette de comique qui lui colle à la peau. Espérons qu’elle nous fasse oublier quelques prestations beaufesques qu’elle fit en compagnie de son compère Dujardin...
Ricky iest donc un monstre, au sens de celui qui est voué à être montré : avec fierté par ses géniteurs si sa monstruosité est jugée "positive", ou par d’autres, si c’est un "phénomène de foire" affligé de particularités dévalorisantes... Qu’importe le flacon...
Le monstre cristallise notre intérêt pour la différence, dont les deux comportements qui peuvent en découler -attraction ou répulsion- sont les deux faces d’une même fascination.
La naissance est l’événement idéal pour introduire la nouveauté, l’inattendu. Heureuse ou malheureuse recombinaison de gènes parentaux, avec parfois des nouveautés dramatiques induites par des mutations ou des erreurs de dispatching génique, la venue d’un bébé est attendue avec un mélange de curiosité et d’inquiétude.
Mais ici, contrairement aux monstres diaboliques de "Rosemary’s baby" ou de "Possession", le jeune Ricky est une sorte de gentil angelot, surdoué du déplacement. De quoi rendre ses parents fiers, mais aussi modestes, eux qui ne savent pas voler. De quoi plaire aussi au jeune public. Toujours bon à prendre...
Que les cinéphiles à la culture étendue aient la gentillesse de me rappeler le titre de ce film qui raconte l’histoire d’une société où les gosses font la loi. C’est un créneau très porteur, ça, l’enfant-roi. Il faut dire que la réalité en ce domaine dépasse parfois la fiction !
Le film va sortir à l’orée du printemps, période de procréation, dans un contexte de regain de natalité et dans une société qui adule les enfants (mais les maltraite aussi).
Je lui souhaite un franc succès même si j’ai des réticences à aller le voir, car j’espère que le marmot dont on a piqué l’image une fois devenu grand, réclame sa part de gâteau, avec en plus des dommages et intérêts.
Christine Boutin, j’en suis sûr, ira le voir.
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