Rocky : juste une mise aux poings...
Pour être franc, je m’attendais à ce que le « Rocky Balboa » interprêté, écrit et réalisé par un Stallone sexagénaire enterre définitivement dans le ridicule une saga qui avait pourtant bien commencé... Surprise : s’il n’est pas le film du siècle, « Rocky Balboa » n’est pas non plus un nanar honteux.

Ce qui est le plus important dans la vie, ce n’est pas de donner des coups, c’est de savoir les encaisser ! Ségolène Royal ? Non, Sylvester Stallone, alias Rocky Balboa.
Pour être franc, la nouvelle sur Allociné m’a fait penser à un bon gag : Sylvester Stallone s’apprête à tourner un Rocky VI. J’ai revérifié la date : non, ce n’était pas le premier avril. Pourtant, le dernier épisode de la saga Rocky remontait à... 17 ans. Deuxième gag : Stallone mis KO par son adversaire. Il faut dire que Sly a dorénavant 60 ans et que son adversaire dans le film est interprété par Antonio Tarver, un authentique boxeur professionnel. Alors, naturellement, de ce film, on attend la même issue que de la sortie du match de boxe final : que ce soit une boucherie, digne de faire le bonheur du site nanarland, (qui a d’ailleurs consacré une fiche à l’acteur, c’est bien la moindre des choses vu le niveau de Cobra et des Rambo 3 et Rocky 4 qui ont complétement torpillé des sagas dont les premiers opus étaient loin d’être aussi crétins que les suites).
Mais après plusieurs bonnes critiques (et aussi parce qu’en attendant le prochain Lynch, les sorties ciné, c’est plutôt le calme plat ces temps-ci...), je suis finalement allé voir ce combat de la dernière chance...
Et soyons honnête : Rocky Balboa n’est pas le nanar honteux auquel je m’attendais au vu de l’annonce sur Allociné. Ce n’est pas non plus le meilleur film consacré au noble art, loin du niveau de Raging Bull, Million dollar Baby et... Rocky, le premier, qui est, je le rappelle, l’histoire d’un boxeur de troisième catégorie, issu des milieux modestes de Philadelphie, à qui le destin jette un coquin de sort en lui offrant un combat face au champion du monde en titre. Avec sa seule hargne, la confiance de son pote Paulie et de la timide Adrian, Rocky va, à la surprise des observateurs, tenir tête au champion jusqu’au dernier round et une défaite aux points. Le plus étonnant, c’est le mimétisme qu’il y avait entre le Sly de l’époque et son personnage : loin des strass hollywoodiens, Stallone n’est en 1976 qu’un acteur de troisième catégorie, qui rêve d’un grand rôle, entre figuration chez Woody Allen (tout de même...) et film pornographique (des exploitants peu scrupuleux ressortiront un de ses premiers rôles sous le titre L’étalon italien, surfant sur le succès des aventures de Rocky qui utilise ce pseudo). Il écrit le scénario du premier Rocky et après plusieurs refus obtiendra enfin l’adaptation sur grand écran. Le film remporte un immense succès populaire et gagne notamment l’Oscar du meilleur scénario. Pas mal pour un acteur atteint de paralysie faciale et qui, au collège, fut désigné comme étant celui "ayant le plus de chance de finir sur la chaise électrique". Le problème, c’est qu’à l’image de son personnage, Stallone se laissera de plus en plus griser par un succès supposé facile et des producteurs guère délicats.
Ainsi, si Rambo (1983) reste un film plus sérieux et désabusé qu’on ne le croit sur les difficultés de la réinsertion des vétérans du Vietnam, le reste des deux sagas surexploitées jusqu’à la corde va donner lieu à des opus décrédibilisant de plus en plus Sly, lequel déclarera notamment être persuadé "de pouvoir adapter l’annuaire téléphonique et d’en faire un carton au box-office". Mais la saga Rocky reste intéressante de par le mimétisme entre l’acteur et son personnage. Ainsi, le troisième opus montre un Rocky embourgeoisé n’acceptant que la facilité... comme l’acteur, en fait. Après un quatrième opus grand-guignolesque où Rocky gagne la guerre froide face à un boxeur soviétique méchant (pléonasme) et testostéroné (re-pléonasme), le cinquième volet était supposé réhabiliter la saga, mais il a plus enterré la légende qu’autre chose.
Bon, et qu’en est-il du dernier opus, alors ? Eh bien, pour être sincère, ça fait de la peine de voir Sly remettre un costume (veste et chapeau en cuir) qui le boudine un peu avec le poids des ans. Et il faut admettre que Sly aurait dû retirer les gants de boxe pour écrire les séquences "émotion", vu qu’en deux répliques, trois mouvements, Rocky drague, se réconcilie avec son fils et récupère une licence professionnelle... Seulement voilà, il reste ce qui fait l’intérêt de la saga : le parallèle entre l’acteur et le boxeur et l’amour sincère que Stallone porte au noble art. Ainsi, on comprend très vite que quand Rocky essaye d’expliquer pourquoi il fait ça à 50 ans passés (Sly se rajeunit dans le film, on comprend aisément pourquoi...), c’est Stallone qui explique au spectateur pourquoi il a lancé ce pari fou d’un énième Rocky (alors que dans Copland, il avait démontré qu’il pouvait se reconvertir avec talent dans le registre dramatique). Ce dernier match de Rocky doit être une manière de passer le témoin, de mettre un point final un peu plus respectueux à la saga, du moins plus digne du premier épisode que les précédents volets. Et si les opus précédents avaient pour but de payer les factures d’électricité, dans ce sixième opus, Sly a retrouvé le feu sacré et des motivations autres qu’alimentaires. Dans le match final, le boxeur comme l’acteur donnent l’air de prendre littéralement leur pied, faisant oublier un début de film un peu poussif.
Dans le générique de fin, Sly n’hésite d’ailleurs pas à montrer plusieurs individus s’amusant, sur les marches de Philadelphie, à reproduire la scène culte du premier opus (où Stallone s’entraîne en grimpant les marches quatre à quatre avant de se retourner pour brandir un poing rageur...). Et si c’était ça, le bonheur d’un acteur ?
Bref, Rocky Balboa est certes un peu maladroit mais l’acteur et son pote Burt Young (Paulie, le seul à avoir traversé les six épisodes, Adrian étant malheureusement décédée) ont mieux supporté l’épreuve du temps que les Bronzés. J’espère juste qu’après cette réhabilitation en partie réussie, Stallone ne va pas retomber à nouveau dans le n’importe quoi avec un Rambo IV là aussi assez surréaliste à première vue !
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