Romain Gary ou une vie de romans
J’ai lu « Clair de femme » au clair de lune en une nuit seulement. C’est douloureusement écrit amoureusement. Yannick et Michel s’aiment d’un amour pur et inaltérable, malheureusement Yannick est condamnée à perpétuité par une maladie assassine.

Les mots, les "maux" sont fiévreux d’un amour fusionnel qui se veut immortel. Romain Gary nous livre l’une des plus fascinantes apologies du couple avec la cultissime phrase "Si je ne t’avais pas connu j’aurais passé ma vie à te haïr".
Le cantique sirupeux traverse dans un écho les 178 pages et demie... Certaines personnes ont besoin d’une moitié pour exister en entier n’est-ce pas ? On ne peut que jalouser cette prose rose greffée à ce désir anti-âge. Un vrai filtre d’amour qui réveillerait la Belle au Bois Dormant, mais Yannick courageuse et confiante, préfère sombrer dans le sommeil le plus profond en solitaire. Exhortant ainsi l’homme de sa vie à en aimer une autre... Trouver l’oubli dans l’amour, et affranchir leur histoire au-delà de la mort.
Clair de femme est un cri d’angoisse de l’auteur au crépuscule de sa jeunesse, la fin d’une époque qui se niche dans la chevelure argentée de la jolie Lydie, dont les années se lisent sur le visage. Mais Gary le caméléon transcende le temps qui aliène.
Je n’ai pu m’empêcher de penser à Jean Seberg, l’ex-femme de l’auteur, qui s’est suicidée. Dans la lettre qu’il a laissé avant de décider de s’envoler à son tour un an plus tard, Romain Gary écrit aucun rapport avec Jean. Certains personnages en détresse sont hallucinants d’optimisme : ainsi Senior Galba, en mal de solitude s’accroche à son caniche rose, seul vestige de sa femme qui l’a quitté.
Un peu à la manière d’un testament, Clair de femmes est l’avant-dernier livre de l’auteur de La Promesse de l’aube qui avait La Vie devant soi avec Les Racines du ciel, unique lauréat du double prix Goncourt grâce à son imposture sous le pseudonyme d’Emile Ajar. Romain a eu une vie de roman comme le lui a prédit sa mère : commandant de la Légion d’honneur, consul général de France à Los Angeles, et écrivain aux nébuleux pseudonymes Gary, Ajar (qui est la traduction respective de brûle, et braise en russe) Shatan Bogat et Sinibaldi en hommage à Garibaldi.
En refermant l’un des Romain d’amour de Roman, on n’a qu’une fidèle envie de tomber amoureux et écrire des rimes d’amour toujours cahin caha, un cahier un regard et une plume qui nous donnerait des ailes...
Clair de femme à lire ou à relire !
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