Sapiens, artiste libre !
Quand on rentre chez lui, près de Châteaubriand dans une construction collective solidaire où vivent plusieurs personnes ou familles, on a l'impression de naviguer dans un musée de peintures. Les dessins, toiles, réalisations diverses comme les scupltures en papier maché sont partout, sur les murs, sur les sièges.
Le lieu est chaleureux .
Comme il l'explique dans la présentation qu'il fait de lui sur son site https://www.peinturesapiens.com/blank-1 il a commencé à dessiner très tôt, dès son enfance.
Je regorge de ses trésors d'enfants qu'il a laissés dans un grand classeur.
C'est fin 80 quand il a suivi ses parents de la Mayenne pour rejoindre son département de naissance, la Seine et Marne, qu'il a découvert le mouvement punk.
J'ai quelques souvenirs de cette période, quand il était au lycée Henri Moissan de Meaux où étudiaient près de 2000 élèves.
Un jour, un ami m'a dit : « Comme cela ton fils est à Moissan, le mien y est aussi, ils ne doivent pas se connaître, c'est si grand ! ».
Ma réponse a fusé tout de suite : « Mais si , détrompe pas, mon fils a une crête bleue ou jaune et c'est la seule de l'établissement. Le tien le voit tous les jours ! »
Ah !?
Si les choix de Philippe m'inquiétaient parfois car il risquait de se retrouver dans une bagarre, il a pris une direction que sa mère et moi avons respectée.
Punk, ce n'est pas une rente de situation, surtout quand on habite dans la cité de Beauval où j'entendais souvent derrière nous des caquètements provenant de jeunes de quartiers.
A chaque fois je marrêtais pour signifier aux jeunes que c'était son choix qu'il fallait respecter.
J'ai beaucoup de souvenirs de cette époque là comme le jour où lui et ses amis se sont fait agresser par des « blacks ».
Craignant que ses amis punks se vengent, je lui ai demandé de provoquer une rencontre entre le chef de la bande qui l'avais agressé et moi-même.
La discussion a été aimable, je suis allé confiant mais un peu inquiet, je n'ai aucun sport de combat à mon actif et mon interlocuteur dépassait le 1m 90 ….
Tout s'est bien déroulé, j'ai caché ma crainte et la paix a été « signée ».
Ouf ! J'ai eu peur mais j'ai masqué mes craintes !
Philippe devenu Sapiens a pris son élan, il a passé son CAP de staffeur puis est devenu animateur à Bonneuil dans le Val de Marne.
Ils ont été deux punks, lui et un de ses camarades, dessinateurs tous les deux à se faire embaucher.
Deux punks dans une mairie communiste, cela ne passe pas inaperçu.
Sapiens a dessiné, peint aussi et après quelques années d'animation, il a squatté avec ses amis plusieurs espaces, des maisons totalement abandonnées comme celle de Vitry sur Seine ou le squat du 13 ème.
Ce qui es étonnant chez ces punks que j'ai fréquentés c'est leur sens de la décoration et leur convivialité.
Chaque squat était comme un musée, lieu de concert où l'on vivait dans une contre culture avec des règles libertaires de respect de l'environnement.
Ils invitaient même leurs voisins !
Sapiens n'a pas arrêté de dessiner, de créer.
Il a produit des fanzines et même une BD tout en couleurs et muette qu'il a diffusée avec ses réseaux dans de nombreux pays européens notamment.
Sapiens expose régulièrement, il a même droit à des articles sur Ouest France.
Il a réalisé plusieurs couvertures de livres comme celle de la philosophie du punk.
Plusieurs de ses dessins se trouvent sur Agoravox.
Il suit sa voie artistique et vit pleinement son art !
Jean-François Chalot
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