« Sarah Bernhardt » L’Impératrice du Théâtre en immersion percutante au Palais-Royal
« ou L’extraordinaire destinée de Sarah Bernhardt »
Selon une triangulaire féminine vertueuse, Sarah Bernhardt apparaît à l’affiche parisienne solidement arrimée entre Géraldine Martineau l’auteure metteuse en scène & Estelle Meyer l’Artiste interprète selon une perspective collective ne rassemblant qu’une seule entité créatrice à la tête du Biopic lui étant dédié au Palais-Royal, de surcroît sous les auspices de Sébastien Azzopardi co-directeur de ce Théâtre sorti de sa réserve médiatique en annonçant qu’il est lui-même descendant en ligne directe de la légendaire comédienne.
Le trio activiste aura pour ligne de conduite moins d’en faire triompher le fabuleux personnage charismatique évoluant au tournant des 19ème & 20ème siècles mais plutôt d’en reconstituer l’essence pour l’incarner en synergie avec notre monde contemporain.
Pour atteindre cet objectif existentiel nul besoin, par exemple, d’en imiter ses célèbres intonations caverneuses jusqu’à les caricaturer par des effets spéciaux de sonorisation qui, précisément, n’existaient point en ces temps-là mais tout au contraire de s’en abstraire car, de toute évidence aujourd’hui, personne, y compris à n’en pas douter Sarah Bernhardt elle-même, ne se sentirait dans l’obligation de jouer sur scène avec une telle voix déclamatoire.
Aussi prenant quasiment le contre-pied du cliché acoustique fallacieux, la metteuse en scène va utiliser la superbe voix d’Estelle Meyer pour la faire chanter et même composer des intermèdes ô combien illustratifs du comportement innovant et volontariste de La Divine mais qui, donc, elle-même ne s’était jamais adonnée aux vocalises.
Et pour autant, aucune provocation ne procède de cette démarche scénographique mais c’est bel et bien le désir de faire partager une admiration sans borne face à l’audace, à l’énergie et à la détermination cherchant sans relâche tous les partis pris possibles afin d’en tester les potentialités et ainsi franchir l’ensemble des obstacles objectifs ou supposés tels rencontrés par l’Artiste se hissant sur les sommets d’un show déjà « business » versus le reste du Monde, accompagné de sa fameuse devise « Quand même ».
C’est par le prisme de l’imaginaire que Géraldine Martineau perçoit la figure de proue emblématique des combats universels globalement menés au nom de l’émancipation, sans pour autant idéaliser l’icône qu’elle souhaiterait, au contraire, humaniser dans toutes ses composantes.
Ainsi la dimension familiale caractérisant la carrière de Sarah Bernhardt pourra-t-elle servir notamment à en illustrer les facettes complexes, contradictoires et hypersensibles en prise avec les comportements d’interdépendance à charge et à décharge.
Par exemple, sans porter le moindre jugement de valeurs, ses relations avec sa sœur, son fils, sa coach et d'autres proches sont présentées « brut de décoffrage » de telle façon que le spectateur reste libre d’en évaluer éventuellement les torts et raisons de chacun.
L’ensemble factuel nous est proposé comme un canevas poétique, décalé, baroque voire peut-être monstrueux mais où, de fait, l’indifférence n’aurait guère sa place attitrée.
Nous assistons à une marche en avant quelquefois forcée par le destin, dans d’autres cas, suggérée par la médiocrité environnante mais où jamais le renoncement ne pourrait être convoqué en tant que partenaire du défi combattant précisément les forces inhibitrices et toxiques.
Ainsi, lorsqu’il s’agira de décider l’amputation d’une de ses jambes, c’est de fait un sentiment positif qui présidera à ce choix essentiel que l’artiste assumera par la suite dans toutes ses conséquences sans jamais y trouver une quelconque cause à limiter ses activités physiques.
Dans cette démarche d’adaptation permanente à l’ensemble des modalités contingentes, tout choix ne résultera que de l’unique ambition de le réaliser quels que soient les efforts requis.
S’entourant d’animaux sauvages au sein de l’espace domestique tels que crocodile, lion ou singe etc..., point question de s’interroger sur les éventuels inconvénients liés à ces présences inaccoutumées et, par ailleurs, pas davantage de réserves pour son addiction à se reposer fréquemment dans un cercueil.
Alors pareillement, Estelle Meyer & ses partenaires de jeu se soumettront à une discipline radicale liée aux recommandations de la réalisatrice afin de transgresser toute tentation d’auto-censure malvenue.
Ensemble les huit comédiens et deux musiciens auront activement participé à l’élaboration de leurs rôles concernant pas moins de 35 personnages à animer.
La direction d’acteurs a éminemment tenu compte de leurs perceptions. La composition est multi-factorielle mettant en accord la sensibilité et l’empathie des interprètes avec la dynamique accompagnant la performance magnétique secrétée autour du « monstre sacré ».
Se voulant authentique et jusqu’au-boutiste comme son modèle, Estelle Meyer est censée coordonner l’ensemble des pulsions et transferts, les siens et ceux de ses partenaires pour conduire chaque représentation à son apothéose, depuis la naissance dans l’anonymat jusqu’à l’enterrement XXL de la Diva.
Sur scène, l’enjeu est hors normes et doit le rester jusqu’à l’ultime baisser de rideau.
L’instant présent est seul maître à bord pour honorer un phare d’humanité à suivre et à poursuivre jusque dans les plus profondes implications du Tous pour Une !
photos 1 à 6 © Fabienne Rappeneau
photos 7 à 9 © Theothea.com
SARAH BERNHARDT « ou L’extraordinaire destinée de Sarah Bernhardt » - ***. Theothea.com - de & mise en scène Géraldine Martineau - avec Estelle Meyer, Marie-Christine Letort, Isabelle Gardien, Blanche Leleu, Priscilla Bescond, Adrien Melin, Sylvain Dieuaide, Antoine Cholet, Florence Hennequin et Florence Dollinger - Théâtre du Palais-Royal
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