« Scream 4 » est un cours de cinéma !

Dix ans se sont écoulés depuis les horribles massacres commis à Woodsboro par le tueur au masque blanc. Mais alors que Sidney Prescott y revient pour le lancement de son premier livre, il semblerait que Ghostface ait le désir de se joindre à la fête pour de nouveau terroriser les teenagers de la ville. Du sang, des larmes et des cris. Wes Craven, avec son 4e opus de Scream, reprend les ingrédients de sa fameuse saga parodique et horrifique en se payant même le luxe de réemployer les acteurs vétérans (Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette) de la formule initiale afin de contenter les fans. Bref, on reprend les mêmes et on recommence le jeu de massacre, jouant sur le principe de la répétition du même et de la variation autour d’un même thème : la peur.
Scream 4 de Wes Craven est un film artistiquement assez vain (une répétition en boucle des codes de l’horreur et des situations des films précédents) mais il n’est pas sociologiquement sans intérêt. Du 3 sur 5 pour moi. Craven, vieux de la vieille du cinéma d’horreur, est un malin qui saisit l’air du temps. Déjà, avec son premier Scream (1996), il réalisait un film référentiel ludique qui démontait de l’intérieur la mécanique de l’horreur au cinéma. Nourri par les canons du genre (Psychose, Le Voyeur, L’Etrangleur de Boston, Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Freddy…), son film anthologique partait de la représentation des peurs primales en peinture (cf. le fameux masque de Ghostface en référence au Cri de Munch, 1893) et surtout au ciné pour mieux rire de nous-mêmes : des spectateurs voyeurs à tendance sadomasochiste que nous sommes - « Dans notre inconscient, chacun de nous tue et viole » (Freud). Et, dans Scream 4, le bougre en remet une couche ! Non seulement il ironise sur le film d’horreur - son regard postmoderne sur le genre fait feu de tout bois -, mais, en plus de ce méta-cinéma, Wes absorbe le tout-à-l'image actuel. Dans une mise en abyme vertigineuse, son film autoréflexif se nourrit des classiques du passé, dont les siens (
Craven, en vieux sage, met donc en garde. On se souvient alors d’un propos de son confrère Joe Dante (« Si vous voulez savoir ce qui se passe dans un pays à n’importe quel moment, regardez ses films d’horreur. »*) et on se dit que c’est vrai. Face à cette monstruosité de « l’image anesthésiante », on comprend alors mieux la geste revival de certains jeunes cinéastes (Alexandre Aja, Neil Marshall, Christopher Smith…) cherchant à revenir à un âge classique où l’horreur montrée faisait vraiment peur et non pas rire avec cynisme ; on flippe vraiment devant The Descent (2005) ou
* Cité par Bill Krohn, in Bush et les zombies, Cahiers du cinéma n°609, février 2006, page 25.
** Contraction de gore et de pornographie de l'image.
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