Devinette : quel musicien encore vivant peut se vanter d’avoir influencé tous les genres : le rock avec les Beatles et les Rolling Stones, le jazz (avec Coltrane, Grappelli) ou encore le classique avec Yehudi Menuhin qui a dit de lui : « Pour moi, son génie et son humanité sont seulement comparables à ceux de Mozart » ? Si vous ne voyez pas, voici un autre indice : il est le père de la chanteuse Norah Jones.
Ce musicien humaniste et cultivé au curriculum impressionnant est considéré comme le père du genre "musique du monde". Il enseigna l’art de son instrument à George Harrison qui en joua sur le morceau "Norvegian Woods" de son groupe : les Beatles ! Ainsi qu’à Brian Jones, le guitariste des Rolling Stones qui l’utilisa sur "Painting black".
Il inspira le grand saxophoniste John Coltrane au point que celui nomma son fils Ravi, lequel est devenu saxophoniste de jazz comme son père et pas joueur de sitar ! (Ravi Coltrane)
Il s’agit bien sûr de Ravi Shankar qui va fêter ses 90 ans le 7 avril prochain.
Le maître donnera une leçon de musique sur Arte lundi 29 mars à 22 h 30. Il s’agit d’une prestation de septembre 2008 à la salle Pleyel. Au cours de cette soirée, le maître ne jouera pas une seule fois du sitar mais fera jouer les jeunes instrumentistes qui sont autour de lui, dont sa fille Anoushka Shankar qui joue aussi du sitar et qui n’est autre que la demi-sœur de la chanteuse de jazz à succès Norah Jones
Pour qui ne connaît pas encore le sitar, rappelons que cet instrument indien n’est pas la cithare.
Cet article ne se voulant pas docte mais une simple invitation à découvrir davantage Ravi Shankar et le rôle important de son enseignement, je vous laisse avec des vidéos musicales. Bonne écoute !
Le sitar hero George Harrison : "Norvegian woods" des Beatles :
Le sitar hero Brian Jones : "Paint it black" des Rolling Stones :
Comme on le voit sur cette vidéo avec Brian Jones (le blond), le sitar se joue assis parterre en tailleur. Ce n’est pas comme la guitare !
Ravi Shankar et Yehudi Menuhin (le son seulement) :
Le sitar et la cithare sont en effet deux instruments à cordes fort différents l’un de l’autre, le sitar étant avant tout un luth.
Une confusion qui est pourtant souvent entretenue avec l’extraordinaire thème d’Anton Karas dans « Le troisième homme ». Ce thème, contrairement à ce qui est dit et écrit ici et là, est joué sur une cithare autrichienne.
Pour ce qui est de Rhavi Shankar, c’est assurément un grand bonhomme que l’on prend plaisir à écouter de loin en loin : dommage en effet que ses oeuvres soient aussi ennuyeuses dans la durée ! (Avis très personnel)
Sa musique se prête bien à l’illustration de scènes de films. Je partage ton avis sur la longueur des morceaux et les répétitions des thèmes. Il y a aussi que l’oreille occidentale n’est pas habituée à ces lenteurs et à ces longueurs. Ou alors, pour certains avec une petite fumette...
Oui Rocla, une extraordinaire simplicité. C’est pourquoi j’ai aussitôt regretté d’avoir commencé mon article par « quel musicien encore vivant peut se vanter d’avoir influencé tous les genres », une expression trop générale pour introduire le bonhomme. Se vanter est aux antipodes du personnage.
à Philou07 : vous parlez de swing. Télérama aussi : « Divinement apaisées, les musiques se laissent progressivement prendre par le swing, le tumulte, la passion. » Le musicien introduit effectivement un peu de swing dans son jeu mais ce n’est pas son style de prédilection.
Merci d’avoir fait un article sur cet immense musicien.
On ne peut pas parler de l’influence qu’a eu Ravi Shankar sur la musique sans mentionner John Mc Laughlin, qui est un des plus grands guitaristes, et l’un des plus inventifs , et qui a été fortement influencé par lui, en particulier dans son expérience avec le groupe Shakti :
J’ai eu un jour la joie de voir un concert de Ravi Shankar à Rouen, c’était magique, cette communion avec l’univers que l’on ressent en l’écoutant. J’ai acheté de nombreux disques de lui, on ne s’en lasse jamais.
Dans les musiciens indiens, à noter aussi l’intérêt de la guitare slide jouée à l’indienne , comme par exemple Vishwa Mohan Batt, ici avec Ry Cooder :
Soulignons l’incroyable richesse rythmique de la musique indienne en général et donc de celle de Ravi Shankar . Aucune musique au monde n’ a atteint ce degré de subtilité rythmique . Pour en avoir un aperçu, un petit coup de Zakir Hussain, un de mes musiciens préférés :
Docdory, merci pour ces liens. Ravi Shankar a influencé la musique occidentale ou d’autres fois l’a simplement inspirée (on ne peut pas dire, par exemple, que les Stones aient été influencés).
Je m’y connais moins que vous en musique indienne mais je me suis dit qu’il était intéressant de faire découvrir ce musicien à ceux qui ne le connaissent pas encore.
Chouette article sur un musicien de génie qui inspire toujours nos coeurs et nos esprits. Merci également pour cette vidéo de Norvegian Wood, où l’on revoit avec bonheur le si regretté George Harrison. Le voici d’ailleurs prenant une leçon de sitar avec le grand Ravi. Par contre je n’ai jamais été très Rolling Stones, même s’ils onot toujours fait de la très bonne musique, et d’ailleurs, je croyais que Brian Jones était plutôt tourné vers la musique marocaine ?
Shankar est bien sympa, mais il a de la chance d’être passé à la postérité grâce aux pop célébrités de l’époque. Bon mais tout ça ne vaut pas celui là ou celle là
Ravi Shankar est passé à la postérité avant de côtoyer les pop stars des années 60. Dès 1944, il compose une chanson qui sera la plus célèbre juste après l’hymne national indien. Il fait des tournées triomphales à l’Etranger (URSS, Amérique, Europe) dès les années 50. Il compose aussi des musiques pour le cinéma indien et international. Il rencontre Menuhin et John Coltrane AVANT les Stones et les Beatles.
Pour qui est de dire ce qui vaut le plus entre Shankar et Clapton, ne jugeons pas sur nos seuls critères occidentaux.
La musique , qu’elle soit occidentale ou indienne ou n’importe quelle autre , comporte deux sortes d’accessibilité
1°) Celle de l’instrumentiste et du théoricien de la musique.
Dans ce cas , effectivement , la musique indienne , comme le violon ou le piano classique, doit être travaillé depuis l’âge de 5 ans et pendant toute sa vie pour prétendre la connaître.
2°) Celle de l’auditeur .
Nul n’est besoin de savoir le solfège ou la théorie musicale pour apprécier la musique de Jean Sébastien Bach, Ravi Shakar , Django Reinhardt , Ahmad Djamal ou qui que ce soit d’autre.
Néanmoins ,si l’on apprécie la musique indienne en tant qu’auditeur, ce qui est accessible à tous, , on peut parfaitement essayer de saisir les éléments de base de sa rythmique en regardant des vidéos didactiques gratuites maintenant disponibles sur internet :
Evidemment , il ne s’agit que de vidéos pour « débutants » mais ça permet d’avoir une idée sommaire des bases les plus simples de la rythmique indienne, et d’écouter cette musique moins passivement .
Il y a aussi des leçons sur internet pour connaître les modes de base de la musique indienne, il suffit de chercher .
Je crois que Mac Laughlin a étudié la musique indienne pendant de très nombreuses années , et qu’il en a une connaissance approfondie, même si ce qu’il joue dans Shakti dans les premières versions de ce groupe est beaucoup moins subtil que ce qu’il fait dans sa formation i remember Shakti ( que j’ai vu également en concert à Rouen ) .
Cela dit, c’est un musicien respecté par de nombreux maîtres de la musique indienne, sinon des génies comme Zakir Hussain ne s’amuseraient pas à jouer avec lui .
S’il est très difficile à l’auditeur moyen de comprendre la musique, il est très facile à tous de ressentir de l’émotion ou du plaisir en l’écoutant.
Même si je ne comprend strictement rien aux règles rythmiques de la musique indienne, et que je suis dans l’incapacité de savoir quel type de raga est joué, cela ne m’empêche pas de ressentir des émotions en l’écoutant , voir d’essayer de fredonner ce que j’entends.
Il faut savoir que, si la rythmique indienne est particulièrement déroutante pour un musicien occidental, le concept de gamme tempérée, qui est familier à toutes les oreilles occidentales, est particulièrement déroutant pour les musiciens de musique traditionnelles qui utilisent des modes de gammes naturelles non tempérées . Mais la majeure partie des occidentaux qui écoutent des musiques occidentales n’ont pas la moindre idée de ce qu’est réellement une gamme tempérée ( il en est probablement de même pour la plupart des musiciens professionnels ! )
@docdory je suis d’accords que s’il y a quelque chose d’universel dans la musique c’est l’émotion et que toute personne ouverte d’esprit qui est prèt à écouter cette musique indienne va y trouver quelque chose qui va aller les chercher.
J’ai toujours trouvé amusant les personnes qui pensent qu’à moin que t’ailles une compréhension à haut nivau, que tu n’y comprennes rien. Même pour apprendre le piano, que j’ai appris à ce lien dans cette phrase, je l’ai appris sans grande connaissance, et ca ne fait pas de moi un nul de piano qui n’y comprends rien de la musique.