Sonata Arctica : Les fonctionnaires du métal
Mercredi 19 novembre, au Garage à Saarbrücken, a eu lieu le grand retour des Finlandais de Sonata Arctica.
Ils ont été précédés de deux premières parties : Vanishing Point et Pagan’s Mind.
Sur les coups de 19h30, les premiers entament leur set sur une scène pleine à craquer de matériel. Ils enchaînent des titres somme toute assez semblables, très « power métal » ni désagréables, ni originaux. Leur guitariste leader s’applique sur ses solos, fait coucou au public – comme le chanteur d’ailleurs – et tout se passe relativement bien, le son étant correctement réglé.

Après un quart d’heure de démontage-remontage de la scène, arrivent les norvégiens de Pagan’s Mind, venus présenter leur nouvel album. La musique se fait déjà bien plus lourde, et, ma foi, bien plus insupportable. Le batteur et le bassiste – à 6 cordes – s’empressent de pilonner le terrain, et il faut bien avouer que l’on s’ennuie ferme. Sûrs de leurs quatre opus déjà parus, ils appliquent la même recette à toutes les chansons, alors que le chanteur peu charismatique tente d’haranguer la foule. Celle-ci répond mollement, lève les bras, applaudit par politesse. Une fois le massacre terminé, Pagan’s Mind déblaie la scène et l’on retrouve enfin, après un temps conséquent, Sonata Arctica.
Le show de la tête d’affiche commence fort, mais avec un son brouillon. Ils enchaînent plusieurs titres de leur dernier album Unia, qui m’était également apparu bien fade sur cd. La scène ne me les a pas révélés sous un autre jour. D’un avis général, Sonata Arctica, voulant se renouveler, semble plus gâter les beaux fruits de sa jeunesse et pondre des albums quelconques, que véritablement faire figure de groupe innovant incontestable. Ce démarrage poussif est encore accentué par un éclairage loin d’être des plus judicieux, mais on comprendra par la suite qu’il était prévu, compte tenu de la présence des photographes.
Le groupe lui-même semble ailleurs, assez mécanique, et ce n’est pas leur nouveau guitariste Elias Viljanen, venu remplacer le diablotin Jani Liimatainen - évincé du groupe après un service militaire non effectué - qui a su prouver le contraire.
Pour les avoir vus au même endroit et pratiquement le même jour il y a un an de cela, alors qu’Elias faisait ses débuts, je constate que la prestation de ce dernier, que j’avais jugé timide du fait de son entrée dans le groupe, se révèle être la nature-même du guitariste. Certes, le bonhomme a des qualités, excellent joueur de guitare, et véritable icône des « guitar heroes » types, mais il n’a malheureusement aucune originalité. Et sûrement pas la folie de son prédécesseur. Là où ce dernier faisait le show à lui tout seul - courant, dansant, accompagnant des soli de génie de rictus des plus hilarants -, Elias se contente de lever sa guitare, de prendre la pause comme s’il était en séance photo et, de temps à autre, de lever un poing faussement rageur vers la foule.
Henrik Klingenberg, claviériste de son état, et deuxième homme fort du groupe derrière le charismatique chanteur Tony Kakko, ne s’en donne pas vraiment à cœur joie. Il effectue le boulot qu’on lui demande, avec toujours le brio et la classe qui le caractérisent, mais sans excès.
Marko Paasikoski, quant à lui, reste le bassiste qu’il a toujours été. Fidèle à lui-même, il semble aussi dépressif que depuis des années, se demandant encore –tout comme le public- ce qu’il fait sur scène.
Tommy Portimo reste la valeur sûre du groupe : réglé comme un métronome – parfois trop – il enchaîne les compos comme le fantôme d’arrière-salle qu’il est : discret, mais d’une efficacité redoutable.
Le son est maintenant douloureusement puissant, aux aigus à la limite du supportable. On assiste, après un détour par l’album Ecliptica, au solo d’Elias, digne d’un vrai shredder de salon, visible sur youtube ou dailymotion !
Plaisanterie mise à part, on assiste, médusé, à la mise à mort de la si jolie ballade Gravenimage, jouée avec une force et un matraquage voix-batterie ahurissants. Je ne suis pas contre – loin de là – l’improvisation, l’originalité, les décalages, mais là, trop c’est trop ! Ajoutons à cela un Fullmoon joué sur un tempo de papi, et un final expédié en faisant le décompte des chansons restantes…
Ce concert me laisse un goût amer. De plus, pour avoir vu ce groupe deux fois déjà par le passé, je me suis rendu compte de son manque d’évolution sur scène, et notamment dans les répliques et jeux avec le public. Certes, le passage de la « batterie humaine » où Tony divise le public en trois est très drôle, mais très « déjà vu ».
Au final, Sonata Arctica a livré une prestation sérieuse, carrée – à la note près, ce sont les chansons que l’on peut entendre sur les albums – mais dénuée d’âme et d’originalité. Leurs morceaux sont passés d’un « speed métal » alléchant à un « métal quelconque » et faussement raffiné, ne se distinguant plus vraiment de la masse que comporte le style.
Gageons qu’ils sauront se reprendre et repartir dans une veine plus joyeuse et plus attrayante pour leur prochain album et que leur nouveau guitariste saura se départir de sa panoplie du « parfait petit guitariste »…
TOUTES LES PHOTOS DU CONCERT ICI
Ugo Schimizzi (rédacteur de www.melting-actu.com )
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