Sophia Loren – la femme des superlatifs
(Napolitaine née à Rome, 1934 – ). Âgée de huit jours de plus que Brigitte Bardot, elle a des formes et surtout un talent dramatique nettement supérieurs à ceux de la susnommée. Dans le même film, par exemple Mariage à l’italienne (1964) qui s’inspire partiellement de son histoire, elle peut avoir l’air jeune, vieille, rayonnante, accablée de tristesse, mourante, dure, puis subitement assoiffée de tendresse. Dans Une journée particulière (1977), elle est sublime bien qu’elle soit fringuée comme un sac et qu’on lui ait fait le teint terreux pour endosser le rôle de l’épouse épuisée d’un macho fasciste.
Quand elle eut 16 ans, elle arriva deuxième au prix de Miss Italie, mais le jury fut si impressionné par sa sensualité et sa distinction qu’il créa pour elle le prix Miss Élégance.
Son visage semble sorti du crayon d’un créateur de bande dessinée. Cette femme est un exercice de style à elle seule. Ses yeux exceptionnels sont exactement des yeux de chatte, en amandes étirées et relevées ; ses pommettes puissantes dessinent une ombre du plus bel effet sur ses joues. Son nez aux narines bien dégagées et à la courbe gracieuse a quelque chose de volontaire. Et cette bouche à la lèvre inférieure si pulpeuse s’épanouissant en un large sourire (qui, d’ailleurs, ressemble à celui de Johnny Hallyday), tout cela donne à son visage très mobile quelque chose de perpétuellement fascinant. Ses coiffures changeantes, du sauvage au très classique, conviennent toujours à sa physionomie et donnent la tonalité du rôle qu’elle joue sur le moment.
Quant à son corps, c’est du superlatif à tous les niveaux. Il se peut que Marilyn Monroe ait eu, à cet égard, plus de souplesse dans les formes. Sophia serait plutôt dans la caricature : poitrine volumineuse et ferme, taille très fine comme posée sur un arrière-train formidablement rond qui s’élargit sans transition sur des jambes longues, élégantes, à la démarche de navire. Carrossée comme elle l’est, Sophia pourrait être vulgaire, surtout quand elle joue le rôle d’une prostituée ; mais en réalité elle est et reste une reine, d’une majesté extraordinaire. Elle a tout en excès, elle aurait pu être une belle œuvre d’art sans autre attrait que ses volumes, mais sa capacité à passer du comique à la tragédie lui donne un charme qui la rend très humaine et, souvent, bouleversante. Rien de cela chez Anita Ekberg, montée comme elle, partenaire de Mastroianni comme elle, liée à l’Italie comme elle (à cause de La Dolce Vita), mais tout juste bonne à orner une calandre de camion.
Il existe une célèbre photo où Sophia Loren plonge un regard en coin dans ou plutôt sur le décolleté de Jayne Mansfield : elle dira avoir eu peur qu’un des seins de l’Américaine tombe dans son assiette. Sur les clichés de cette soirée, la distinction de l’Italienne tranche nettement sur la trivialité dépoitraillée de la pin-up yankee. Ces nanas de concours ont largement quitté nos souvenirs et même notre monde. Aujourd’hui, Sophia est une belle vieille dame, une magnifique actrice à qui il convenait de rendre hommage de son vivant.
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON