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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Tempête en sourdine au Salon du Livre de Paris

Tempête en sourdine au Salon du Livre de Paris

Comme le Journal le Monde en faisait état il y a peu, le conflit ne cesse de grandir entre une grande partie du milieu de l’Edition et les organisateurs du Salon du Livre de la Porte de Versailles à Paris. Ce format semblant en effet être devenu suranné (la fréquentation baisse régulièrement), le projet « Bateau Livre, livres et arts » était ainsi élaboré début 2009. Dans une démarche de proximité dans l’accés à la Culture, l’objectif est de resituer ce type de rencontres citoyennes au coeur même de la Cité. Toute une philosophie sous tend ce projet, loin de la mode « fashion » trés marquée à Paris et toujours inscrite dans la recherche du « festif ». La Culture mérite aussi de garder parfois toutes ses lettres de noblesse.
Face à une politique générale de fragmentation et cloisonnement marquant précisément le secteur Culturel, la nécessité d’un grand Salon Arts et Lettres s’impose peu à peu. Son initiateur recevait il y a peu un courrier personnel du directeur de Cabinet du Ministre de la Culture attestant d’une prise en compte au plus haut niveau.
Chacun semble désormais conscient de la spécificité de cette initiative, fort différente notamment du Festival « Paris en toute lettre ». La novation de « Bateau livre, livres et Arts » est précisément d’oser ce rapprochement structuré et méthodique de la Peinture et du Livre, à très grande échelle, au coeur même de la Cité. La culture n’est pas chasse gardée de la bobologie !

Paris, pour un nouveau carrefour des Arts et Lettres : « Bateau Livre… Livres et Arts ». Bientôt au cinéma ?

 Ma rencontre avec Guillaume Boucard, le concepteur du projet "Bateau Livre... Livres et Arts" s’est trouvée être une agréable surprise quant à l’initiative innovante de rapprocher des écrivains et des peintres, au coeur de la Cité, Paris en l’occurrence. Des galeries seront les lieux privilégiés de cet événement. Donc j’ai voulu en savoir un peu plus, surtout en ce qui concerne le projet cinématographique.

De nos jours, il n’est pas facile de médiatiser deux modes d’expressions artistiques qui peuvent sembler si différentes et à la fois si proches.
Avant de parler de ce socle "Arts et Lettres" du projet dans cette première étape, je souhaiterais évoquer avec lui son intérêt particulier pour une évolution en version filmée et scénarisée de cette manifestation. Même si cela n’est pas la base essentielle et actuelle de "Bateau Livre... Livres et Arts", il m’a semblé être bon de lui poser la question.
 
Guillaume Boucard s’est très largement investi dans ce projet qui permettra de relier et d’échanger dans tous les domaines de la Culture.
 
GB : "Je pense que le cinéma joue un rôle particulier depuis le siècle dernier dans la mémoire que garde la société de son évolution et de son histoire. Loin de contredire la société numérique naissante, le cinéma tendra au contraire à en constituer le socle (l’ère du clip pareillement), telle est l’éternelle modernité du cinéma. Au regard de l’aspect visuel et esthétique de l’art pictural, il est difficile de ne pas penser à un prolongement à l’écran".
 
MD : « En tant qu’initiateur de ce projet, quelles sont les motivations qui vous ont poussé à cette idée de mêler Ecriture et Peinture ? »
 
GB : « Ces deux modes d’expressions ont été jadis plus naturellement reliés. Je vois dans ce rapprochement, notamment un moyen de sortir notre société autant que notre époque d’une mentalité marquée par un fort cloisonnement, autant entre les arts et les cultures que les citoyens eux-mêmes, chose qui justifie mon souhait d’inscrire cet évènement au cœur même de la cité ».
 
MD : « Quelles ont été vos difficultés dans cette première étape du projet. »
 
GB : « J’ai précisément observé au début de la promotion de « Bateau Livre… Livres et Arts » une certaine surprise au contact de quelques galeristes, et pareillement au contact des premiers éditeurs, tout autant qu’un scepticisme initial. Mais rapidement et heureusement, j’ai ressenti une motivation nouvelle presque inespérée de la part de nombreuses galeries. Chacun comprenant aujourd’hui l’apport réciproque de ces deux langages. »
 
MD : « Pourtant il existe déjà un salon du livre à Paris et de nombreux vernissages, n’y aurait-il pas alors double emploi sur le principe ? »
 
GB : « Il y a un manque de discernement qualitatif dans ce genre de salon où tous les livres et les écrivains sont situés au même niveau. La Peinture reste un Art majeur. A contrario, la littérature est à notre époque souvent rabaissée et vulgarisée à l’excès. Je trouve qu’il y a maintenant une sorte d’uniformisation absurde. Outre la bonne volonté des éditeurs (qui m’ont tous réservé un accueil sympathique), l’évidence d’une certaine inégalité dans les publications est pour le moins flagrante. Force est de constater que ce supermarché annuel de La Porte de Versailles est hélas devenu une sorte de foire au voyeurisme des couvertures plus que du contenu, notamment avec des vedettes people s’improvisant écrivains sans vergogne ni exigences aucunes. Nous vivons dans une période de confusion marchande et je pense qu’il est grand temps de fédérer écrivains et artistes de manière différente. Ce nouvel évènement, sous son format proposé, correspond mieux à notre époque pour peu qu’il se répète, afin de remettre du Sens, de la Beauté dans les relations sociales. Plus largement, je vois dans la crise actuelle celle de l’isolement et de la marchandisation à outrance. Autant le Livre reçoit dans les médias un soutien massif, autant je regrette que la Peinture n’ait pas une reconnaissance équivalente. Le livre n’est pas seulement un objet commercial et souffre d’une médiatisation quelque peu excessive et confuse. Il gagnera dans ce rapprochement une nouvelle crédibilité, occasion pour la Peinture de bénéficier en parallèle d’un supplément d’accessibilité. Elle ne doit plus être considérée dans une approche élitiste, réservée à certains. L’Art est vivant. »
 
MD : « A quelle partie de votre personnalité avez-vous fait appel pour la mise en route de cet évènement ? »
 
GB : « Je suis habitué aux contacts avec les artistes et les écrivains. Ayant déjà tenté de monter un projet marqué du même état d’esprit, situé dans la même proximité (« Paris, ville-village… ») face à la création et la pensée, je rassemble à nouveau ici tout ce que j’aime faire. Relier (les Arts, les Citoyens…), promouvoir dans les médias (l’animateur radio se réveille-t-il en moi ! ), et faire se rencontrer mon action et ma philosophie de vie… »
 
MD : « L’investissement personnel est important. En attendez-vous un intérêt personnel également ? »
 
GB : « Paris, la capitale du pays du Siècle des Lumières, est la seule capable de permettre ce rapprochement à grande échelle. Je serais heureux que cela puisse s’étendre à la province. Pour terminer, j’aimerais préciser que de nombreux contacts dans les services Culture de plusieurs arrondissements parisiens sont déjà très favorables à ce projet. D’ailleurs, une première rencontre constitutive se tenait ce 28 juillet dans une galerie majeure de notre capitale (je témoigne ici toute mon amitié à son propriétaire), comptant ainsi quelques adjoints d’arrondissements (au-delà de toutes préoccupations politiques ou partisanes), d’autres adjoints exprimant leurs plus vifs regrets de n’avoir pu se joindre à nous (pour cause de vacances bien méritées). A travers son Chef de Cabinet, un maire s’est proposé même de promouvoir ce projet auprès de ses homologues. A la rentrée, un entretien me sera accordé à la Mairie centrale par l’entourage de l’adjoint à la Culture, Monsieur Christophe Girard. J’en suis très honoré."
 
MD : " Comment situez-vous ce projet dans votre parcours ? "
 
GB : " Mon projet est situé dans le prolongement d’une Note jadis adressée à la Ministre de la Culture alors en titre (Mme Trautmann) intitulée "Art, Culture et Médias dans une démocratie de proximité’ – L’accès à la Culture et aux Arts pour tous, idée qui fondait mon engagement initial citoyen. J’espère vivement que la fin de l’année verra la réalisation de cette initiative. Bien entendu, conscient de la diversité des acteurs que ce type de manifestation doit rassembler, aucune formalité de principe ne m’anime s’agissant de la date. Mon souhait est de servir le meilleur de l’Homme. Je crois à la force de l’Art et de la Beauté. ».
 
Propos recueillis par Margot Deschamps.

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