Depuis quelques années, les relances de franchises, par le biais de prequel, sequel et autres spin-off, sont légion, qu’il s’agisse des récents Star Trek de J.J Abrams ou X-men origins : Wolverine, des moins récents Batman Begins, Hannibal rising, ou encore de la prélogie Star Wars (initiatrice de ce mouvement, il y a dix ans). Terminator Renaissance ne déroge pas à cette règle.
Observation intéressante, Terminator Renaissance fait à la fois office de suite (du troisième opus) et de prequel (du premier et du second, une partie de ces derniers se déroulant dans un futur plus lointain que l’action décrite dans Terminator Renaissance). Dans ce nouvel épisode, John Connor a la trentaine. Il n’est pas encore le leader de la Résistance. Alors que les choses se présentent mal, John croisera la route d’un certain Marcus Wright, étrange machine qui se prend pour un homme, et dont John Connor n’avait pas prévu l’arrivée. Est-il venu pour l’exterminer ou pour l’aider, c’est la question à laquelle le film devra répondre.
La bande annonce a su nous faire saliver pendant des mois et le film était très attendu mais le le résultat est finalement mitigé. Peut-être attendions-nous trop de cette nouvelle franchise ? Le nom du réalisateur à la tête de ce projet ambitieux, McG, avait de quoi inquiéter les fans tout autant que les profanes. Ce dernier n’avait pas brillé par le passé, avec Charlie et ses drôles de dames, mais il s’en sort en fait honorablement.
Si les défauts sont nombreux, le film n’est pas exempt qualités. Le scénario se révèle d’une grande approximation (comment Skynet est-il au courant pour Kyle Reese ? Que s’est-il passé entre le moment où Marcus a vendu son corps à la science et la guerre qui fait rage dix ans plus tard ?). Heureusement, le film fait preuve de générosité quant aux scènes d’action.
On déplorera un John Connor insipide incarné par Christian Bale et des personnages secondaires anecdotiques, comme Kate Connor interprétée par Bryce Dallas Howard ; Barnes, interprété par Common ; ou encore la petite fille afro-américaine muette qui accompagne Kyle Reese. Mais n’allons pas dire que tous les protagonistes sont dénués d’intérêt : on suit tout de même le parcours personnages intéressants, comme le duo inattendu formé par Kyle Reese (Anton Yelchin) et Marcus Wright (Sam Worthington). Le casting nous gratifie aussi de « gueules » comme Michael Ironside, acteur fétiche de Paul Verhoeven, incarnant le supérieur de John Connor, ou Helena Bonham Carter, qui n’incarne pas moins que Skynet (on s’en serait douté, vu le mystère qui entourait son personnage durant la campagne promotionnelle).
Surprise, Marcus Wright, cyborg en quête d’identité et au destin tragique, se révèle être le véritable héros du film, volant la vedette à un John Connor manquant d’épaisseur psychologique. Le spectateur a même droit à une courte romance entre Marcus et Blair Williams (Moon Bloodgood), inexploitée certes, mais qui a le mérite de faire avancer l’intrigue.
Les deux premiers tiers du film peuvent se vanter d’être captivants, apportant une vraie originalité à la saga de par leur côté « film de guerre » (McG optant pour une réalisation caméra à l’épaule et des couleurs ocres bien choisies) là où le sympathique Terminator 3 de Jonathan Mostow ne faisait que reprendre ce qui existait déjà, en plus clinquant. Le dernier tiers, en revanche, est un plagiat éhonté et sans souffle des deux premiers Terminator, de Matrix Revolutions (la ville des machines), voire I, Robot ou Star Trek : Premier contact (dans les deux films, un robot « humanisé » se rebelle contre une entité cybernétique prenant les traits d’une femme). L’affrontement avec le T-800 n’est qu’une reprise peu inspirée du combat du premier épisode dans l’usine, et le Schwarzenegger au visage virtuel copié sur celui des années 80 manque de réalisme. Du côté des nouvelles machines, tout comme son prédécesseur Terminator 3, le film est plutôt riche. Tout d’abord, il nous gratifie non pas d’un nouveau (chronologie oblige), mais d’un ancien modèle de Terminator : le T-600, sorte d’androïde rouillé et sans peau à la démarche inquiétante et armé d’une sulfateuse. On a ensuite droit à des moto-terminators, à des créatures aquatiques serpentiformes, aux fameux hunters-killers (les avions aperçus dans les anciens films) et enfin au Harvester, un énorme robot récolteur d’humains, le tout pour notre plus grand plaisir de geek !
Les allusions cinéphiliques sont nombreuses, qu’il s’agisse d’Apocalypse Now (avec l’attaque des hélicoptères en ouverture), de V pour vendetta (la scène avec Marcus Wright surgissant nu des décombres enflammés), voire de Transformers (avec le Terminator géant lanceur de motos). McG pille les films qu’il a aimé, mais toujours avec un certain respect. Certaines répliques comme « I’ll be back » ou « Come with me if you want to live », sont bien sûr des clins d’œil aux épisodes précédents, mais elles ont tendance à sonner faux et apparaissent comme une pure convention.
Terminator Renaissance laisse un goût d’inachevé. On est loin de la superbe fin que nous offraient les trois premiers films, mais on ne va pas bouder notre plaisir. Les nouvelles aventures de la famille Connor se regardent sans déplaisir, et on est même curieux de savoir ce que nous réservent les deux prochains (et derniers) épisodes. Qu’on se le dise, avec ou sans Arnold Schwarzenegger, Terminator « reviendra » !
Michael Frasse-Mathon