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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Terminus en Louisiane pour Les Passagers du vent

Terminus en Louisiane pour Les Passagers du vent

Après maintes aventures parallèles au commerce triangulaire, on avait laissé Isa, héroïne rebelle et humaniste des Passagers du vent, seule, échouée sur les côtes du Nouveau Monde.
« J’ai failli oublier que je n’avais 18 ans, et encore toute la vie devant moi », concluait-elle, faisant contre mauvaise fortune bon cœur.

Ayant déjà vécu, pèle-mêle, un changement d’identité lui faisant perdre son titre de noblesse, la clandestinité sur un vaisseau de la Marine royale, l’évasion de son compagnon capturé par les Anglais, la prison coloniale, et bien sûr le trafic d’esclaves… il allait sans dire qu’il était peu probable que la jeune fille se mette à tricoter au coin du feu.

Reste que, depuis 1984, année où est sorti le Bois d’ébène, cinquième et dernier tome des Passagers, on commençait à trouver le temps long.

Et c’est donc un quart de siècle après (le temps de publier Le Cycle de Cyann et Les Compagnons du crépuscule), que François Bourgeon allait répondre à nos attentes avec les sorties successives des deux tomes de La petite fille Bois-Caïman (2009 et 2010).

Première surprise, le lecteur n’est pas le seul à faire un saut dans le temps puisque, après avoir quitté Isa en 1782 à Cap-Français (Haïti), il se retrouve en Louisiane en pleine guerre de Sécession (en 1862 précisément). Tous ses repères ne sont cependant pas perdus puisque, rapidement, il se retrouve sur les traces d’une jeune héroïne au fort caractère (d’Isa à Cyann en passant par Mariotte des Compagnons du crépuscule, c’est une constante de l’œuvre de Bourgeon).

Un monde qui s’écroule…

Surnommée Zabo, l’héroïne en question est une Créole (Européenne née sous les colonies tropicales) francophone de bonne famille, élevée dans une large plantation. Issue d’une société esclavagiste, Zabo a la mentalité allant avec son éducation : « La mule est pour le Noir, comme le Noir est pour le Blanc », constate-t-elle sans exprimer le moindre signe de réprobation. Reste que, les Yankees ayant investi la Nouvelle-Orléans et la région, c’est tout un monde qui s’écroule pour les riches Blancs du Sud et la jeune fille.
Parents décédés, plantation familiale détruite, Zabo est décidée à quitter la Louisiane : « J’ai presque 18 ans et la vie devant moi », annonce-t-elle, comme en écho à Isa, 80 ans plus tôt.

Avant de s’en aller vers l’Ouest, la jeune Créole passe récupérer son jeune frère, mis à l’abri chez une lointaine aïeule bien connue… La désormais moins jeune Isa, installée au milieu des bayous.
Forcée de tourner le dos à sa vie passée, Zabo va ainsi être confrontée, en découvrant Isa, à des idées plus progressistes. Des idées illustrées par le parcours de cette dernière qui, bien sûr, a continué à vivre sa vie comme elle l’entendait après son arrivée dans le Nouveau monde.

Vingt-cinq ans sont passés, et c’est avec plaisir que l’on retrouve les Passagers de Bourgeon pour un ultime (c’est du moins ce qu’affirme l’auteur) double opus. Le trait a peu changé, tout comme l’application de Bourgeon à immerger le lecteur dans un monde et ses moindres détails, restituant à merveille l’ambiance d’une époque en toile de fond des aventures de ses héroïnes.

François Bourgeon, Les Passagers du ventLa petite fille Bois-Caïman, 2 tomes, 12 Bis.

Du 3 février au 3 mai, le musée de la marine de Paris offre une escale aux Passagers du vent avec une exposition d’une vingtaine de planches originales des sept tomes parus. Au milieux des trois-mats du musée (des modèles réduits dont certains font de plusieurs mètres de hauts tout de même), voilà l’occasion idéale de découvrir les dessins de François Bourgeon en taille réelle.

Autres articles lisibles sur : remigaggioli.wordpress.com

 


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6 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 22 février 2010 11:12

    Très belle aventure que celle que nous avons vécue en rêve grâce à ces Passagers du vent, Merci François Bourgeon. Et ces deux derniers « tomes » ne sont pas sans intérêt.


    • manusan 22 février 2010 12:47

      superbe BD, merci Bourgeon.

      mais n’oublie pas Cyann non plus.


      • Arunah Arunah 22 février 2010 23:07

        « Les Passagers du vent » Fabuleuse BD ! Mais j’ai du mal à croire que c’était il y a 25 ans !
        C’était hier ! 
        Curieux aussi de faire un tel saut dans le temps... on aurait volontiers continué à la même époque... mais bien entendu je vais me jetter dessus... 

        @ Manusan

        J’adore votre avatar !


        • furio furio 28 février 2010 17:48

          « Les passagers du vent » ma passion pour la BD est passée par cette belle série. 
          Merci pour votre article de qualié. 


          • bo bo 28 février 2010 20:48

            Il ne fallait pas de suite....Les passagers du vent se suffisaient.
            Comme souvent une suite gâchent. Là, c’est malheureux, le dessin a faiblit....et le scénario est mauvais, confus, beaucoup trop convenu, trop politiquement correct....bref, cela fait pitoyablement alimentaire. Désolé pour ce dessinateur que j’aime bien.
             smiley


            • Krokodilo Krokodilo 28 février 2010 21:51

              J’ai seulement parcouru ce dernier tome, mais c’est effectivement une superbe saga, maritime, historique, psychologique, féministe. Personnellement, j’aurai préféré une suite à son cycle de SF au superbe dessin.

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