« The Host » en DVD : une sortie monstre !

The Host : comment qualifier ce film maouss kosto complètement barré et en même temps hautement maîtrisé - sa beauté plastique est sidérante et son monstre zarbi, curieux mix entre un tyrannosaure et un varan géant, est une vraie proposition d’artiste contemporain : film de monstre burlesque ? Film monstrueux ? Film-mutant survitaminé ? Même si l’on est amateur de poulpes ou de calamars, on ne sait pas trop sur quel pied (ou queue !) danser avec ce film pétaradant à souhait qui avance par moments tel un bolide - à l’image de son héros pachydermique et thermonucléique qui hante toute l’intrigue - puis, soudain, il (le film + le monstre) ralentit en plongeant dans des stases spatio-temporelles bien calmes, à l’instar des eaux noires et étales de la rivière Han (Séoul) où apparaît, pour la toute première fois, le monstre, suspendu gracieusement, tel une chrysalide en apparence inoffensive, à un pont high-tech dernier cri.
Cette bête-là, venue des profondeurs sud-coréennes ou amerloques, est au poil ! Question forme, design, on peut penser à Alien ou à Predator (accessoirement à Mia Frye aussi !), elle est belle, élancée itou itou (surtout lorsqu’elle fait de majestueux plongeons - dont un magnifique retourné ! - de la berge à la rivière) mais, assez souvent, elle devient stupide, voire grotesque, notamment lorsqu’elle déboule, telle un chien fou en rut, sur le bord de la rivière et qu’elle provoque à la fois fascination et panique dans la population locale. D’ailleurs, question attraction-répulsion à l’égard de l’Autre, on pense naturellement à La Guerre des mondes, sauf que dans le Spielberg, les Tripodes, terrifiants engins de guerre disciplinés, ont une mission évidente : exterminer la race humaine et... Tom Cruise ! Dans The Host et c’est ça le tour de force de ce film-calmar monstrueux, la grosse bestiole bébête et gluante, plus modeste, n’a pas vraiment de projet clair, elle est en roue libre et nage en eaux troubles. En fait, elle est fidèle à sa nature de gros mollusque glouton, elle ne pense qu’à bouffer ! Ses orifices musculeux et sexués ingurgitent ou rejettent non stop des humains, des ossements, une canette de bière... C’est un gros tube digestif ambulant, une vraie voiture-balai poisseuse qu’on a sous les yeux. Cette étrange créature tapie dans les égouts, dont on ne sait trop deviner ni l’avant ni l’arrière, obéit à ses humeurs, à sa connerie (!), et le film The Host semble alors suivre subtilement le bon vouloir freestyle et le tempo abracadabrantesque de son monstre-vedette qui emporte tout sur son passage... dont notre enthousiasme à coup sûr !
A l’image des tentacules visqueuses ou des queues grasses de cette grosse masse balourde - une sorte de Godzilla au pays du matin calme -, le film se fait mouvant... comme s’il glissait sur une grenouille, il « déborde » de son cadre narratif et c’est cette indétermination même quant à sa nature, quant à son genre (film d’horreur ? Réflexion politique corrosive ? Comédie Grand-Guignolesque ? Fable écolo ? Mélodrame familial ?...), qui le rend si surprenant, si fascinant. Il y a bien une analogie - fond & forme - entre la bête-turbo et ce film protéiforme qui file tous azimuts, jusqu’à prendre la tangente ("fuir" par les bords et les genres). On dirait un film à la poursuite de lui-même ! Bref, The Host est un curieux cocktail (Molotov ?!) visuel explosif, signé par un DJ barok’n’roll génial (Bong c’est Bond XXL !). A mon avis, THE Host, vrai film-événement de l’année cinéma 2006, c’est THE film de monstre actuel à voir tant sa modernité plastique et sa trame hybride vont servir de matrice pour moult films fantastiques à venir. Les Frenchies et les Ricains n’ont qu’à bien se tenir, le fantasque Bong Joon-ho a de l’avance, grave !
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