The rise and fall of David Bowie
Peu auront marqué l'histoire de la musique (et au-delà...) comme David Bowie l'a fait et, pour une fois, nul besoin de feindre l'admiration au moment de la disparition d'un artiste.
David Bowie, merde ! 69 ans, il a dû prendre un paquet de drogues, rien de vraiment surprenant, mais quand même. Quand même, ça fait bizarre, un monde dans lequel il n'y a plus David Bowie. Une amie m'en a prévenu par texto lundi matin et, de toute évidence, tout comme on se souvient de ce que l'on faisait au moment de prendre connaissance des attentats de janvier et novembre derniers, je me souviendrai de ce que je faisais alors que j'apprenais la mort de David Bowie.
Pourtant, je n'espérais plus guère, il n'avait rien sorti d'inoubliable ces dernières années et je m'étais un peu fait à l'idée qu'il resterait le seul de tous ces génies que je voulais absolument voir à manquer au palmarès de mes concerts. Mais une petite partie de moi espérait toujours. Le voir, même fatigué, usé jusqu'à la corde, mais le voir me jouer Rock n Roll Suicide, The Bewlay Brothers ou The Jean Genie. "Mourir sur scène", un peu comme Lou Reed ou BB King récemment. Mais ça n'était pas comme ça qu'il voulait sa sortie.
Les rumeurs existaient bien quant à un éventuel cancer, mais il n'en aura dit mot, n'accordant plus la moindre interview, gardant parfaitement le mystère autour de lui, de son état de santé et de ses projets musicaux. Obsédé par l'idée de tout maîtriser de sa vie, il aura en tout cas sacrément maîtrisé sa mort ! A quelques jours de son dernier souffle, il nous pond un album évoquant la mort, Dieu et toutes ces conneries... Un album pour lequel les textes étaient déjà prêts alors qu'il entrait en studio, chose inhabituelle chez lui. On aurait dû se douter...
Donc voilà, David Bowie n'est plus, physiquement en tout cas. Car son art, lui, restera. L'art de Verlaine ou de Picasso a survécu à ses créateurs et aux années qui passent, et il en sera de même pour celui de Bowie. Comment penser que ses 14 mois magiques puissent passer à la trappe tant qu'on écoutera de la musique ? 14 mois pendant lesquels il sortait 3 albums éternels (Hunky Dory, (...) Ziggy Stardust (...), Aladdin Sane), produisait les cultissimes Transformer de Lou Reed, Raw Power dt'Iggy & he Stooges et le plus discret mais Ô combien efficace All the Young Dudes de Mott the Hopple. Et comme il avait du talent à revendre, le David, au beau milieu de toutes ces créations géniales, il a trouvé le temps de faire l'une des tournées les plus révolutionnaires de l'histoire du rock. A cette époque, les Stones, Neil Young, Led Zep, Pink Floyd, Lou Reed, et j'en oublie, y allaient de leurs chefs-d'oeuvre, et pourtant l'avalanche créative de Bowie n'avait pas d'égal.
Et puis avant, déjà, même s'il n'a pas percé à l'époque avec Space Oddity ou The Man Who Sold the World, tout ça était fort prometteur ! Puis plus tard, il y a eu la trilogie berlinoise avec Brian Eno, avec lequel il sortira aussi le très honnête Outside en 95. Et même Heathen ou Reality, c'était pas dégueulasse. Il aura proposé de bonnes choses (presque) tout au long de sa prolifique carrière, et même Blackstar, son dernier opus, est plutôt pas mal. Sa carrière est inégale, il y a bien un passage à vide après Scary Monsters pour une quinzaine d'années (oui, Let's Dance, son album le plus vendu, est indigne de figurer au panthéon de Bowie !), comme pour les plus grands de ses contemporains (Dylan, Reed, Young par exemple), les eighties auront été une période difficile pour Bowie. Mais en bon caméléon qu’il était, il aura su revenir en s’adaptant mieux que quiconque à son temps, y puisant tout ce qu’il y avait à y puiser, fort de cette incroyable créativité qui, bien qu'évidemment déclinante, semblait devoir toujours trouver un second souffle.
Mais il n'y aura plus de second souffle. Après Lou Reed fin 2013, BB King l'an dernier, c'est David Bowie qui se fait la malle pour toujours en ce début d'année. Quelques-uns de ces rares géants dont l'art traversera les âges nous ont quittés ces derniers temps et cela chagrine considérablement des millions de personnes. Alors messieurs Dylan, McCartney, Jagger, Richards, Young, Page, Gilmour et les autres, vous qui rendez le monde plus supportable, si vous vouliez bien avoir la courtoisie d'attendre un peu avant de rejoindre monsieur Bowie... Merci.
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