« Third » album de Portishead
lls l’ont fait ! Onze ans qu’ils n’avaient rien créé. Dix ans qu’ils n’avaient rien sorti ensemble. Oh, bien sûr, il y eut « Out of season » en 2002, par la chanteuse Beth Gibbons. Mais les aficionados comme moi attendaient cela avec tant d’impatience que l’annonce, il y a quelque mois, s’apparentait à un miracle annoncé. Le quintet de Bristol, Portishead, allait enfin sortir un troisième album.
Je vous dis ça comme si je suivais de près la scène anglaise. Mais c’est tout faux. En fait, c’est en parcourant les virtuelles pages du Monde que j’en entendais parler. Mais, en tant que journaliste citoyen apprenti, il faut bosser ses effets d’annonce, non ?
Mais tout ceci n’a plus aucune importance. Je l’ai ce fichu album. Sobrement titré Third, il démarre par un rythme hypnotique. Normal pour du trip hop, vous pourriez dire, mais on n’en est plus là. Le premier album Dummy mettait les basses en avant, avec cette ligne inoubliable du titre Glory Box. Pour leur deuxième,Portishead, c’étaient les aigus qui prenaient cette place de choix. Avec Third, qu’en est-il ? Dès le premier titre, on est surpris.
Dès les premières mesures, on le remarque : la pulsation est plus enlevée, plus rapide, on est dans une ambiance funk des 70’s à la blaxploitation. Pourtant les instruments « traditionnels » du trio sont là : guitare doucement distordue, basse énorme et violons grinçants. Mais l’enveloppe sensuelle et chaloupée des deux premiers albums est ici mis en suspens (on la retrouve à partir du 3e titre) pour une rythmique plus soutenue et plus minimaliste.
Et la voix ?
Eh oui, la voix douce-amère de Beth Gibbons, autrefois très travaillée par des échos subtils, ici sonne différent. Moins suiveuse de ligne harmonique, elle impose une mélodie plus travaillée, plus composée. Beth Gibbons a composé depuis. On sent qu’elle est plus libre de ce qu’elle souhaite faire. Toujours aussi triste, elle montre plus de maîtrise à imposer sa patte velouté à l’ensemble sonore, qui de fait, prend moins de place qu’avant.
Pourtant, concernant cet ensemble, on trouve ici des influences bien plus technoïdes. L’utilisation de nappes de sons aléatoires utilisée comme soutien d’ambiance pour leurs précédentes productions est mis en avant. Les samples qu’ils utilisent sont plus présents, plus travaillés. Sans affaiblir la saveur romantique de leurs précédents titres, Portishead semblent nous prouver qu’ils sont bien vivants.
Third est, comme les deux premiers opus, une alchimie subtile entre spontanéité de composition et maîtrise des instruments : un troisième « premier album parfait ».
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