Thom Yorke : le Petit Prince des musiques électroniques
Depuis la sortie de « The Eraser », les derniers albums de Radiohead (« Kid A », « Amnesiac » et « Hail to the Thief ») sont sur les lèvres de tous les chroniqueurs. Thom Yorke signerait un album de qualité, mais à inscrire dans la discographie de Radiohead entre « Kid A » et « Amnesiac », une sorte de « Kid B » moins abouti. Pourquoi le rapprocher immédiatement, sans avoir pris le temps de savourer le fruit de cette nouvelle liberté de Thom Yorke ?
Reprenons les choses dans leur contexte, Kid A, Amnesiac et The Eraser sont des albums marqués par des sonorités électroniques. Pour faire vite, le génie de Kid A avait été de prendre du recul et de la distance vis-à-vis d’une musique électronique froide et abrupte (Autechre, Plaid, Pan Sonic, Aphex Twin) sans pour autant toucher l’autre versant de la musique électronique, plus aérien et atmosphérique (Boards Of Canada, Telefon Tel Aviv, Tipper). Amnesiac avait été beaucoup plus proche d’un fatras électronique brûlant, la voix de Thom Yorke se faisait moins planante, quoique toujours aussi sublime. En parlant de ses deux CD, le chanteur expliquait qu’ils rappelaient tous les deux un incendie, mais vu de façon différente : de loin dans Kid A, et de l’intérieur même dans Amnesiac.
The Eraser touche de façon différente, Thom Yorke se présente à nous comme le Petit Prince se présente à Saint-Exupéry, comme une apparence mystérieuse, faisant preuve d’une naïveté à double tranchant. Cette naïveté peut susciter deux réactions : ou on se dit, bon, c’est pas mal, ça n’invente pas la poudre, en gros, c’est du Radiohead les instruments en moins, ou on choisit d’être à l’écoute de ce musicien génial et de ses chansons intimistes et épurées. Au cours de chaque piste, que ce soit The Eraser, Skip divided ou Atoms for peace, on se dit effectivement que le potentiel est immense et qu’il n’a pas été développé. Mais c’est ainsi que notre imaginaire est éveillé, que la chanson nous touche et qu’on se l’approprie. La qualité musicale de l’album n’en est pas moins irréprochable, et savoureuse. Les chansons sont moins chargées d’instruments que celles de Hail To Thief et gardent pourtant plusieurs visages, d’un côté la voix éthérée de Thom Yorke, de l’autre certains instruments inquiétants et souvent cachés derrière des nappes de synthé plus rassurantes.
Thom Yorke a trouvé un juste milieu entre le minimalisme et le trop-plein musical, et signe un album touchant, intelligent, et néanmoins relativement accessible pour les fans de Radiohead, mais aussi pour les autres.
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