« Times Square » Guillaume de Tonquédec performe en « has-been » au Montparnasse
Avec son titre, au label par excellence « New-yorkais », ce spectacle pourrait fort bien provenir directement de « Broadway » où il aurait connu un énorme succès depuis plusieurs années avant que d’être enfin créé à Paris avec en tête d’affiche Guillaume de Tonquédec prêt à en poursuivre le triomphe…
A ceci près que cette troisième pièce du dramaturge Clément Koch a, en fait, été commanditée par France Télévision pour être captée au Théâtre de La Michodière en mai 2021 en perspective d’une date de diffusion encore non programmée à ce jour et alors même que, depuis janvier 22, cette création inédite est désormais à l’affiche du Théâtre Montparnasse.
Or d’évidence, trois semaines après sa première, la jauge est pleine et un bouche à oreille viral attire un public pléthorique.
A la distribution donc deux comédiens fidèles aux mises en scène de José Paul mais aussi deux jeunes révélations pleines de spontanéité et d’enthousiasme se mettant tous les quatre au service du Théâtre dans le théâtre…
En effet, ces quatre individualités initialement isolées se retrouvent peu ou prou réunies en communauté d’action œuvrant pour un besoin similaire de reconnaissance par le biais du spectacle vivant.
Ainsi au cœur de l’organigramme trône Matt Donovan (Guillaume De Tonquédec) l’acteur émérite de grande compétence mais dont la survivance pose en elle-même la question récurrente : Peut-on « être » et « avoir été » ?
Ressentir, selon toute vraisemblance, sa carrière professionnelle derrière soi, serait-ce une fatalité de l’âge ou ne serait-ce qu’un avatar lié à diverses circonstances défavorables ?
En l’occurrence, il apparaîtrait ici que de projets en réalisations, Matt ait pu faire, au fur et à mesure et quelquefois contre son gré, des choix malencontreux s’avérant de piètre qualité artistique tout en déclenchant une tendance dépressive suscitant de moins en moins de motivations… jusqu'à devenir alcoolique chronique.
En poste d’observation vigilante est tapi Robert Donovan (Marc Fayet) très inquiet de la vilaine tournure que prend l’avenir acrimonieux de son frère et pour lequel, le plus discrètement possible, il palie les contraintes du quotidien notamment en mettant à sa disposition l’appartement familial et en assurant la livraison de ses repas.
En outre, dans la mesure de ses possibilités, Bobby tente également de susciter de nouvelles opportunités qui pourraient être bénéfiques à Matt.
C’est ainsi qu’à partir d’une rencontre fortuite sur son lieu de déjeuner avec la jeune serveuse Sara Bump (Camille Aguilar), il va lui mettre le pied à l’étrier en découvrant qu’apprentie comédienne inexpérimentée, celle-ci est fortement tentée de passer prochainement une audition pour le rôle-titre de Roméo & Juliette.
Faisant alors d’une pierre deux coups, il va lui proposer de financer des cours particuliers auprès de Matt en lui recommandant d’effectuer une démarche d’approche du professeur d’Art dramatique qui, a priori, risque d’être houleuse vu le radicalisme défaitiste et aigri du frangin.
Un quatrième personnage connu des trois autres par sa marginalité de notoriété publique sera en quelque sorte projeté en « punching ball » entre leurs regards croisés alors même que souffrant d’un trouble traumatique de l’élocution, Tyler (Axel Auriant) s’efforcera de le combattre par des moyens dérivatifs pour gagner la reconnaissance de tous à travers une démarche théâtrale… quasiment thérapeutique.
Au centre du dispositif scénographique, Camille est l’élément moteur du quatuor auquel elle va insuffler sa volonté déterminée de décrocher le rôle clef.
Chacun des trois autres protagonistes se piquera à l’enjeu de cette réussite, en contribuant à sa façon à l’élévation de cette aspiration collective mais qui, néanmoins, subira maintes failles et déficits.
Guillaume de Tonquédec, tel un boxeur sonné, arpentera le ring avec rage et superbe, Marc Fayet jouera la carte de la discrétion pragmatique, Camille Aguilar celle de la hardiesse fougueuse alors qu’Axel Auriant saura mettre du liant là où guetterait le risque du repli sur soi-même.
Une pièce vraiment bien adaptée à l’air du temps où les stigmates du découragement pourraient, ainsi, être allègrement transgressés par la volonté de les combattre en partage solidaire et donc tous ensemble.
photo 1 © Fabienne Rappeneau
photos 2 à 6 © Theothea.com
TIMES SQUARE - ***. Theothea.com - de Clément Koch - mise en scène José Paul - avec Guillaume de Tonquédec, Camille Aguilar, Marc Fayet & Axel Auriant - Théâtre Montparnasse
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