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Top 50

La mer méditerranée, une plage du côté de Monaco, une salle de jeu spacieuse, son bar, ses billards, ses flippers et au milieu son juke-box qui avale goulument les pièces que le quidam lui donne.

Mais, jamais rassasié il en demandait, encore et encore ... et sonne la musique... les musiques... des années 80.

S’il y a bien une période musicale qui enchante encore la FM et les radios nostalgies de bien des pays d’Europe et d’Occident, c’est bien celle de ces années-là.

Vous pouvez prendre un taxi à Moscou, vous promenez dans une rue de Dublin, prendre un petit noir à la terrasse d’un café de Venise ou boire un soda sur les bords d’un lac du parc central de Bucarest, il y aura de grandes chances pour que vous entendiez un de ces tubes qui sonnèrent et sonnent encore.

Mais une des erreurs couramment faites est de considérer cette période musicale comme un début, alors qu’au contraire, elle est la fin d’une époque et d’un courant amorcé au début des années 60.

Le blues, phare inébranlable était encore là, ancré dans les coeurs, et le rock ’n’ roll s’essoufflait. Elvis était toujours une idole, mais sa couronne vacillait. Il fallait du sang neuf et, sortir des sentiers battus.

Et c’est au pays de sa gracieuse majesté que va se commettre ce qui pour certains sera l’outrage.

Une bande Liverpool prend une décision phénoménale, celle de jouer pour toute une jeunesse autre chose que des accords classiques. Plutôt que de mettre à la suite, une dominante, une tierce et une quinte en majeur, ne voila t’il pas qu’ils vont décider autrement. Et nos gaillards de te mettre un accord neuvième, ici, un 7e là, un mineur à nouveau alors que l’accord majeur était attendu. Bref une révolution.

Le sillon est creusé et vont s’engouffrer dans la brèche des Stones, des Stooge, des Floyds et j’en passe. Le tournant est pris et le glas du rock ’n’ roll de papa, sonne. Enterrement en première classe tout de même.

Du côté des noirs, on s’émancipe aussi, la soul s’articule autour de la Motown, Hendrix qui ne comprend rien à une gamme joue tout au feeling et comme un Dieu à Woodstock, et le blues de BB King ne prend pas une ride.

Mais comme le son n’était pas assez fort, on va créer une symphonie faite de riffs distordus, et les maitres ouvriers en la matière sont les Who ou suivront des Deep Purple, et autres Led Zeppelin.

Tout ce petit monde est le tronc d’arbre qui donnera des ramifications dans le hard -rock, chez les punks, le métal, etc...

Quand je dis tronc d’arbre in fine, il a une erreur, car la base reste quoi qu’il en soit le blues et ses déclinaisons que l’on peut en faire. Ce n’est pas pour rien que dans les plus belles ballades bluesies on trouve beaucoup de groupes à caractéristique « rock dur ».

Mais si la sonorité des 80 reste bien gravée dans nos mémoires à ce jour, c’est pour tout une série de bouleversements qui de nos jours paraissent d’une banalité affligeante.

Concernant la France, on va entrer dans la période postgiscardienne. Période qui avait ceci de particulier qu’elle était faite d’interdits.

Sur les deux chaines nationales (une et deux) Maritie et Gilbert Carpentier nous ont servi le même buffet pendant des années, fait de paillettes, de variétés à bisounours-land et de plays-back très formatés.

Guy Lux et Danièle Gilbert recevaient tour à tour des Claude François, Stone et Charden, Ringo et Sheila, Sardou, Mike Brant, Dalida, Michel Delpech etc...

Trust qui avait démarré sa carrière depuis les années 76, était underground, et j’imagine sans peine ce qu’aurait donné un titre comme « Darquier » du temps de feu O.R.T.F. Un peu trop subversif sans doute !

Et puis Carlos avec son « Tout nu, tout bronzé » ça avait une autre gueule. C’est sur qu’un Renaud avec son « Hexagone » ça ne pouvait pas rivaliser avec cette sommité de la connerie.

Suite à l’élection de la gauche, on autorise enfin les radios à occuper la bande F.M. C’était interdit sous le diamantaire aka Giscard, la radio comme la télé était un monopole d’État. Celui qui avait une cuisine, du fil barbelé, un râteau et un amplificateur, pouvait désormais émettre dans son quartier le plus généralement. Tout était fait de bric et de broc, mais dans le lot allait sortir N.R.J.

N.R.J qui allait être un peu plus tard, le caillou dans la chaussure gauche, en réussissant le pari d’appeler à une manifestation en 1984, contre ceux qui ont libéré les ondes.

Mais le véritable détonateur reste l’association de l’image et du son, on découvre ce qu’est le « vidéo-clip ».

Ce phénomène avait débuté dans d’autres pays et un titre était annonciateur de ce qu’il faut nommé une révolution par l’image. C’est le fameux (mais pas inoubliable) « Vidéo killed the radio star » par nos amis des Buggles.

Et le clip avait son émission phare le « Top 50 » présenté et animé par un transfuge de R.M.C., Marc Touesca. Concept assez simple puisqu’il établissait le classement des meilleures ventes des 45 tours dans le pays. Tout le monde a encore en tête le fameux générique j’en suis sûr.

On y trouvait de tout, à boire et à manger, du bon et du franchement détestable... mais il était le reflet d’une société qui bouge enfin. Et elle bougera au moins une fois par an, avec pour ce qui me concerne un des événements majeurs sous le premier septennat de Mitterand à savoir : la fête de la musique initiée par un certain Jack Lang.

Ce que l’on retrouve encore dans ces couleurs, c’est de la fraicheur issue de toutes les sources produites par tous les courants post années 60.

Une des caractéristiques est aussi une insouciance certaine, et moins de prétention dans sa façon de jouer, moins sérieuse que des oeuvres des années 70.

Même la variété ou la pop a su tirer parti des influences passées, alors que des cloisons hermétiques existent à ce jour entre les différents modes d’expression contemporains.

Puis vinrent le déclin, et la pauvreté de la création. Hormis quelques erzats rock ’n’ roll il y a peu de vraies bombes, mais elles existent. Pas nécessairement médiatisées, on peut écouter même en France des choses sympas. À chacun de trouver son bonheur... mais je regrette le temps ou l’on pouvait des shows à la télé car hormis Taratata, l’ on a un vrai désert pour nos oreilles devant notre petit écran.

A peluche


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