Top list du rock 1970
Le rock du début du seventies fut talentueux, inventif, de l’art dans toute sa splendeur, de l’art décliné dans un genre maudit par les conventions de l’époque et qui maintenant vit sa seconde malédiction car le rock a été récupéré par la publicité et le profit. No comment. Passons à l’essentiel, une top list du rock seventies, ciblée autour de 1970. Le principe, un artiste, un album et un titre si possible.
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Led Zeppelin
Led Zeppelin, quoi de plus naturel en somme pour célébrer l’année 1970 si riche avec les deux ou trois qui suivirent. Nous sommes au cœur de la cible. Led Zep IV, l’album culte, le meilleur composé et exécuté par de groupe qu’on ne présente plus. Et pourquoi pas un titre culte, Stairway to heaven. Un titre emblématique pour sa durée inhabituelle, 8 minutes, qui l’écarte des radios et pourtant, cette chanson rock est devenue universelle et les radios de campus se sont adaptées. Le symbole d’un pied de nez lancé aux programmateurs de radio qui ne tolèrent que les chansons au timing millimétré. Les radios généralistes sont de vulgaires instruments de masse, sorte de parasites vivant au crochet de la misère esthétique des masses. Led Zep, c’est la liberté sauvage d’une époque, la même qui s’éclatait en écoutant le Born to be wild de Steppenwolf, autre morceau devenu culte, notamment grâce à Easy rider, ce film lui aussi culte faisant écho à l’aventure de Led Zep. Qu’on ne présente plus. Quel talent, ce Jimmy Page à la guitare. A ne pas rater, les live disponibles et les fameuses versions de Dazed and confused où Page se plaît à gratter sa gratte d’un archer alors que le morceau s’improvise en versions de 20 minutes.
Jimi Hendrix
Bien que sa carrière musicale soit plus ancrée à la fin des sixties, Hendrix a résolument sa place dans les seventies, celles du départ, foisonnantes. On ne présente plus Jimi, le plus talentueux, virtuose et extravagant des guitaristes, aux prestations sans équivalent. Il ne reste que quelques albums car la carrière d’Hendrix fut écourtée et l’on choisira Electric ladyland, un double vinyle où s’exprime le trio d’enfer, avec Redding et Mitchell, qui écuma les scènes de cette folle époque et dont quelques enregistrements subsistent, comme les bandes magnétiques de ce fameux concert à Monterey en 1967, année emblématique qui annonce mai 68, Woodstock, et Altamont et son atmosphère délétère. Que des symboles. La Californie voit son rêve hippie s’effondrer. Toujours est-il qu’Hendrix est devenu une légende ce soir à Monterey où, vexé d’avoir perdu la loterie face aux Who, se décide à casser la baraque, exécutant un show d’enfer achevé par la mise à feu de sa nouvelle guitare repeinte par ses soins. Quel titre choisir ? Je joue mon joker ! Purple haze ?
The Who
Transition oblige, les Who, groupe plutôt ancré et même résolument ancré dans les sixties, a sa place dans cette top list. Les Who, présents à Monterey avec Hendrix et pareil à Woodstock, la dispute en moins. Les Who, emmenés par Pete Townsend, son génial guitariste compositeur, et Roger Daltrey, son talenteux chanteur, sans oublier l’un des meilleurs bassiste de l’histoire du rock et le batteur le plus déjanté, ont illuminé autant les sixties que les seventies. Un album à retenir, Who’s next. Et le fameux live at Leeds. Un titre emblématique, My generation.
Deep purple
Qui ne se souvient de Smoke on…, l’un des titres les plus joués dans les booms des seventies. Deep Purple, c’est l’une des grandes figures du rock de ces années là, bien que le nom puisse rendre ringard celui qui le prononce. Ils étaient cinq, tous aussi doués. Sans l’orgue Hammond de John Lord, Deep purple n’aurait pas sa signature stylistique et sonnerait comme des Doors sans clavier. Quel album choisir ? J’hésite entre deux, In rock et Machine head. Le second aura ma préférence, car on y trouve le grand style ; mais pour vibrer et jouir de la générosité de cette formation, je ne saurai que vous aiguiller vers le Live in Japan, avec des versions réussies des titres cultes édités sur les deux meilleurs albums. On y trouve notamment une version de Space struckin’ déclinée en improvisations ou le Deep se fait plutôt spacy entre ambiances floydiennes et délires de krautrock. A retenir donc. Le rock des seventies se dévoile surtout dans les prestations en public. C’est là qu’on reconnaît l’immense talent de ces formations capables d’étirer des chansons de 6 minutes en suites de rock déclinées en impros sur 20 minutes.
Grand Funk
Place maintenant au rock US. Bien que les britishs aient été les plus brillants et inventifs, le rock est quand même né aux States. Et là bas comme en Europe, les formations des seventies ont su se démarquer des impasses du psychédélisme et de la pop pour proposer une authentique musique rock, un art, à la fois dans la composition et dans l’exécution, sensuelle, endiablée, métrisée au métronome de la batterie et la basse. Le rock s’adresse au corps autant qu’à l’esprit et sait offrir des sensations et autres émotions qu’on trouvera sur le Live du Grand Funk, groupe éphémère mais culte. Après sa tournée d’exception, avec une sono explosive pour l’époque, le live était tant attendu que plus de 500 000 exemplaires étaient prévendus avant sa sortie. Toute une génération se reconnaîtra dans cet opus d’un groupe jouant un rock énergique, inventif, sensuel, assez prêt du blues, un peu comme Johnny Winter mais avec plus de pêche.
Black Sabbath
Il se murmure que Led Zep serait l’ancêtre du hard rock, rebaptisé heavy métal puis métal tout simplement. C’est faux ! L’ancêtre du métal, c’est Black Sabbath dont le morceau éponyme sur le premier album éponyme, paru en 1970, semble intemporel au point de ressembler à un titre de My dying bride. Le groupe est devenu culte et célèbre grâce à son titre joué de par le monde, Paranoïd, extrait de l’album du même nom. Néanmoins, on conseillera plutôt le premier album, celui des origines, ou alors le Vol IV, avec des titres heavy et admirablement exécutés avec une virtuose pesanteur.
Chicago
Encore un groupe emblématique des seventies et dont le premier album éponyme, un double vinyle, fit sensation avec notamment un tube, I’m a man, joué à l’époque par toutes les formations amateurs se produisant dans les fêtes de village. Un morceau prétexte à faire une démonstration de batterie. Chicago incarne bien la mouvance synthétique et inventive de cette fabuleuse époque. Un mélange de rock, blues, jazz et pop, décliné en morceaux sophistiqués mais nullement standardisés. Orgue hammond, cuivres, tout y est pour donner une ampleur à ces compositions alambiquées et enjouées. Chicago a vendu plus de 100 millions d’albums, preuve qu’on peut concilier le talent, l’innovation et le succès, comme le firent Led Zep ou les Who.
Uriah Heep
Là, on arrive à disons, les seconds hussard du rock heavy et inventif de 1970. Uriah Heep eut un succès d’estime comme on dit, grâce à ses titres un peu plus élaborés que le rock standard, celui des Stones par exemple, des parties de clavier et un talent réel dans la composition et les mélodies. Comme la plupart des bons groupes de ces années, Uriah Heep a produit quatre ou cinq albums méritant le détour, avant de péricliter vers 1975, comme du reste la plupart des artistes seventies. Il faudrait se pencher sur cet étrange phénomène du rock qui perd son inspiration si bien qu’après 1975, il ne reste plus grand-chose. Drôle d’époque fulgurante et si vite éteinte. D’Uriah Heep, on retiendra trois albums excellents, Salisbury puis dans un style différent Demons and wizards et Magician’s birthday ; à noter pour les deux derniers les somptueuses pochettes signées Roger Dean à qui on doit également les pochettes de Yes. Faites votre choix, vous ne serez pas déçu par ce groupe qui joue aux marges, revendiqué à la fois par le heavy et le prog.
UFO
Un objet planant du rock non identifié. Voilà ce que représente UFO, groupe connus des connaisseurs et choisi dans cette liste car il incarne bien cette époque si talentueuse. L’exercice de la top liste est cruel. Beaucoup d’artistes auraient pu figurer en bonne place après les incontournables. L’album Flying, paru en 1971, incarne l’esprit de toute une époque, celle de 1970. Hormis un tube, le disque contient deux longs morceaux, de 19 et 26 minutes. C’est la marque des early seventies et la libération esthétique de ce genre enserré dans le pop rock et les chansons planifiées, trois couplets, trois refrains et un petit solo pour reposer la voix du chanteur et faire plaisir au guitariste.
Frank Zappa
Inutile de présenter Frank Zappa, dont on ne dira rien sauf qu’il clôt cette top liste bien que son œuvre se dessine bien au-delà de la période d’or, 1970-1973. Quant à choisir un album, c’est selon les goûts de chacun. Je pencherais pour Uncle Meat, bien dans l’époque.
La suite
Traffic évoque une figure reconnue du rock, Steve Winwood, musicien précoce membre du Spencer Davis group à 15 ans. Il forma Traffic en 1967. Ambiance psyché. Puis de plus en plus jazzy. Certes, le choix fera doublons avec Chicago et donc, la liste est achevée. Ont été oubliés, parmi tous ceux qui savaient jouer plus de 4 minutes d’affilée, Colloseum, East of Eden, Steamhammer et ce fameux disque, Speech, avec une suite progressive et heavy de 20 minutes, angoissante et pesante, Nazareth, Rare Earth, Moot the Hoople, Spooky Tooth qui joua avec Pierre Henry, Wisbone Ash ; Grateful Dead et Jefferson Airplaine, à cheval sur les sixties et les seventies et j’en passe. Une pensée pour Nico, avec ses œuvres jouée sur Hammond et sa voix d’outre-tombe. Oublions le Velvet, le groupe le plus surfait, le plus surestimé et en vérité, un groupe qui ne savait pas jouer, pour snobinards, fabriqué par Andy Warhol, lui aussi surfait, bref, cette époque avait aussi ses impostures.
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