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Traité de savoir vivre de Raoul Vaneigem : apologie du dépassement dans la réhabilitation du subjectif

« Traité de savoir vivre » (1963-1965) publié en 1966

 

 Introduction de l’auteur - nouvelle édition 1991

 

 « Un livre qui se veut la lecture d’une époque témoigne seulement d’une histoire au devenir imprécis ; un livre qui change l’époque propage aussi dans le champ des mutations futures le germe du changement. Si le Traité est l’un et l’autre (avec La société du spectacle de Guy Debord), il le doit à un parti pris de radicalité, à la prééminence de ce « moi » qui est au monde sans être du monde et dont l’émancipation prend désormais l’allure d’un préalable pour quiconque découvre qu’apprendre à vivre n’est pas apprendre à survivre.

En brisant les vitrines, le refus de la marchandise a si publiquement accentué, en 1968, le point de fracture d’une ligne économiquement tracée depuis des millénaires sur les destinées individuelles, qu’il a dissimulé sous d’archaïques réflexes de peur et d’impuissance la vraie radicalité du mouvement insurrectionnel : la chance enfin offerte de fonder sur la volonté de vivre, présente en chacun, une société qui accéderait pour la première fois dans l’histoire à une véritable humanité.

Beaucoup saisirent plutôt l’occasion d’ouvrir boutique dans la contestation en se dispensant de rien changer d’un comportement rompu aux mécanismes de l’emprise marchande. Ceux-là entrèrent dans la carrière bureaucratique et firent glorieusement partie des meilleurs rouages opérationnels de l’Etat et du marché (on pensera à tous les anciens trotskistes du PS - ndlr).

Il n’est aucun mouvement révolutionnaire qui n’ait été déterminé par le processus d’expansion de la marchandise car l’économie les brise sous le coup de libertés inspirées par la liberté du commerce, où se fondent bientôt de nouvelles tyrannies.

Pouvoir, Etat, religion, idéologies, armée, morale, gauche, droite… que tant d’abjections fussent envoyées lentement à la casse par un impérialisme de marché, inciterait sans doute à se réjouir si un soupçon de défiance ne démontrait qu’elles se reconvertissent et travaillent sous d’autres couleurs, le vert, par exemple, qui est aussi la couleur du dollar. Car, aussi démocratique que narquois, le consumérisme new look présente toujours la facture et l’obligation de l’acquitter.

Je tiens pour contraire à la volonté d’autonomie individuelle le sentiment, nécessairement désespéré, d’être en proie à une conjuration universelle de circonstances hostiles. Le négatif est l’alibi d’une résignation à n’être jamais soi, à ne saisir jamais sa propre richesse de vie. »

 

***

 

 "C’est sans conteste de l’inadaptation à la société du spectacle que viendra une nouvelle poésie du vécu, une réinvention de la vie. Dégonfler les rôles précipite la décomposition du temps spectaculaire au profit d l’espace-temps vécu." - R.V

 

Themroc de Claude Faraldo, sorti en mars 1973.

 

 La grande dépression - le saccage d'une société de la consommation et de tous les interdits ; retour aux fondamentaux : la femme gardienne du feu et du logis ; l'homme chasseur et pêcheur ; au menu de ce soir : du flic.

 "Themroc" ! Grogne le masculin ; "Rocthem !" répond l'écho féminin

 

***

 

  "Rien ne m’autorise à parler au nom des autres, je ne suis délégué que de moi-même et, pourtant, je suis constamment dominé par cette pensée que mon histoire n’est pas seulement une histoire personnelle, mais que je sers les intérêts d’hommes innombrables en vivant comme je vis et en m’efforçant de vivre plus intensément, plus librement. Chacun de mes amis est une collectivité qui a cessé de s’ignorer, chacun de nous sait qu’il agit pour les autres en agissant pour lui-même. C’est seulement dans ces conditions de transparence que peut se renforcer la participation authentique." - R.V

 

  Bartleby (1853) roman de Herman Melville adapté en 1976 par Maurice Ronet pour la télévision.

 

  Melville insiste : la folie de Bartleby n’est pas due qu’à la seule nature : « Imaginez un homme condamné par la nature et l’infortune à une blême désespérance ».

Difficile d’oublier le fait que Bartleby est un contemporain de Baudelaire, et à partir de là, difficile de ne pas penser à son poème Spleen du recueil « Les fleurs du mal » daté de 1857 ; poème symptôme de la grande peste mélancolique qui en Europe fait déjà des ravages.

 

 Pour prolonger, cliquez : Les meilleurs moments de lecture du traité de Vaneigem

 

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Raoul Vaneigem est né à Lessines (Hainaut, Belgique) le 21 mars 1934.

 

Avec Guy Debord, il participe activement à l'Internationale situationniste de 1961 à sa démission en 1970 : "Dégager la promesse de vie de chaque instant contre les détrousseurs du vécu, c’est apprendre à construire une situation."

 


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3 réactions à cet article    


  • cardom325 cardom325 11 juillet 2015 09:22

    Merci de remettre au goût du jour Raoul Vaneigem, je suis justement depuis quelques semaines en train de lire ce traité, çà demande du temps et de l’attention , aussi de prendre des notes, tant le texte est dense . Ce bouquin , sorti en 1967 , n’a pas pris une ride , c’est un constat lucide.....de la vraie philosophie , à la portée du peuple, pourvu qu’il décolle de son écran TV


    • cardom325 cardom325 11 juillet 2015 13:38

      peu de lecteurs pour votre article Serge, mais ne vous découragez pas, c’est bon signe, dans ce monde d’apparences , bien peu se laissent attirer vers la profondeur d’âme d’un philosophe

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