Turandot : Roberto Alagna, quel problème ? Un Calaf à l’unanimité des voix !
Roberto Alagna a été injustement critiqué lors de sa prestation de Turandot aux Chorégies d'Orange du samedi 21 juillet. Des problèmes de mycoses laryngées pourtant annoncées n'ont pas empêché des critiques vives et déplacées le traîtant de tous les noms d'incapables. Hier, il remportait un triomphe, même lieu, même rôle, avec une presse louangeuse mais bien hyprocrite...

Roberto Alagna vient de triompher dans Turandot aux Chorégies d'Orange après avoir laissé ses adorateurs trois jours dans un blues écrasant. Une mauvaise prestation due à une mycose laryngée provoquée par un dentiste imbécile lui avait valu des sifflets sur le fameux air Nessum dorma où ses quelques détracteurs l'attendaient. Passera ou passera pas le fameux contre-si ? Samedi 28 juillet, il n'est pas passé. Pour les adeptes de Puccini, Alagna classé verdien, et pour la première fois dans ce rôle de Calaf dont le registre demande d'autres performances que les statures romantiques dans lesquelles il excelle, chaque note sera pesée, soupesée, filtrée par un sas implacable où rien n'est toléré pas même à un malheureux hasard organique.
En parlant de hasard, il est parfois bien étrange. Plutôt dans un registre classique lyrique, mozartienne pour toujours, le Bel canto n'était pas jusqu'ici dans mes faveurs musicales. Le 7 juillet dernier, à Marseille, et grâce au concert exceptionnel organisé par l'Opéra de Marseille, je découvrais sur la place Bargemon un Roberto Alagna dont je ne soupçonnais pas la puissance magnétique, la voix évidemment sublime, la force sexuelle, et oui, bref, un charisme inouï dans une approche d'une grande simplicité. Je ne me doutais pas que neuf jours plus tard je le rencontrerais à une toute autre occasion…
Marseille, 7 juillet. Arrivée très en retard -le concert commençait quinze minutes plus tard, une foule énorme attendait, elle, depuis des heures-, je ne trouvais qu'une place avec une trentaine de personnes contre une barrière sur le côté latéral aveugle de la scène où bien évidemment je ne voyais rien de face. Par chance, Roberto Alagna ne pouvait que passer devant nous pour monter sur scène et attendre sur une chaise les changements orchestraux. La star avait-elle la grosse tête ? Cette promiscuité, quatre mètres tout au plus, ne pouvait qu'être dépecée avec délectation.
Environ un mètre soixante-quinze, un physique puissant, un visage poupin aux yeux bleus mobiles, Roberto Alagna avait parfaitement remarqué que notre pauvre situation nous empêchait de le voir chanter. Trois femmes autour de lui. Une maquilleuse, une attachée de presse (sa sœur, une sorte de duègne implacable), une jeune femme blonde, amoureuse ?, nous l'écoutions donc sans le voir et sans écran accessible. Peu importait d'ailleurs car la magie opéra sans problème ! Après les applaudissements de chacune de ses prestations, au repos, il nous parlait de sa chaise, envoyait des baisers à des femmes qui l'interpellaient, les gens étaient ravis ! On était bien mieux qu'en face. Le grand public avait le 'In', nous on avait le 'Off'.
Très disponible malgré sa concentration à chaque prochain tableau, une bouteille d'eau accessible, un petit coup de blush poudre par sa maquilleuse, un changement de costume en loge, et des mains qu'il serrait même à celles qui ne se tendaient pas. Evidemment, l'ensemble du public de face ne comprenait pas ces réactions décalées d'un petit coin proche de la scène qu'il ne voyait pas. Le concert s'est passé à la vitesse de 'sa' lumière. Sous le charme nous étions tous, et surtout toutes. Cerise sur le gâteau, au final et après les bis (il en a rajouté), les saluts que nous ne voyions pas et sous les ovations marseillaises, Roberto Alagna, qui ne pouvait sortir de scène que de notre côté, est apparu en haut des marches un superbe bouquet de fleurs dans les bras, illuminé par un large sourire de contentement. Cris de notre groupe, bravos délirants. Il nous fit taire d'un grand geste en avant, et, rien que pour nous, entonna un O sole mio à renverser la Bonne mère de son socle… A-DO-RA-BLE ! Et moi qui n'avais ni appareil photo, ni portable !
Quelques jours après cette soirée où je restais encore toute émoustillée, j'en discutais avec une amie qui me dit tout naturellement :
- Alagna ? Je le connais. Si tu veux on va demain soir à Orange où il répète Turandot. A 19h il doit parrainer un club de volley-ball, ASON, c'est privé, donc il n'y aura pas de monde, tu pourras discuter avec lui si tu veux.
ET COMMENT !
Le lendemain, 16 juillet, 18h30, Orange. Il fait beau et très chaud. Je suis armée de deux appareils numériques, un smartphone et un autre portable. Les nouveaux locaux du club ASON sont tout contre le théâtre antique, on ne peut rêver mieux comme emplacement. Quelques personnes sont déjà là à attendre que les portes s'ouvrent. Soudain, Roberto Alagna arrive flanqué d'une accompagnatrice. Il est superbe ! Elle est moche comme tout. Tout de lin écru vêtu, polo Jean-Paul Gaultier, mocassins souples d'été, crinière dorée, il est encore mieux au naturel que maquillé ou sur photos. Il est toujours très disponible et parle avec tous ceux qui s'approchent de lui.
Plus tard dans les locaux d'ASON, il paraphe aux côtés du président Emmanuel Purpan une magnifique photo du théâtre antique en 3D, "Mon jardin préféré, magique !" et sur un mur, "Ce n'est qu'un début !". Il se prêtera à toutes les demandes, on lui offrira un horrible maillot de l'équipe à son nom devant lequel il va s'extasier, il dira que "réunir le sport et la musique, je pense que c'est la plus belle chose que l'on puisse faire" et ne boira pas de champagne. Compte tenu de l'actualité d'aujourd'hui, Alagna devait être en plein traitement dentaire et les infinitésimaux champignons, muguet terrible du ténor en souffrance, devaient commencer à lui grignoter les cordes vocales qui lui vaudront douze jours plus tard, les sifflets du Turandot de ce maudit samedi.
Pour revenir à celui d'hier, splendide revanche alagnienne, et après avoir lu la presse professionnelle,Alagna a conquis les pucciniens. Admis il est dans cette autre cour magistrale que celle de Verdi. Pour ma part et à mon niveau, j'ai trouvé les costumes splendides, les décors et hologrammes remarquables et la mise en scène bien assurée. J'ai souri en entendant des pseudo Chinois parler italien, les noms des ministres Ping, Pang et Pong qui faisaient des petits pas comme s'ils avaient les pieds bandés et dire à Calaf "retourne vite chez toi pour prendre une corde et te pendre". J'ai estimé que l'esclave Liù (Maria Luigia Borsi) en faisait un peu trop pour une esclave, et, Turandot, Lise Lindstrom, fille du ciel, tueuse et psycho-rigide, magnifique dans ce rôle altier qui lui allait comme un gant. Ne connaissant pas la chute de cet opéra, je n'aurais jamais pu partager ces good vibrationsorangeoises sans le sous-titrage comme pour les trois énigmes et les mots à découvrir. En ce qui concerne Calaf, je suis restée scotchée aux lèvres sublimes du superbe Roberto-Calaf-Alagna emportée par des flots de testostérone virtuels ! J'ai eu peur devant ses doutes, tremblé pendant le sacré "Nessum dorma" en attendant le fameux contre-si sur l'ultime syllabe de "Je te veux mien-NEEE !" qui n'a pas duré autant que celui de Pavarotti paraît-il mais bon, on s'en fout, Pavarotti est mort et il était laid comme un pou. Bref, Roberto l'a fait. ENJOY !
A Orange ? Le 16 juillet ? Evidemment que j'ai discuté avec lui, mais ça, ça reste entre nous…
Pluzz France 3. Turandot du 31.07.12. à voir sur le site pendant une semaine. Pour le fameux Nessum dorma au début du 3ème acte, mettre le curseur à 2h45s.
Arrivée de Roberto Alagna le samedi 16 juillet, Orange, 1.8h30, aux locaux d'ASON (Photo C-H)
Roberto Alagna et Emmanuel Purpan, président de l'ASON (Photo C-H)
Signature de l'affiche 3D du théâtre antique (photo C-H)
"Mon jardin préféré... Magique !" (Photo C-H)
Quelle allure ! Et en Jean-Paul Gaultier...
Vue du théâtre antique des locaux d'ASON (Photo C-H)
Photos persos Cixi-Hélène
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