Twilight c’est cool !
Fan de Twilight, j’avais envie d’exprimer ma lassitude devant la condescendance avec laquelle certains (nombreux !) critiquent les livres, l’auteur, les personnages, les films, les acteurs, les blogs et les fans de cette saga.
On entend partout : Twilight est le résultat d’une industrie pour des petites filles, en mal d’amour, en proie à des changements hormonaux ; une industrie qui les utilise pour faire la promotion gratuite de l’œuvre de Meyer et en plus les arnaquent en leur vendant les plus incroyables babioles.
On essaie de des-enchanter le livre : ça rassemble à Harry Potter (c’est écrit par une mère au foyer) ; la littérature bit-lit est à la mode (le vampire incarne les peurs des adolescents, les changements de la société de consommation) ; l’héroïne principale est tellement fade et maladroite que les petites filles peuvent s’y identifier ; la chasteté avant le mariage est très prisée dans l’Amérique profonde (le film a été soutenu par ceux qui pensent comme Sarah Palin) ; c’est écrit par une femme qui ne sait pas écrire (pas un vrai écrivain) ; l’histoire est classique (inspirée de quelques grands romans d’amour universels) … etc. etc …
Et ça continue dans le même esprit avec les films, les acteurs … à n’en plus finir. On ne comprend pas pourquoi un tel succès : les livres sont mauvais, l’histoire banale, les films pas très réussis, les acteurs pas si bons, les fans un peu stupides …
J’ai envie de dire qu’à force d’analyser les failles, on ne voit plus la montagne. Comme n’importe quel évènement exceptionnel, ce phénomène est l’aboutissement d’une heureuse rencontre. Une rencontre entre un besoin, un produit, un contexte et une opportunité.
Développons, voulez-vous :
Un besoin : le besoin d’euphorie collective. La fin de l’engouement Harry Potter à laissé un vide : celui de vibrer à l’unisson avec de nombreux autres fans, d’attendre le souffle coupé la sortie du prochain épisode, de lire alors qu’on n’est pas censé lire, de participer à un évènement qui nous inclut et nous dépasse …
Un contexte : l’existence d’internet, de Twitter, de YouTube, des blogs …. à quoi bon toute cette technologie qui nous permet de faire tant de choses ... de communiquer, de créer, de débattre ... s’il nous manque l’objet qui nous provoque, nous émoustille, nous fait tous parler de la même chose … C’est comme on si avait une superbe robe, un prince charmant, une super carrosse, mais pas de bal !
Un produit : un livre accessible, en plusieurs tomes, écrit par une bonne conteuse, des films pleins d’émotion (paysages magnifiques, musique merveilleuse, baiser romantique, tension sexuelle, triangle amoureux, muscles, action), des acteurs peu connus, jeunes, modestes.
Une occasion : l’ouverture vers les blogs … une occasion de s’exprimer, d’être pris en compte, d’être reconnu (convention de fans, avant-première réservée, concours du meilleur blog) … une possibilité de se mobiliser pour un but commun (tel sauver Pattinson des paparazzi), une opportunité d’être connecté, impliqué, responsable, créatif, capable, engagé ...
Et si en fait, au lieu de voir le phénomène Twilight comme le produit d’un marketing viral très réussi, on le regarderait plutôt comme le succès d’une tentative de prise de pouvoir par les fans. Ébréché l’autorité des critiques hautains qui décident quels livres lire et quels films regarder ! Le fans veulent participer à la prise de décisions dans les rédactions et dans les maisons de production … les fans veulent s’exprimer sur le choix de l’acteur qui incarnera le héros principal, sur le choix des manuscrits à publier, veulent inventer de nouveaux codes de conduite fan-paparazzi-artistes-producteur-auteur, veulent instaurer l’ère du fan impliqué.
C’est peut-être là la raison du succès de la saga : les fans ont voulu montrer leur crocs (végétariens, bien sûr).
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