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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Un chef-d’œuvre de Caillebotte, valant 43 millions (...)

Un chef-d’œuvre de Caillebotte, valant 43 millions d’€, au musée d’Orsay !

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Youpi ! C’est tout frais, on l’a appris lundi dernier, par voie de presse, un tableau magnifique signé Gustave Caillebotte (1848, Paris - 1894, Gennevilliers, ©photos V. De.), La Partie de bateau, ou Le Canotier au chapeau haut-de-forme (1878, huile sur toile, 90 x 117 cm), jette l’ancre au musée d’Orsay. Depuis mardi dernier (le 31 janvier), il est exposé à la vue de tous au sein des collections permanentes, au 5ème étage, à proximité notamment de Renoir, de sa ravissante Balançoire, et de son non moins célèbre Bal du moulin de la Galette, tableau phare de l’impressionnisme, ce courant artistique, toujours très populaire de nos jours, de la fin du XIXe siècle, avec tous ses artistes peintres, dont Caillebotte, mais aussi Paul Cézanne, Edgar Degas, Claude Monet, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Auguste Renoir et autres Alfred Sisley, qui voulaient, via une touche morcelée et des jeux variés de lumière et de la couleur captée au fil des heures et des saisons, être les témoins de leur temps, de sa modernité, en célébrant le Paris des gares, des cafés et des avenues ainsi que les loisirs sur le littoral, les plages sont mises à la mode sous le Second Empire, et en bord de Seine, en banlieue, peignant alors des paysages où l’industrie pointe déjà.

On peut le dire, c'est la très bonne nouvelle de la semaine, cet authentique chef-d'œuvre de Gustave Caillebotte (d’une valeur de 43 millions d'€ ; ce peintre impressionniste, après un long purgatoire, se voit revalorisé de manière significative depuis les années 1970), qui a été classé à raison « trésor national » en janvier 2020 (en mars dernier, le Journal officiel déclarait : « Par son iconographie, son style, sa modernité et son historique, cette œuvre apparaît ainsi comme l’une des œuvres les plus importantes de l’artiste et un jalon inventif dans la peinture des années 1870 »), accoste définitivement au musée d'Orsay – bref, encore une bonne raison de se rendre à Orsay ! Musée ô combien passionnant, relatant, par les arts plastiques, le XIXe siècle et ses contradictions ! Au carrefour de plein de visions différentes, voire antagonistes, du médium peinture. Alors, il faut savoir qu’il ne s’agit pas d’une préemption, ce deal-là étant quand l’œuvre convoitée passe au sein de toute vente publique d'œuvres d'art ou sur toute vente de gré à gré d'œuvres. Pour rappel, le « droit de préemption » est l'avantage qui est donné à quelqu'un, ou une entité (l’État, par exemple), soit par la loi soit par une disposition contractuelle, de pouvoir se substituer à l'acquéreur d'un droit ou d'un bien pour en faire directement l'acquisition à sa place et dans les mêmes conditions que ce dernier, ainsi, l’État, via ce droit de préemption, se trouve subrogé, autrement dit, se substitue, à l'adjudicataire ou à l'acheteur. Ici, concernant cette Partie de bateau, cela vient directement de la famille, des héritiers de l’artiste, il était resté jusqu’à nos jours dans les collections familiales de l’artiste, et la somme rondelette des 43 millions d'€ nécessaires à son acquisition vient bien du groupe privé LVMH, agissant en tant que mécène, ce geste étant, on le sait bien, personne n’est dupe !, des plus bénéfiques pour son image « morale » de marque « bienfaitrice »…

Cette acquisition spectaculaire s’est faite grâce à l'action efficace de Christophe Leribault, président du musée élu récemment à l'Académie des beaux-arts, telle, je le cite, une « opération commando » menée avec l’ État pendant trente mois, et au mécénat du groupe de luxe LVMH ; Jean-Paul Claverie, conseiller de Bernard Arnault, PDG de LVMH, ne cache pas que c’est désormais un grand plaisir de compter à Orsay « l’un des derniers chefs-d’œuvre de l’impressionnisme encore en mains privées, précisant, devait-on rester indifférent à ce qu’un tel chef-d’œuvre quitte notre pays pour l’étranger ? » Très juste ! Et Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture , d’ajouter : « je me réjouis que ce chef-d'œuvre vienne enrichir le patrimoine de la Nation et puisse être présenté dans plusieurs villes de France », avant de poursuivre « C'est la première fois qu'une telle itinérance sera organisée pour un "trésor national". »

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y aura au moins un double événement dans un futur proche pour fêter Caillebotte : cette peinture Partie de bateau participera tant à un événement de groupe célébrant les 150 ans de l'impressionnisme prévu en 2024 qu'à une manifestation, en tant que tableau phare, à Orsay, focussant sur Gustave Caillebotte, dans le cadre d’une rétrospective qui réunira notamment le legs Caillebotte en accompagnant le 130e anniversaire de la mort de l’artiste et qui démarrera en septembre 2024 pour voyager ensuite au Getty Museum de Los Angeles et à l’Art Institute de Chicago, le tout visant à rappeler comme il se doit l’importance historique, et son apport à la modernité, de ce peintre fortuné issu d'un milieu très aisé, collectionneur, mécène éclairé, organisateur d'expos impressionnistes de 1877 à 1882 et horticulteur, le jardinage étant une de ses nombreuses passions avec le nautisme et la philatélie, sans oublier bien sûr dame Peinture ! Concernant l’itinérance à venir de ce tableau, qui symbolise en image figée - la peinture - le mouvement (représentant un homme élégant qui pagaye sur l’eau), ce trésor national, qui « donne l’impression au spectateur de faire partie du tableau  », dixit le Journal officiel, fera, telle une rock star !, pour la première fois dans l’Hexagone, une tournée dans les musées français pour offrir à tout un chacun la chance de pouvoir le contempler : son itinérance commencera en 2024 au musée des Beaux-Arts de Lyon ; les étapes suivantes seront prochainement annoncées par le musée d’Orsay. Ainsi, afin de marquer l’anniversaire de la première exposition de l’impressionnisme, qui eut lieu le 15 avril 1874, plusieurs expos-événements célébreront les peintres à l’origine de ce courant artistique des plus novateurs. Tout compte fait, l'arrivée de cette Partie de bateau est de bon augure, en tant que teaser pour annoncer sa future grande rétrospective prévue à l'automne 2024 et pour se servir sur place : Orsay peut désormais bomber le torse ! Il compte désormais onze peintures de Caillebotte, cet artiste mort prématurément (à 45 ans, d’une congestion cérébrale alors qu’il travaillait dans son jardin à un paysage) ayant quelque 500 peintures personnelles à son actif (475 tableaux, histoire d'être précis !), est tout de même moins bien loti que Manet (33), Degas (39), Pissarro (45), Renoir (82) et autres Monet (88 !), mais il fait mieux que les femmes telles Berthe Morisot et Mary Cassatt, restant hélas encore trop en retrait dans cette vénérable institution.

Pour rappel, une expo-rétrospective organisée par le musée d'Orsay lui avait été dédiée en 1994 au Grand Palais, la dernière exposition le célébrant à Paris, c'était au musée Jacquemart-André en 2011, qui avait moins focalisé sur son rôle actif pour soutenir financièrement, et toujours discrètement, les Impressionnistes (cet « ami des Impressionnistes » collectionnait, entre autres, Renoir, avec qui au Petit-Gennevilliers, sa propriété avec serre près d'Argenteuil, il conversait beaucoup sur l'art, la politique, la philosophie et la littérature, Monet, Manet et Cézanne), que sur sa démarche d'artiste peintre, revue particulièrement à la hausse depuis les années 1990 parce qu'à la croisée des chemins, entre réalisme (de Courbet à l'art photographique, à préciser que son frère Martial, compositeur et pianiste, était aussi photographe, et il annonce l'Américain Hopper), impressionnisme (le pleinairisme, la touche libre, non assujettie au dessin) et cinéma en peinture ; la preuve en est d'ailleurs ce magnifique Caillebotte cinématographique.

Gustave Caillebotte est bel et bien désormais reconnu comme une figure centrale de ce mouvement artistique majeur qu’est l’impressionnisme, ce que les Américains, le collectionnant beaucoup plus que nous (il y a encore nombre de Caillebotte, et non des moindres, en mains privées aux States, sans parler des musées américains dont le musée Getty de Los Angeles qui s'est offert en novembre 2021 pour 53 millions d'€ (record actuel pour des enchères de ce peintre hexagonal !) un autre chef-d'œuvre de l'artiste, à savoir Jeune homme à la fenêtre (1876, huile sur toile, 117 x 82 cm), ainsi que l'Art Institute de Chicago qui possède la Joconde de cet Impressionniste de plus en plus coté, le très urbain aux gris somptueux Rue de Paris, temps de pluie, 1877), avaient compris bien avant les Français. Mais, c'est bien connu, nul n'est prophète en son pays.

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« Les Soleils », vers 1885, Gustave Caillebotte

Il y a quelques mois, des Tournesols solaires de Caillebotte (Les soleils, jardin du Petit Gennevilliers, vers 1885, huile sur toile), nouvellement acquis par Orsay (par dation en paiement de droits de donation, 2022, précise le cartel du musée), nous régalaient déjà, avec un traitement de surface à la Hopper avant l’heure et une ligne d'horizon placée très haute, tournesols irradiants envahissant la toile au point d’être comme tentés par le all-over (ou de la modernité de Caillebotte, soit dit en passant). Puis, voilà que nous arrive cette magnifique Partie de bateau d’une présence folle sur une cimaise quand on la voit en vrai, authentique chef-d’œuvre agrémenté d’une composition immersive audacieuse : on est dans la barque avec ce canotier ramant sur une rivière d'Ile-de-France, l'Yerres (Essonne). C’est un tableau d’importance pour Orsay car, d’une part, il montre l’évolution du style de l’artiste qui, au fil du temps, lui qui a fait son apprentissage chez Léon Bonnat, peintre académique encore marqué par le clair-obscur de Velázquez et le ténébrisme du Caravage, éclaircit sa palette pour réaliser une peinture de plein air plus colorée et, d’autre part, le musée d’Orsay ne possédait pas encore de toile conséquente consacrée à cette période du peintre dédiée aux sports nautiques, loisir moderne venu d’Angleterre ; Caillebotte s’était inscrit en 1876 au Cercle de la voile de Paris, il plante ici le décor de sa toile sur l'Yerres, avec cette scène de sport nautique montrant un charmant canotier en train de ramer, sachant que le peintre avait une maison de vacances située sur les rives de ce cours d’eau, un affluent du fleuve La Seine ; la Maison Caillebotte à Yerres, musée, se visite d’ailleurs toujours à l’heure actuelle et son parc, quand vient le printemps, avec toutes ses floraisons, est un ravissement pour l’œil et l’esprit.

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« En bateau », 1874, Edouard Manet

Partie de bateau : qu’y voit-on ? Un homme bien sapé, il porte même un nœud papillon et un chapeau haut de forme, en bras de chemise rayée, sa veste est posée sur le côté dans la barque effilée, en train de ramer tout en regardant l’horizon. Qui est avec lui dans l’embarcation ? Une femme ? Il porte beau, son intention est-elle de séduire ? Mystère. Qui est le monsieur représenté ? Identité inconnue également. Peut-être d’ailleurs s’agit-il d’un autoportrait (masqué) : l’artiste portait aussi la barbe, était très élégant mais avec un air assez sévère sur les photos d’archives qu’il nous reste de lui et de sa famille. Ce qui est fort probable, c’est que ce tableau, qui n’a rien de bateau, prend pour inspiration Degas, l’autre grand peintre de l’impressionnisme avec Caillebotte dont les cadrages très originaux sont annonciateurs du cinéma (ce n’est pas pour rien que le maestro Sergio Leone a puisé chez Degas afin de réaliser son ultime chef-d’œuvre crépusculaire, l’inoubliable Il était une fois en Amérique, 1984) mais, surtout, un tableau de Manet, également magnifique : En Bateau, 1874, huile sur toile du Metropolitan Museum of Art. L’historien de l’art Stéphane Guégan, conseiller scientifique au musée d’Orsay, note ceci dans son beau livre d’art Caillebotte, peintre des extrêmes (aux éditions Hazan, 2021, son ouvrage a d’ailleurs pour couve un détail de cette Partie de bateau, en pages 110-111) : « Le Cadrage japonisant active l’impression de mouvement saccadé et d’immersion heureuse. Deux canotiers, en tenue sportive, eux progressent lentement en sens inverse, ils vont se croiser, leur rencontre est imminente, harmonieuse. Caillebotte se mesure au Manet d’En bateau, peint en 1874, exposé rue de Saint-Pétersbourg en 1876 et présenté au Salon de 1879, où Gustave le revoit. "Le tableau de Manet – tableau de salon – Les Canotiers [sic], vous le connaissez, c’est très beau", écrit-il à Monet. »

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Il était une fois Gustave Caillebotte, dans Paris, place du Carrousel, avec Bergère, 1892. Photographie

Avec cette Partie de bateau immersive, on est, d’après moi, non seulement avec Caillebotte, si proche (cadrage de près), si loin (son air absent), mais aussi chez le cinéaste Jean Renoir : car cadrage hautement cinématographique. Hormis le moyen métrage Partie de campagne (1946), décrivant admirablement une « journée à la campagne » pour déjeuner sur l’herbe au bord de l’eau, auquel on pense aussitôt, on peut aussi avoir en mémoire, devant, d’autres fictions, tels l'admirable Van Gogh (1991) de Pialat, avec Dutronc, dans le rôle de sa vie, interprétant le peintre hollandais possédé par la peinture, sa seule maîtresse, mais qui, par intermittences, s'accorde tout de même quelques plages de répit et d’égarement au bord de l'eau, au beau milieu des herbes hautes, parmi les jolies filles faciles et les joyeux canotiers en goguette, ou encore La Belle Équipe (1936), signé Julien Duvivier, avec Jean, Charles, Raymond, Jacques et Mario, ces cinq amis ouvriers au chômage, dont Jean Gabin, qui gagnent à la loterie puis s’offrent une guinguette en bord de Marne (en vrai, un vieux lavoir de banlieue en ruine qu'ils transforment en riant resto en plein air). Film mythique célébrant le farniente, les plaisirs de la vie et l'art de vivre à la française, tourné sur une île de Chennevières sur Marne. Devant le Caillebotte, on a presque envie de l'entendre, ce personnage masculin, bien vêtu, tel un milord relax pour faire du sport !, conter fleurette à une galante, bouche cerise humide entrouverte et ombrelle en main gantée, au son de l'accordéon de la chanson enjouée Quand on s'promène au bord de l'eau chantée par Gabin qui, soit dit en passant, avait démarré sa carrière dans le music-hall, poursuivant : « Paris au loin nous semble une prison, on a le cœur plein de chansons.  » On s'y croirait ! Avec, ma foi, l’irrésistible envie d'être à la place du gentleman de la toile. En fait, ce tableau admirable est non seulement un sacré morceau de peinture, via sa composition originale et ses touches épaisses, fluides et généreuses, superbement envoyées (qu'on aimerait savoir peindre comme lui !), notamment pour traduire les plis du gilet tailleur comme autant de petites vaguelettes et le frémissement de l'eau, mais il est également une fenêtre ouverte sur l'imaginaire pour, à loisir, se faire son cinéma avec, « sans pognon et sans caméra », comme le chantait si bien Claude Nougaro.

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Christophe Leribault, président du musée d’Orsay, devant le tableau nouvellement acquis signé Caillebotte, février 2023, photo V. De.

Bref, voilà ce qu'on appelle un chef-d'œuvre et il est POUR NOUS au musée d'Orsay, institution publique, et non pas chez un gros richard pour satisfaire son seul plaisir égoïste plastronnant avec, tel un signe extérieur de richesse, alors comment ne pas s'en réjouir - alléluia !

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« Portrait de l’artiste », vers 1892, Gustave Caillebotte

Eh oui, voilà, pour notre plus grand plaisir, onze Caillebotte sont désormais à Orsay, sachant que les collections nationales françaises ne comptaient jusqu’à présent que quatorze œuvres de Caillebotte, sans oublier, qu’à côté de tableaux très forts de celui-ci (Partie de bateau, donc) au musée d’Orsay, tels le magnifique Toits sous la neige (1878) et l’austère petit (auto) Portrait de l’artiste (vers 1892) aux gris cendrés subtils, se trouve l'un des grands chefs-d'œuvre de Caillebotte, mais également fleuron de l’Impressionnisme (les gens viennent du monde entier pour le voir, avec toujours du monde devant !), les fameux Raboteurs de parquet (1875), à la perspective saisissante, tableau iconique absent au musée pour l'instant, mais bientôt de retour d'Abu Dhabi - ouf ; d'ailleurs, Christophe Leribault, rencontré par hasard à proximité de cette nouvelle acquisition (Partie de bateau) le jour de ma visite (mercredi dernier), faisait remarquer, au fil de l'eau (de la peinture) et de la discussion, que l'arrivée d'un tel tableau est une chance pour le musée et les visiteurs que nous sommes tous, non seulement pour sa qualité intrinsèque indéniable, « mais également pour l'intérêt qu'il va susciter auprès d'autres musées, notamment internationaux, pour se le faire prêter, ce qui nous mettra ainsi en position de force pour, selon un échange de bons procédés, se faire prêter d'autres pièces, d'importance, en vue de contribuer à des expos-événements temporaires à venir. » Et lorsqu'on lui demande si d'autres Caillebotte sont à venir, en continuant sur cette lancée enthousiasmante (Caillebotte est l’un de mes peintres de prédilection), Christophe Leribault, arrivé il y a tout juste un an à la tête d'Orsay, et élu tout récemment à l'Académie des beaux-arts, répond non sans humour – « Pas à ma connaissance mais bon, attendez, deux beaux Caillebotte (Les Tournesols, La Partie de bateau) en un an, c'est tout de même pas mal ! » On ne le lui fait pas dire !

C'est une sacré belle prise, autrement dit l'entrée d'un gros poisson, très accrocheur (composition immersive originale et moderne, on l’a vu), dans ce formidable musée-fleuve qu'est Orsay consacré tout particulièrement à l'impressionnisme, soleil levant ou pétant, musée fin de siècle à la croisée des chemins du classicisme (Ingres), voire de l'académisme (les Pompiers au rez-de-chaussée annonciateurs du cinéma à grand spectacle et du péplum), du réalisme à la Courbet et du naturalisme impressionniste qui finira par déboucher sur l'expressionnisme ardent d'un certain écorché vif maudit, et moderne, de la peinture, le soleil noir Vincent Van Gogh : mais là, le peintre à l’oreille coupée, c’est une autre histoire. Pour en revenir à ce cher Gustave, artiste expérimentateur attachant tant pour ses peintures audacieuses que pour ses maladresses, ou « beaux ratages » (attention, il ne réussit pas tout ! On peut trouver parfois chez lui perspectives hasardeuses et compositions quelque peu incongrues ; un critique de l’époque, Émile Porcheron (complètement oublié depuis), disait même qu’avec ses célèbres Raboteurs il « martyrisait la perspective » !), hâte en tout cas de retourner à Orsay pour (re)voir cette toile de maître : cher Caillebotte, bienvenue à la maison !


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29 réactions à cet article    


  • Samy Levrai samy Levrai 3 février 2023 16:10

    Ca fait très colonisé euro atlantiste que de parler du prix comme gage de beauté ( comme au cinéma ), la marchandisation américaine en marche.


    • charlyposte charlyposte 3 février 2023 16:44

      @samy Levrai
      Comme quoi entre l’art ( le lard ) et le cochon il y a le prix qui vaut sûrement deux veaux d’or smiley


    • Sirius paparazzo 3 février 2023 16:49

      @charlyposte

      L’Europe est passionnée par l’histoire de l’art, les États-Unis par l’histoire dollar et les binationaux cosmopolites et apatrides par les deux-en-un.


    • charlyposte charlyposte 3 février 2023 16:56

      @samy Levrai
      En ajoutant une vache sacrée et une vache à lait smiley


    • L'apostilleur L’apostilleur 4 février 2023 11:05

      @samy Levrai
      « ...Ca fait très colonisé euro atlantiste que de parler du prix comme gage de beauté... »
      Qui a dit ça ?
      Le prix représente plus souvent l’intérêt qu’y trouve une majorité soit pour l’oeuvre, soit pour la notoriété avérée de l’artiste, hors l’art contemporain spéculatif.
      Le prix c’est comme une salle de concert, un rappeur mesure sa notoriété au taux de remplissage et donc à son chiffre d’affaire. Est-ce pour autant un critère de beauté ?
      (On peut remplacer beauté par succès)


    • Sirius paparazzo 3 février 2023 16:38

      Une belle cible pour les petits profanateurs énervés, na !




      • charlyposte charlyposte 3 février 2023 16:46

        @paparazzo
        Je propose de déboulonner un grand nombre de peinture sans être pour autant un écolo smiley


      • Sirius paparazzo 3 février 2023 17:05

        @charlyposte

        ils n’ont que la valeur que les collectionneurs et les experts leur donnent à un moment donné, en fonction du contexte historique
        il suffit de les décrocher
        j’ai vu un film dont j’ai oublié le nom dont l’intrique résidait dans la recherche d’un peintre mythique disparu des écrans radars
        comme thriller, ça valait pas grand chose et la chute était un peu bateau : l’enquêteur expert débusquait l’artiste dans sa cachette et découvrait qu’il n’avait jamais rien peint et que l’auteur du canular était un collectionneur qui hébergeait l’artiste et avait réalisé la spéculation parfaite : faire monter les enchères pour quelque chose qui n’existe pas
        ce qui était intéressant, ce n’était pas ça, mais une démonstration faite en début de film dans une conférence donnée par cet expert enquêteur où il présentait comme un chef-d’œuvre une croute qu’il avait peinte la veille en dramatisant la biographie inventée d’un auteur imaginaire. le public était prêt à acheter très cher ce qui était une imposture
        c’était un peu comme pour Jean-Baptiste Botul.


      • Vincent Delaury Vincent Delaury 3 février 2023 19:40

        @paparazzo Vous avez un très bon film sur ça : la peinture, le storytelling vendeur, l’imposture et la question de la cote (montée/descente) dans le secteur du marché et de l’histoire de l’art, c’est « Big Eyes » (2014), avec Christoph Waltz et Amy Adams, de Tim Burton, s’inspirant de l’histoire des époux Keane.  smiley

        Concernant Gustave Caillebotte, je pense qu’il y aurait un grand film de fiction à faire sur lui ; sa mort prématurée, ses multiples passions, ses liens avec les Impressionnistes et avec son frère Martial, artiste aussi, ses hésitations en peinture, etc., c’est un personnage romanesque à souhait. 


      • sylvie 3 février 2023 17:57

        Incroyable cette lumière.


        • charlyposte charlyposte 4 février 2023 10:42

          @LOST on Earth
          Ça vaut à minima 80 millions d’euros mon cher Louis ! et la lumière fut smiley


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 3 février 2023 19:30

          Effectivement très très belle toile...


          • charlyposte charlyposte 4 février 2023 10:42

            @Aita Pea Pea
            T’achète ?


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 4 février 2023 15:33

            @charlyposte
            Au mètre carré j’ai accès qu’a Valentine.


          • Pie 3,14 3 février 2023 19:31

            Merci pour ce bel article, bien informé et enthousiaste.

            Effectivement Caillebotte sous-estimé pendant trop longtemps a surtout fait les beaux jours des musées américains et des collectionneurs privés. 

            Pourtant c’est un peintre majeur. Il est réaliste comme tous les impressionnistes, il allie une grande maîtrise classique (le raccourci des bras du rameur est parfait) aux techniques « modernes » de son époque. Comme beaucoup il collectionnait des photographies et ses découpages sont photographiques. 

            Il y a un magnifique tableau de Caillebotte au musée des beaux Arts de Rouen intitulé « dans un café » (1880 hst).


            • Vincent Delaury Vincent Delaury 3 février 2023 19:41

              @Pie 3,14
              Merci pour ce retour. smiley



            • S.B. S.B. 3 février 2023 21:00

              Il peint comme on prend une photo : pour fixer un instant fugace, en plein mouvement.

              L’autoportrait est saisissant. C’est une photo.


              • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 3 février 2023 21:25

                @S.B.
                En beaucoup beaucoup mieux.


              • S.B. S.B. 4 février 2023 14:22

                @Aita Pea Pea
                Je ne sais pas mais il est clair que cet autoportrait montre un talent exceptionnel. Peut-être que fréquenter de près un photographe, à cette époque où la photo était une révolution, a infusé en lui d’une quelconque façon. Car il est évident pour moi que ce peintre a un œil de photographe. 


              • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 4 février 2023 14:40

                @S.B.
                L’auteur en parle .


              • L'apostilleur L’apostilleur 4 février 2023 10:23

                @ l’auteur 

                « ...son acquisition vient bien du groupe privé LVMH, agissant en tant que mécène, ce geste étant, on le sait bien, personne n’est dupe !, des plus bénéfiques pour son image... »

                Qu’aurait-on dit s’il avait quitté la France ?

                Bon, d’accord, l’heure n’est pas à féliciter notre milliardaire qui sait mieux que nous que le mécénat est une « nécéssité » pour les trop riches.



                • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 4 février 2023 11:12

                  @L’apostilleur
                  D’autant qu’il investi a longueur de temps et encore plus dans des kooneries .


                • L'apostilleur L’apostilleur 4 février 2023 12:01

                  @Aita Pea Pea
                  L’art plus encore que la politique est source de controveres. 
                  Personne n’a raison, seuls les avis comptent. 


                • Vincent Delaury Vincent Delaury 4 février 2023 13:47

                  @L’apostilleur « Qu’aurait-on dit s’il avait quitté la France ? »

                  Tout à fait ! smiley

                  Et merci pour vos retours. 


                • L'apostilleur L’apostilleur 4 février 2023 10:36

                  @ l’auteur 

                  « ...ce peintre impressionniste, après un long purgatoire... »

                  Le fromage a longtemps été plus connu que le peintre smiley

                  Votre excellente contribution incitera à retourner à Orsay.



                  • Seth 4 février 2023 17:05

                    L’entrejambe est très présent, très précis et quasi-central... smiley


                    • agent ananas agent ananas 5 février 2023 11:39

                      Ça fait cher la croûte ...

                      Côté peinture je préfère les peintres de la Renaissance dont j’ai eu le privilège d’admirer leurs œuvres à la Galleria degli Uffizi à Florence en novembre dernier.

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