Un « navet » au musée
Les productions cinéma pour les enfants sont assez rares. Il n’y en a pas toutes les semaines. Nous avions déjà pu éviter le Besson pour gamins tout récent, alors va pour « Une nuit au musée », que j’ai vu en famille. Je vous recommande fortement d’éviter. Même le DVD ou la mule qui ne risque d’ailleurs pas de s’en charger.
Idée et trame générale
L’idée de départ est sur l’affiche, donc vous la connaissez : un type se retrouve dans un musée dont les pensionnaires s’animent la nuit. Un bon cadre pour un film. La trame tenait la route également : cet homme se prenait pour un type extraordinaire, inventeur, PDG, etc. ; la réalité avait commencé à le remettre à sa place, comme elle fait d’habitude, sans douceur ni cruauté, à coup de chômage, divorce, expulsion et déception du fils unique. Au pied du mur, il accepte un boulot minable, gardien de nuit d’un musée, et il remonte la pente. Rebondissements divers et happy end : le père peut, enfin, aller fièrement à la journée de présentation de son métier à l’école et le fils est enfin convaincu que son père est un type ordinaire et néanmoins extraordinaire. Bon, RAS, ce qui compte c’est ce qui se passe sur l’écran entre le début et la fin ; et là, c’est raté.
Scénario
Le scénario n’est pas à la hauteur. Gérer les pensionnaires du musée, séduire une accorte guide ou son ex., redevenir un père présentable, etc., ça faisait déjà de quoi faire un bon film et 10 saisons de sitcom pour enchaîner, dans n’importe quelle veine (tragique, comique, psychologique, farce, etc.) et même plusieurs à la fois pour un bon réalisateur. Raté : ce riche filon est ravagé en trois coups de cuillère à pot, et tout ça pour quoi ? Pour coller des « méchants » ridicules dans une intrigue à la graisse de hamster, aussi mince, transparente et courte qu’une feuille de papier à cigarette. Et factice, en plus. Je n’arrive pas à décider si le plus consternant c’est ce qui a été mis à l’écran, ou si c’est le goût de gâchis amer que ça laisse compte tenu des merveilleuses possibilités de la situation de base...
Interprétation
Les troisièmes rôles s’en sortent bien, et même très bien parfois, dans quelques rares scènes où ils n’ont qu’une image pour faire ressentir leur situation et leur émotion. Le contraste n’en est que plus cruel pour l’acteur principal : comme si mal jouer était sa façon de participer au désastre... Or il prend une place énorme sur l’écran ; en fait, il n’y en a quasiment que pour lui (comme sur l’affiche !), les autres nombreux personnages se partageant la maigre place restante. Pas de seconds rôles, donc.
Soulignons au passage l’étrange traitement frappant les autres personnages masculins : le directeur du musée comme le remplaçant du héros dans le cœur de son ex-épouse ressemblent l’un et l’autre à des sortes de folles hystériques et néanmoins asexulles. J’imagine, bien que n’ayant pas lu le bouquin qui a servi de base, que cela pouvait s’y trouver, mais que le lecteur pouvait facilement percer qu’il ne s’agissait là que du point de vue déformé et biaisé d’un héros à la dérive. Dans le film, cette hauteur de vue n’existe pas. Les trois actrices s’en sortent plutôt bien, en dépit de personnages à la mesure du reste (falots et incohérents) et d’une place réduite à moins que rien. Le fils aussi s’en sort bien.
Ambiance
Décor et costumes : rien à dire. Effets spéciaux : classiques. Les divers techniciens ont fait honnêtement leur boulot, eux. Mais comme c’est un boulot modeste dont la principale qualité est d’être invisible, ça ne sauve pas le film. L’ambiance reste factice, malgré eux.
Morale
L’Histoire, c’est important : message lourdingue et explicite qui est malheureusement contredit par les incohérences et les erreurs... L’Homme peut dompter la création entière, y compris Tyrannosaurus Rex, les doigts dans le nez et sans manuel. Pas besoin de travailler et construire vraiment, un peu de culture (modèle Trivial Pursuit : quel mot secret servait à faire stopper les chevaux des diligences du Far West ?) et quelques idées suffisent pour s’en sortir. Attila souffre parce que papa est parti, il faut le soigner (donc que papa rentre à la maison) et tout ira bien. Par contre, la momie peut bien avoir tapé toutes les nuits pendant 50 ans ou l’éternité pour sortir de son sarcophage, ça ne va pas altérer son humeur, et un cro-magnon peut bien se faire réduire en poussière, ce n’est pas grave. Il faut rester unis, se battre ensemble, et non se battre les uns contre les autres... Par contre, se battre contre un « autre », même si c’est un ancien des nôtres, ça c’est OK.
Papa est un type super, extraordinaire,
même s’il n’est que gardien de nuit d’un musée. Son
patron est un débile pas méchant et beau-papa est un
crétin ordinaire et sans importance, même si il a son
grand bureau en haut d’une tour, quinze téléphones
portables et qu’il ramène gentiment des tonnes de fric. Maman
est sympa, gentille et compréhensive, bref super, mais elle
ne compte pas ; sa remplaçante itou, et ses étude
archisupérieures ne l’empêchent pas de rester une
midinette. Les femmes doivent faire confiance aux mecs, les soigner
quand ils se font couper en deux, découvrir l’eau chaude et
c’est tout (non, pas de sexe, et je n’ai pas vu la moindre allusion,
d’ailleurs). Théodore Roosevelt et les figures de cire sont
des héros et des guides.
Conclusion
Déception des adultes ; les enfants, eux, sont bon public, mais pas enthousiastes comme on les voit en sortant d’un vrai film : pas de « et tu te souviens kan ... ? Ouais, et pi kan... » . La salle est calme et molle.
Beurk...
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