Un petit billet Fleur Bleue
Les anniversaires n'ont d'autre but que de consacrer une journée à ne pas oublier ceux qui sont partis. Charles Trenet aurait eu cent ans, la belle affaire pour ce chanteur dont les chansons seront sans doute éternelles. Il a eu ce don merveilleux de laisser dans nos mémoires des airs simples, des paroles belles ou folles ; douces ou extravagantes qui ont cette politesse si rare, de pouvoir être chantées sous la douche ou bien n'importe où.
Je chante, nous disait le bonhomme, joyeux fou dont le cœur faisait boum. Et pour lui emboîter le pas, parce qu'il y a de la joie en lui, nous reprenons ces petits airs de rien qu'il a laissé sur son chemin. C'est bon et ce n'est pas difficile, c'est un bonheur communicatif, un plaisir qui se partage sans se soucier, autre miracle de Trenet, des barrières générationnelles.
Le soleil a rendez-vous avec la lune, Charles dans ses nuages mène la danse, une sarabande où le diable joue les premiers rôle ou bien une polka du roi. Quand le facteur s'envole, il lui porte des messages d'amour. Sur terre, personne ne l'oublie et on lui passe quelques petites incartades. Nul n'est parfait au royaume du microsillon.
Qui préférons-nous ? Le fou et ses chansons absurdes ou bien le poète délicat ? Ils sont même et unique personne, deux facettes d'un talent multiple. Qu'il nous berce avec la mer ou bien qui nous entraîne dans une séance d'orthophonie avec débit de l'eau, débit de lait, qu'il nous prenne par la main sur les routes de notre douce France ou bien qui nous pousse dans les pharmacies, Charles se pique de savoir nous toucher.
Cœur de palmier ou bien fleur bleue, c'est si bon de se laisser prendre à toutes ses facéties. Il nous salue de son canotier, ouvre des yeux d'une incroyable intensité et nous entraîne dans ses délires et ses rêves. Nous chantons la romance de Paris un soir de nostalgie, le serpent python pour faire rire les convives, nous savons qu'avec ce formidable manieur de mots et de rimes, de sons et de mélodies, chacun aura un refrain en tête pour reprendre sa rengaine.
J'ai connu de vous que des bonheurs et des instants merveilleux ; merci monsieur Trenet ! Et de ma fenêtre d'en haut, je regarde vers la Lune, c'est là, je ne peux en douter que se perche l'âme des poètes. Au clair de la Lune, mon ami Charles, tu prends une bougie pour éclairer mon âme. Grâce à toi, un rien me fait chanter.
Mes jeunes années ont été bercées par vos romances de Paris ou d'ailleurs. Par votre entremise, j'ai cultivé un jardin extraordinaire. Au coin de ma rue, il y avait des arbres où les oiseaux chantaient le dimanche, jour où les enfants s'ennuientet tous les autres jours de la semaine. Même sur les terrasses du grand café, chacun reprenait vos refrains joyeux.
Fidèle, je resterai à vos berceuses comme à la tarentelle de Caruzo. Vous pouvez passer sans me voir, moi, je vous entends du matin au soir. Je vous vois jouer sur le piano de la plage ou bien dans les pharmacies. Le diable est au village, il vous ressemble étrangement. De cet héritage infernal, nous gardons à tout jamais des centaines de chansons.
Je vous laisse à ce petit exercice sans queue ni tête. La liste de vos titres est bien trop longue pour les retenir tous et les glisser ici. Il suffit de prendre un vieil électrophone et d'y placer vos merveilleuses galettes pour partir à votre poursuite.
Merci Monsieur Trenet, ce que vous nous avez laissé est un don du ciel ou bien du diable que vous avez tant tiré tant de fois par la queue. Je vous salue bien bas et m'offre encore de doux plaisir de fredonner l'une de vos mélodies. Rassurez-vous, je garde pour moi ce plaisir, je n'ai pas votre talent ! Vous oubliez votre cheval, prenez-le pour retourner bien vite au pays des fous chantants. Vous êtes formidable !
Respectueusement votre.
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