« Un peu, beaucoup, aveuglement » de Clovis Cornillac. Une comédie intelligente

Machin est un misanthrope qui reste cloîtré chez lui 24 heures sur 24 depuis 7 ans. Investi à fond dans son travail (inventeur de casse-têtes), il ne peut se concentrer que dans le silence. Il ne possède qu’un seul ami, Artus, qui lui fait ses courses.
Machine, une pianiste talentueuse qui prépare un concours, vient emménager dans l’appartement voisin. Il y a bien un mur qui les sépare, mais il est bien trop insuffisant pour étouffer les bruits qu’ils font au quotidien…..
Ici on se parle sans se voir, on se dit différent de ce que l’on est en réalité, ce qui peut entraîner des quiproquos, tout cela derrière un Mur.
Cela ne vous rappelle rien ?
Facebook et le monde du net bien sur. Car sans en avoir l’air, derrière cette comédie romantique réussie, se cache une critique grinçante de notre société, du monde du virtuel et de la peur du réel.
Clovis Cornillac nous a vendu cette comédie romantique en forme d’hommage à l’âge d’or de la comédie hollywoodienne. On pense bien sur à Capra, Wilder ou Lubitsch.
Il nous dit également que son envie de réaliser date d’environ 5 ans, et que petit à petit cette envie est devenue nécessaire.C’est d’ailleurs à cette période que sa compagne Lilou Fogli, co-scénariste et actrice, a eu l’idée du film. Ils ont ensuite retravaillé tous les deux le scénario avec Tristan Schulman et Mathieu Oullion.
Sur son rôle de réalisateur, Clovis Cornillac s’est rendu compte que faire un film nécessite un travail colossal, et on voit sur l’écran qu’il ne nous ment pas. Car oui, on a ici un vrai film de cinéma, pas une de ces comédies mal ficelée dont on a le sentiment que c’est un téléfilm. L’image est très soigné, tout comme l’intérieur des appartements et le look des acteurs. On sent que tout a été réfléchi, millimétré, c’est un vrai travail d’orfèvre, et non le travail bâclé d’un humoriste ou un ancien de Canal+ passé derrière la caméra.
Voici d’ailleurs ce que dit l’acteur-réalisateur : « Pourquoi les comédies doivent-elle se résigner à n’être que drôles ? Trop souvent, on filme des gens de face, très éclairés, habillés en Celio qui balancent des vannes. C’est chouette, mais on a aussi le droit de faire du cinéma. »
Le casting est vraiment très réussi. Au-delà de la performance Clovis Cornillac, excellent en misanthrope bourru, on retiendra tout d’abord dans les seconds rôles l’excellent Philippe Duquesne, et aussi Lilou Fogli en grande sœur délurée de Machine.
Mais celle qui crève l’écran dès sa première apparition dans le rôle de Machine, c’est Mélanie Bernier. De la fraîcheur,de l’humour, ce personnage de jeune fille un peu coincé. Et puis quelle idée géniale que de lui avoir donné ce look.
Clovis Cornillac est un acteur qui a toujours renvoyé une image sympathique. Lorsque j’ai appris que sa première réalisation serait une comédie, j’ai grimacé, vu le niveau habituel du cinéma français dans cet exercice. Evidemment, ce film n’est pas du niveau d’un Capra ou d’un Lubitsch, mais en comparaison de ce que le cinéma hexagonal a l’habitude de produire dans ce genre, on est très au-dessus de la moyenne, et c’est déjà beaucoup.
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