Une des pionnières du raï, Cheikha Rimitti, a tiré sa révérence !
Une
légende de la chanson populaire algérienne est partie, laissant derrière elle
plus de deux cents chansons. Cheikha Remetti, de son vrai nom Nouar Saïda, née à
Tessala (Sidi Bel Abbes) dans la région de l’Ouest algérien, a succombé à une
crise cardiaque, dans sa résidence parisienne, à l’âge de 84 ans. Cette diva du raï, connue pour son franc-parler et son courage, a dès les années
1950, brisé plusieurs tabous, en chantant l’amitié, l’amour, le sexe, l’alcool et
la misère. Durant toute sa carrière artistique, elle a été une femme libre, et a
toujours combattu la société machiste et archaïque. Dès 1952, elle a enregistré
son premier disque chez Pathé Marconi (Charek Gataa), attirant les
foudres des chanteurs conventionnels et des oulemas conservateurs, intraitables sur la moralité de la société. Cette porte-parole courageuse de la cause des femmes algériennes a toujours été
conviée dans les mariages et les fêtes de la région, souvent sans recevoir
aucun cachet.
Remetti, qui a séjourné à Relizane pendant la guerre de la Révolution
algérienne, a tiré son nom de cette ville située au Sud d’Oran. Et jusqu’à son
exil, en 1978 en France - elle était interdite d’antenne dans son propre pays -
cette bohême a été la véritable ambassadrice du raï dans
les capitales européennes. De Paris à Berlin, en passant par Stockholm et
Londres, cette passonaria a fait danser plusieurs générations sur les airs de
la "gasba" (flûte en bambou) et du "gallal" (percussion bédouine).
Comparée au rap américain ou au blues, sa musique dite "hard" a été
chantée par les chebs Khaled, Mami, Billal, Bellemou et le regretté Hasni, qui
ont introduit des instruments modernes (guitare électrique, claviers et
trompette).On espère que ces chanteurs et les autorités algériennes sauront lui
rendre hommage ! Remetti ! A chaque fois que nous t’écouterons,on remettra ça !
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