Une prestation éclectique et aguichante

Le Grand Concert des Casseroles …
Il me faut encore revenir sur le sujet tant les attaques contre notre culture francophone sont multiples et insidieuses. Il devient de plus en plus évident que s’exprimer en langue française sur fond musical est devenu une hérésie, un signe d’arriération mentale. La modernité suppose désormais de se plier à l’anglais, langue de référence, ou bien d’aller chercher dans l’exotisme un peu d’originalité.
La chanson française a été chassée à coups de décibels agressifs de la grande défaite de la musique. On consent parfois une petite place en début de soirée pour les chorales locales qui vont s’égosiller pour tenter de couvrir le brouhaha ambiant puis la ville s’offre aux cars podiums, aux DJ et aux musiques hyperamplifiées. Le bruit remplace la mélodie, la course au vacarme brise les oreilles des pauvres passants qui sont de plus en plus nombreux à renoncer à ce bazar.
La musique, comme la conçoivent nos chers prescripteurs de mode, doit occuper l’espace, l’envahir même, tout en marquant la cadence à grands coups de basses scandant le rythme cardiaque. Il est plus question de transe que d’harmonie. On peut admettre que cette expression dispose d’un espace mais de là à lui laisser envahir toute la cité par la puissance de ses adeptes, c’est accepter le diktat de l’amplification et de l’électronique.
Naturellement on connaît le goût prononcé de nos responsables culturels pour la démagogie. Ils aiment se plier à la tendance, se vautrer dans la modernité, quitte à brader l’héritage et la tradition. La fête de la musique n’a plus rien à voir avec l’idée originelle ; d’ailleurs, il faut montrer patte blanche, établir un programme, financer ce qui devrait être gratuit ce jour-là. Malheur à qui viendrait de son propre chef ; au mieux, il recevrait un coup de baguette sur les doigts !
Alors, profitant de l’élan et du mouvement, les guinguettes estivales poursuivent cette tyrannie de l’étrangeté. Elles font la place belle à ce qui fait mode en repoussant inexorablement la chanson française de qualité. Dehors, les troubadours et les trouvères, votre temps est révolu ! On ne veut pas vous écouter, on se refuse à vous accorder la moindre place. L’été c’est le temps de la futilité et du trémoussement.
Comme les radios suivent le même mouvement, il est de plus en plus compliqué de se faire entendre. Malheur à qui se plaint de cette dictature insidieuse, il sera repoussé impitoyablement par des programmateurs incultes et orgueilleux. Il ne reste que quelques jardins privatifs pour trouver un espace, un asile pour la chanson française.
Le récent projet de loi sur les radios et les quotas en langue française démontre à l'évidence la mauvaise foi des diffuseurs qui prétendent ne pas trouver dans la production hexagonale assez d’œuvres pour remplir leurs grilles, d'autant qu'ils veulent matraquer certains titres, plus de dix fois par jour. Ils se refusent surtout à aller à la découverte de talents. Ils se contentent de puiser dans le réservoir des grandes maisons, là où les produits sont standards, fabriqués et sans âme.
Alors, malheur à ceux qui ont la folie de croire que notre langue a encore des choses à dire derrière quelques notes, jouées de manière modérée ! Malheur à ceux qui imaginent que la chanson permet de dénoncer les abus d'une société vouée entièrement au Dieu Argent ! Malheur à ceux qui aiment les belles histoires, les récits et les légendes ! Les importants, les décideurs, les gens à la page n'ouvrent plus jamais un livre.
Quand un programmateur prétend donner une note dominante à la chanson française, qu'il annonce sans rire que ses choix seront éclectiques et aguichants tandis que le programme affiché fait la part belle aux noms étrangers, on comprend que tout cela n'est que posture et mensonge. Il ne faut plus insister ni croire que nous avons la moindre chance de nous faire entendre. Les festivals de de casseroles continuent de battre leur plein ; la langue se mange à la sauce piquante pourvu qu'elle soit aguichante !
Franchouillardement leur.
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