Une tchagra s’est envolée
« Tout vient à point à qui sait attendre ». Les maximes sont faites pour s’en servir et celle-ci convient plutôt bien pour décrire la satisfaction que j’ai eue en dévorant cet ouvrage. Voilà un roman qu’il fallait écrire, un schéma dramatique qui devait, indubitablement, voir le jour. Pourquoi ? Parce que, enfin, c’est un athée qui prend la parole. Parce que la raison est l’oraison funèbre des supercheries. Cet acte réussi est de l’auteur franco-tunisien Bassam Sassi. Un athée sans visage qui n’a pas envie (on le comprend) de perdre la tête…
Bien sûr, Bassam Sassi est un pseudo. Ce trentenaire sympathique ne l’utilise pas par coquetterie, ni parce qu’il sonne bien, mais parce qu’il faut se cacher quand on décrit ce que certains veulent taire… Vous n’en saurez pas plus sur l’auteur, si ce n’est qu’il vit aujourd’hui à Paris et qu’il est aussi musicien.
Il y a dans ce livre, un parfum de Yasmina Khadra et son « Ce que le jour doit à la nuit ». Tout comme le Younes de Khadra, le Satisfaction (prénom du héros) de Sassi est arraché de la misère ténébreuse du Maghreb et accède en coupant le cordon parental à la richesse de l’éducation et de l’érudition dans un de ces pays où le soleil ne fait place qu’à la nuit. Si Younes est envoyé dans une petite ville d’Algérie chez son oncle pharmacien, Satisfaction ira chez son Oncle Osmane, à Tunis. La comparaison s’arrête là. Trop jeune, trop vivant pour être irrécupérable et trop expérimenté, trop intelligent pour être endoctriné, l’enfant Satisfaction s’adaptera à tout, sauf à la loi de la foi aveugle. La foi, il ne l’a pas, mais il la connaît :
- « La hiérophanie est le moment, l’instant suprême de l’existence, où un monde sacré se révèle à nous. Elle est la manifestation d’une trajectoire exprimée en silence. Elle est le souffle du swing, le moment où le musicien ferme les yeux et devient le rythme. Elle est un éclair dans un ciel dégagé. Certains en vivront plusieurs au cours de leur trajectoire et d’autres n’en éprouveront pas la moindre trace. »
Ce récit nous abreuve de cette liberté des consciences qui vous pousse à tout perdre pour la garder. Ce n’est pas l’âme qui survit à notre mort, mais nos idées, l’homme que l’on a été. Satisfaction deviendra père. Le plus grand des bonheurs, le plus grand des dangers.
Un premier roman plein de talent, où la vie transpire entre les lignes… A se procurer de toute urgence :
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782342017113
Pour l’Association Belge des Athées (ABA),
Jean-François Jacobs
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