V comme vendetta
Critique philosophique du film V comme vendetta, sorti le 19 avril dernier et actuellement 3e au box-office.
V comme vendetta n’est pas interdit aux plus jeunes, aux enfants, et cependant il pose quantité de problèmes éthiques qui peuvent être interprétés de façon plus ou moins radicale, intégriste, s’ils ne sont pas soumis au questionnement, à la discussion, à l’explication, au débat... En effet, la résistance ici prend la forme de la vengeance, et l’action du héros masqué, qui s’appelle V, qui incarne un Edmond Dantès du futur, et qui tout comme le protagoniste du Comte de Monte-Cristo poursuit sans faillir sa quête de justice, n’est-elle pas le plus souvent guidée par la haine et par la rancune ? La fin doit-elle toujours justifier les moyens ?
V pour vendetta a ceci de très dérangeant qu’il rend la violence, la vengeance, la torture et le terrorisme, légitimes...
Le film, sorti le 19 avril dernier, est un thriller futuriste, écrit et produit par les Frères Wachowski, (Matrix) ; réalisation James Mcteigue, adaptation du roman graphique d’Alan Moore et de David Lloyd. Si cette vision sombre et pertinente de l’avenir de notre société est inquiétante et dérangeante, c’est très certainement parce qu’elle est une allégorie de notre temps dans la perspective de la domination des esprits et de l’aliénation des êtres, interdits d’exister comme ils sont, et profondément déshumanisés du fait de la peur et de la terreur qui les tient en laisse. Les similitudes avec la démagogie d’aujourd’hui en ce qui concerne le politique, la communication, l’éthique sont évidemment dérangeantes. Face au pouvoir totalitaire de la communication, de l’information, face au monopole politique, économique, culturel et médiatique, l’engagement de V est tout aussi fanatique que le fanatisme du pouvoir ; c’est cela qui pose problème.
Lorsque le fanatisme est au pouvoir, l’engagement, la révolte, la résistance et la désobéissance civile doivent-ils, pour pouvoir les vaincre, atteindre le même degré d’arbitraire, de barbarie et de bestialité ? Il demeure que ce film est un hymne à la liberté, à l’espoir, au pouvoir des idées, au sens véritable des mots et des idées. Un hymne à l’âme et à la condition humaine. Il ne reste qu’à espérer que cette représentation du futur ne soit pas visionnaire ; et que ce futur ne soit pas déjà là sous des formes bien plus subtiles, bien plus psychologiques...
Par bonheur, il nous reste, à nous, bien d’autres marges de manoeuvre, bien d’autres stratégies à accomplir, bien d’autres sources de créativité, d’imaginaire, à explorer et à réaliser, bien d’autres hypothèses, bien d’autres possibilités, bien d’autres utopies à rendre effectives et à rendre concrètes...
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