Valérie Lagrange - L’amour c’est ma maison
Voici un portrait volontairement subjectif d’une artiste qui ne laisse jamais indifférents ceux qui l’ont vue, entendue et surtout connue. Une femme belle, intègre, d’une grande droiture de cœur, qui ne fit pas énormément de ventes… parce qu’elle n’était pas à vendre.
(Danielle Charaudeau, dite Valérie Lagrange ; Paris, 1942 - ) Elle commença sa carrière au cinéma dans La jument verte de Claude Autant-Lara. C’était une charmante jeune fille de 18 ans, avec les délicieuses rondeurs de son âge. Rapidement, sa vie devint compliquée, et multiforme. Comme son apparence physique. La très jolie brune au nez d’une élégance rare se transforma en blonde provoquante et fut même la première femme à poser nue en couverture de Lui (« J’étais une sale gamine, à l’époque. »). Elle se lança dans la chanson, plus ou moins à texte ; continua le cinéma ; sabota une proposition de rôle de James Bond girl (tant mieux pour Claudine Auger…) ; puis disparut pendant plusieurs années en mai 68 pour parcourir le vaste monde avec son fils ; revint en hippie, superbe brune baba-cool au visage élégant et mince. Sortit quatre sublimes 33-tours rock-reggae qui la re-rendirent à moitié célèbre. Sa voix puissante et magnifiquement timbrée est parfois totalement bouleversante, sur des paroles radicales presque toujours écrites par elle. Elle tourna quelques films et téléfilms. Fut au sommet de sa beauté autour de la quarantaine alors qu’elle vivait un enfer. Sacrifia toute la suite de sa vie à « son Ian », son compagnon devenu partiellement handicapé, qu’elle épousa longtemps après ; sortit un CD tardif où elle se fit quelque peu exploiter mais où les deux plus belles chansons, comme par hasard, sont celles qu’elle a entièrement écrites ; continua de chanter çà et là dans de petites salles, drainant un public très fidèle.
Le regard de Valérie ne cessa de devenir plus profond au fil des années alors qu’elle se trouvait elle-même peu à peu. La noblesse de son visage, la bonté de sa physionomie n’ont jamais menti : ce qu’elle dit, ce qu’elle crie, ce qu’elle chante, c’est elle. Elle aurait pu être aussi connue que Brigitte Bardot ou Suzi Quatro, mais elle ne cessa de torpiller sa carrière par refus constant de se compromettre. Quand elle conchie la bêtise et la duplicité humaines, elle a le droit de le faire parce qu’il n’y a pas d’écart entre ses prédications naïves, ses appels à l’éternel, et la vie qu’elle mène. Celle qui chanta « l’amour c’est ma maison, ma purification » prophétisa ainsi sur elle-même. On la disait sulfureuse et c’est plutôt une sainte intègre pas intégriste.
Un jour, elle nous quittera sans fortune et sans gloire, sans avoir rien concédé de sa dignité. Peut-être y aura-t-il quelques hommages médiatiques de la part de privilégiés ou d’initiés qui auront eu la bonne idée de connaître son existence et de s’y intéresser.
Il se trouve que Valérie est mon amie et que c’est une des plus belles personnes que j’ai rencontrées. « Je suis une simple mind », me disait-elle récemment. Heureux les cœurs purs…
On peut trouver presque tout sur http://valerielagrange.com.free.fr/ y compris sa biographie avec analyse discographique complète en téléchargement gratuit (cliquer sur la photo pour entrer).
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