« Van Gogh à Londres » de Nicholas Wright au théâtre de l’Atelier

Ce conte de Nicolas Wright adapté avec justesse par Jean-Marie Besset et mis en scène avec une énergie subtile par Hélène Vincent constitue une sorte de joyau théâtral qui commence sa carrière parisienne dans une discrétion raffinée et devrait au fur et à mesure d’une rumeur montante et persuasive devenir un "must" de la saison 07-08, tant les comédiens y sont dirigés avec une fougue précise, tant le tourbillon des sentiments y est projeté avec une sensualité étrange et impétueuse.
Dès le lever de rideau, une odeur de cuisson apparentée asiatique s’échappant du fond de scène prend à la gorge les esprits en les imprégnant d’une sensibilité olfactive en prise directe avec un décor de cuisine des faubourgs de Londres plongé au coeur de l’ère victorienne.
La rencontre de Vincent avec sa future logeuse semble surgir d’une bande dessinée où l’enthousiasme naïf du jeune homme de 20 ans s’arc-boute sur des principes d’éducation rigide, en se laissant aller à des emportements paradoxaux, quasi inquiétants pour ne pas dire irritants.
Néanmoins Mme Loyer prudente et avisée s’enquiert des garanties à faire respecter par son locataire étranger, mais semble d’emblée encline à lui accorder sa confiance.
Cet intervalle d’entre-deux lettres que Vincent laissa dans le mutisme de sa correspondance avec son frère durant deux années, a pu susciter dans l’imaginaire de l’auteur sud-africain, le récit d’une relation fictionnelle entre cinq personnages emportés dans un tourbillon d’émois, de sensations et d’intuitions où l’élan artistique va se coltiner avec la rigidité des moeurs en vigueur, de part et d’autre anglaises et hollandaises.
Chacun tentant de s’affranchir de son surmoi en s’arrangeant au mieux des conflits inconscients, c’est la soeur de Vincent, venue en catastrophe pour tenter d’arracher son frère aux maléfices imaginés par leur famille, qui va initier le grand chambardement des passions contenues :
Sam, un premier locataire ayant emporté le coeur d’Eugénie, la fille désormais enceinte d’Ursula la logeuse, par une substitution de l’une à l’autre, Vincent va cristalliser sa libido à l’égard de cette femme d’âge mûr qui envisage son destin de puéricultrice en assumant celui d’accoucheuse de multiples talents en puissance.
C’est précisément dans cet espace, où la sensibilité et l’affection négocient leur droit d’amour, que devrait se distiller la créativité d’un futur génie pictural, alors que tout semblera se retourner contre cette perspective...
Chacun à sa juste place, comédiens, metteur en scène, adaptateur, auteur vont contribuer à emporter l’adhésion des spectateurs dans une aventure certes sulfureuse, mais assurément pleine d’une hyperthrophie charnelle qui laisse l’arrière-goût suave d’un moment rare de transcendance théâtrale.
Photo © Emmanuel Robert
VAN GOGH A LONDRES - *** Theothea.com - de Nicholas Wright - adaptation : Jean-Marie Besset - mise en scène : Hélène Vincent - avec Josiane Stoleru, Guillaume Marquet, Raphaël Personnaz, Amandine Pudlo, Laure Roldan - Théâtre de l’Atelier-
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