Vermeer, un peintre d’intérieurs
Non, cette laitière n'est pas une image publicitaire ! Il s'agit d'un tableau de Vermeer. Oublié du grand public durant près d’un siècle, mais pas des collectionneurs privés, Vermeer fut redécouvert par le critique d'art Théophile Thoré-Burger en 1866. Certaines de ses oeuvres ont été très popularisées. Ainsi, cette "Laitière", "la Dentelière" ou encore la "Jeune fille à la perle" - qualifiée de "Joconde du Nord" - qui a donné lieu à un roman et à un film de cinéma avec Scarlett Johansson dans le rôle de la jeune fille Griet.
Le scénario de cette vidéo qui met en musique l'oeuvre de Vermeer est le suivant : on commence par les oeuvres les plus célèbres du maître. Défilent ensuite des scènes d'intérieurs. On y voit beaucoup de jeunes femmes jouant de la musique ou occupées à lire ou écrire des lettres. C'est que Vermeer fit des scènes d'intérieurs son terrain de prédilection. Après cette si talentueuse représentation de la vie domestique en Hollande, la conclusion vient comme une invitation à s'ouvrir des horizons, à prendre le large et un grand bol d'air : "Le géographe", "L'astronome", la vue de la ruelle et pour finir une vue générale de la ville de Vermeer, Delft, qui emporta l'admiration de Marcel Proust.
Fils d'un tisserand, Vermeer avait l'art de représenter dans le détail les étoffes et les rideaux des intérieurs bourgeois de son pays. Son usage appuyé du bleu et du jaune vont marquer Van Gogh, qui le dira dans une lettre adressée d'Arles à Émile Bernard en juillet 1888. Mais ce qui surprend le plus, c'est le décalage, pour ne pas dire l'oppostion, entre les intérieurs ici représentés et ce que devait être au quotidien la vie domestique de l'artiste. Vermeer avait, en effet, une nombreuse progéniture dans sa maison. Des berceaux, des jeux, du bruit. Et il fut poursuivi par les difficultés financières jusqu'au bout de sa courte existence.
De son vivant, la réputation de Vermeer ne parvint pas à dépasser les limites de sa ville natale où il était cependant très reconnu. Il essaya, dans les débuts de sa carrière, de se faire reconnaître par ses pairs. Pour cela, il rejoignit la guilde de Saint-Luc en 1653 (mais sans pouvoir payer les droits d'inscription). Il peignit alors des toiles à sujets religieux et mythologique, dont « Diane et ses compagnes » et « Le Christ dans la maison de Marthe et Marie ». Il essaya de se tourner vers ce genre majeur qu'était à l'époque la peinture d'Histoire. Mais cela fut de courte durée. Il ne manifesta pas une grande envie de réaliser d'autres peintures religieuses. Il faut dire que ce protestant dut se convertir pour épouser sa femme, sur la pression de sa belle famille. Il semble qu'il ait choisi d'oeuvrer tranquillement (il travaillait lentement) à des sujets qui constituaient autant d'échappatoires à sa vie très animée et très difficile. Ces intérieurs inspirent une idée de luxe et de sérénité qu'il ne cotoyait pas au quotidien.
La vidéo est accompagnée d'une superbe composition de Buxtehude qui semble avoir été faite pour les tableaux de Vermeer. Je laisse le lecteur-auditeur en juger par lui-même.
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