Vis d’éternité, un livre de Francis Delabre
Un livre de Francis Delabre, publié aux éditions Nuit Myrtide, nous contant l’histoire d’un homme au chevet de sa sœur quelques semaines avant sa mort. Beaucoup d’émotions, d’amour et d’humour, sans pathos.
Vis d’éternité, de Francis Delabre, (2005, nuit myrtide éditions, Lille) est le troisième livre de Francis Delabre après L’homme qui marchait dans la merde, en 1996 et Le silence de Vancouly, en 2001. Le livre s’ouvre par ces phrases : « Ça faisait plus d’un mois qu’elle était partie. Toutefois j’attendais, je tournais en rond comme un boxeur qui résiste et qui sait pertinemment que cet uppercut-là va l’envoyer dans le noir »... Un mois de juillet, le narrateur accompagne sa sœur Momo jusqu’à la fin de sa vie dans sa maison. Il raconte la fin d’une vie, un moment de la sienne et des souvenirs de l’enfance. Vis d’éternité pourrait être un roman ou un récit se lisant comme un roman. Peu importe au fond, cela ne change en rien la réalité des mots. L’histoire se déroule librement, en douceur, avec beaucoup d’émotions, d’humour et de légèreté, sans aucun pathos.
Chacun pourra s’essayer à écrire sur soi, sa famille, et la douleur d’une disparition et chacun pourra comprendre, à l’épreuve de la feuille à remplir, combien il est difficile de trouver les mots justes pour retranscrire la réalité de l’absence et du manque. Les sensations tourbillonnent dans la tête, mais celui qui nous quitte pour de bon a fermé derrière lui l’accès aux mots.
Il assiste sa sœur et s’occupe d’elle depuis plusieurs jours, c’est l’été, il fait chaud. Momo a des choses à dire mais les idées se perdent, elle s’assoupit, appelle son frère son père, et fait preuve d’ironie quand l’occasion se présente. Il l’écoute et voudrait bien entendre le bout de ses phrases avant qu’elle ne se rendorme. Alors il veille, boit du vin, goûte à quelques tartines de houblon et fume adossé à un cerisier, présence bienveillante au-dessus de l’humain.
Il n’est pas seul dans cette maison, il y a sa compagne, une autre sœur et son mari qu’il apprendra à connaître, son frère de passage qu’il n’a pas vu depuis longtemps, un docteur attentif, des infirmières, Jean-Sébastien Bach et La mémoire et la mer de Léo Ferré : « La marée je l’ai dans le cœur / Qui me remonte comme un signe / Je meurs de ma petite sœur ».
Là où se tient la mort que tout le monde sait venir et attend, il y a la vie. Il y a de la tristesse, des larmes et de la nostalgie mais en définitive, le livre se referme avec un sourire aux lèvres, Momo a été délivrée, et un bébé viendra bientôt. « La belle s’installe sur mes genoux, m’enlace et me demande de lui faire un enfant. Comme ça, dans la cuisine ». Rien que de la vie et du théâtre, passion de la grande sœur.
Ces quelques semaines d’été ont vu se réunir une troupe hétéroclite devenue une compagnie autour du personnage principal, la grande sœur Momo qui est partie en Molière, entourée des siens.
Le narrateur, sous le cerisier, nous a conté une histoire. Comme il l’écrit au début du livre, dans son enfance, « pendant que mes copains s’amusent à mourir avec leurs fusils en bois, moi j’écris à ma cousine ; ils s’entraînent pour la guerre, je m’entraîne pour l’avenir ».
Luc Brou
nuit myrtide éditions 6bis, rue d’arcole - 59000 Lille-Wazemmes [http://www.nuitmyrtide.com-> ;http://www.nuitmyrtide.com]
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