Watchmen : massacre à la tronçonneuse ?
C’est Alan Moore qu’on assassine.
"Watchmen" sort sur grand écran en mars 2009 et ça me terrifie.
Alan Moore a le don de voir ses oeuvres massacrées au cinéma. Passe encore pour "From Hell" ou "V for Vendetta", mais pas pour son chef d’oeuvre absolu (voir "Watchmen - Frappes chirurgicales et hommages collatéraux"). S’il vous plait.
Moi qui rêvais d’un miracle à la "Sin City" (on aime ou on n’aime pas cet OVNI audiovisuel mais au moins, le pari fou de l’adaptation du comic est réussi grâce à l’implication totale du créateur dans le projet)...
Bon. Pour être franc, ce miracle, je n’y croyais pas trop :
- d’abord, on ne peut pas comparer "Sin City" et "Watchmen" (le seul challenge du premier est d’ordre esthétique)
- ensuite, l’éclectique Frank Miller (1) ne présente pas les mêmes signes d’autiste psychopate qu’Alan Moore, le Stanley Kubrick des Petites Cases, et enfin
- Robert Rodriguez affiche, au-delà de ses talents de réalisateur, une connaissance maladive et un respect profond de l’oeuvre.
Un Terry Gilliam eût pu faire l’affaire, mais le Python a eu la décence d’écouter l’auteur et donc de décliner la mission. Car pour Alan Moore, aucun doute : son Watchmen est infilmable... et à voir sa réaction le jour où il a appris qui reprenait le projet, je me demande même s’il acceptera de visionner le produit fini.
En effet, après les inoubliables et vite oubliés Allen et Albert Hughes ("From Hell"), et après le Wachowskien et donc très creux James McTeigue ("V for Vendetta"), c’est au tour de Zack Snyder de massacrer son oeuvre.
A en croire les experts, Zack Snyder aurait plus ou moins réussi l’adaptation du "300" de... Frank Miller. Je n’ai pas lu l’original, mais j’ai trouvé le film si désespérément banal sur tous les plans qu’en dépit de toute ma bonne volonté j’ai zappé au bout de quelques dizaines de minutes.
J’ai beau chercher, je ne vois pas comment embrayer des nanars commerciaux avec un pur joyau cérébral. Snyder n’aurait pas encore finalisé le montage, et ses hésitations prouvent qu’il n’a pas pris par le bon bout une oeuvre fondée sur un découpage parfaitement calibré... Le studio ne veut pas dépasser les 140-150 mn habituelles, mais quelque chose me dit que le director’s cut ressemblera à du charcutage encore plus gore que ses dernières productions.
Le pire, c’est que ça risque de marcher. Surtout si la Warner décide de marketer le film en faisant le parallèle avec le 9/11 (2).
La BD dans la BD, "Tales of the Black Freighter", sera traitée sous le mode animation.
Pour le moment, j’aurais plutôt besoin de réanimation.
1 - éclectique, mais limité. Il y a une vingtaine d’années, j’ai aimé son coup de crayon et sa façon d’étoffer des personnages comme Daredevil ou Batman, mais Miller n’arrive pas à la cheville de Moore au niveau scenario. Et visiblement, il tourne déjà en rond sur le plan cinématographique : les premières images de son "Spirit" ne semblent pas dans l’esprit du très regretté Will Eisner (cf "Will Eisner - Spirit of NYC").
2 - warning : plot spoiler (et Franglaisite éhontée) ! le scénar’ a de quoi faire exploser le buzzomètre auprès des amateurs de false flags... décidément on n’en sort pas (cf "Baggy Truthers").
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initialement publié sur blogules.
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