Le débat Royal-Bayrou a connu, hier, divers rebondissements. Après avoir été envisagé dans le cadre d’une rencontre avec la presse régionale, ce débat est annulé. Le président de l’APQR se défend d’avoir agi sous la pression de M. Sarkozy, mais il a rencontré ce dernier et dirige Nice-Matin, un quotidien qui appartient à M. Lagardère, ami intime de M. Sarkozy. Dès lors, Canal + fait des offres de service. Accepté par Mme Royal et M. Bayrou, le débat est prévu samedi matin sur Canal. Coup de théâtre peu avant 20 heures : la chaîne de télévision renonce, à la demande du CSA, alors que tout était bouclé. Rappel : le CSA est structurellement composé, comme le Conseil constitutionnel ou la Cour des comptes, d’une écrasante majorité de personnalités de droite acquises à M. Sarkozy. A l’évidence, M. Sarkozy et ses amis ont cette fois franchi, et de manière irrémédiable, la ligne jaune. On connaissait l’interventionnisme de Nicolas Sarkozy auprès des médias, soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire de ses amis patrons de presse ou de télévision Lagardère, Bouygues ou Dassault, mais jamais encore il n’avait interféré avec un évènement aussi important qu’une campagne présidentielle. Ce matin, François Bayrou a violemment dénoncé sur RTL la collusion des puissances financières et médiatiques avec l’Etat UMP de M. Sarkozy qui entend verrouiller l’information à son profit. Je suis d’accord avec lui et, au moment où le sulfureux Silvio Berlusconi vient officiellement d’apporter son soutien au candidat de l’UMP en qui il se reconnaît, cela ne laisse rien augurer de bon pour les libertés dans notre pays. La presse muselée, la démocratie sera en réel danger. Il importera de ne pas oublier cette grave menace le 6 mai.