Qui ne tente rien...
« Cachez cette tente que je ne saurais voir ». C’est un peu le discours que pourraient tenir ceux qui veulent voir disparaître les 300 tentes Quechua 2 secondes de Décathlon, distribuées il y a quelques mois par l’Association Médecins du Monde aux SDF parisiens pour leur permettre de mettre un semblant de toit en toile sur leurs têtes.

On aurait pu croire que la démarche
aurait été saluée par l’ensemble des acteurs sociaux. Point. Au
contraire cette initiative (unilatérale) déclenche un vaste tollé dans
le milieu, du Samu Social à Emmaüs. Ces institutions qui font tout au
long de l’année un travail louable, entendons-nous bien, auprès des
plus démunis, dénoncent le fait que ces tentes pérennise la situation
des SDF en les marginalisant encore plus. De fait selon eux aujourd’hui
de plus en plus de sans-logis opposent un "j’ai ma tente" aux
propositions d’aide et d’hébergement. Or c’est au niveau de ces centres
d’hébergement que se fait la plupart du temps le suivi médical,
psychologique, et social des SDF. On a même pu lire les propos
scandalisés d’une responsable attachée au service des affaires sociales
de la ville de Paris, s’insurgeant que "ça fout des années de travail
en l’air". Pourtant ce qui semble le plus scandaleux c’est que ce "j’ai
ma tente" montre bien que l’offre d’accueil et d’aide proposée dans les
centres est moins attractive qu’une nuit en tente sur du bitume. On a
presque l’impression qu’on reproche à MdM d’avoir amélioré la situation
des SDF un peu trop, et que du coup ils ne viennent pas attraper les
poux des autres dans les centres existants. Et si au lieu de râler
l’affaire des tentes était plutôt l’occasion de hausser la qualité de
ce que l’on propose aux SDF comme alternative à la rue ???
Les associations dénoncent également la
marginalisation accrue des 300 SDF ayant reçu une tente, en passe
parait-il d’installer de vrai petits "villages de clodos", à l’abri du
monde et des institutions. Mais pas des regards... Au point d’ailleurs
de gâcher la vue des parisiens venus lézarder sur Paris Plage. c’est
pourquoi la brigade fluviale a rendu le 22 juillet une petite visite de
courtoisie aux SDF qui avaient eu la drôle d’idée de venir traîner
leurs basques sales à l’endroit même ou les jeunes branchés du IIème
arrondissement allaient quelques jours plus tard venir traîner leurs
tongs Gucci. Une visite courtoise annonçant la visite moins courtoise
de CRS s’ils ne levaient pas le camp, un levage de camp facilité il est
vrai par le fait que la tente se referme en 10 secondes chrono. De quoi
se plaignent-ils...
Outre le fait de protéger des SDF du
froid en plein hiver (les tentes ont été distribuées le 22 décembre
2005), MdM cherchait au final à rendre visible cette pauvreté, pour
qu’on arrête de passer devant les SDF cachés sous des cartons sans les
voir. "[Les tentes] sont des balises de détresse, marquant les lieux où
elles sont obligées de dormir" peut-on lire sur le site de
l’Association. Un objectif manifestement un peu trop bien rempli,
puisque ces tentes ont rendu trop visibles les SDF pour leur permettre
de côtoyer paris plage, et trop visibles la faiblesse des mesures mises
en oeuvre pour les aider...
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