Bonnes pâtes
Le tube de l'été.
Reine dans sa catégorie pour un abus de langage, elle tient le haut du pavé des rues piétonnes balnéaires. Aussi mince qu’un papier à cigarette, elle ne donne pourtant pas dans la dentelle tant ses tarifs sont prohibitifs. C'est ainsi qu'elle assure la bonne fortune de la bretonne à la coiffe bigoudène comme de l'entrepreneur à la gueule enfarinée. L'essentiel pour eux est de savoir se retourner au bon moment et en toutes circonstances, bien à l'affut derrière leur bilik. Le client devra alors se rappeler qu'autrefois, les aumônières avaient la forme d'une bourse qu'on entend leur trousser présentement. Pour le reste de l'andouille au caramel beurre salée, tout est bon pour ce qui accompagnera ce qui sort du cruchon pourvu que le cidre accompagne la chose à pleine bolée.
Sa cousine fait la tête et pour elle ce n'est pas de la tarte. La galette a perdu son hégémonie quand les estivants lui ont préféré le terme précédent. Elle avait pourtant jusque-là su manger son pain noir tout en résistant aux outrages du temps. Elle se souvenait même qu'elle fut contemporaine de l'invasion des sarrasins et de bien des disettes. Elle est en symbiose avec sa terre océanique au point de préférer les accompagnements salés tandis que sa cousine préfère se sucrer sans vergogne allant même jusqu'à faire de l'huile pour recevoir la palme chocolatée, grande triomphatrice du mauvais goût mondialisé.
Une autre se tient à carreau, tapie dans l'ombre en attendant son heure de gloire. Elle aime se gaufrer pour attirer le chaland avec son humour glaçant quand elle se recouvre d'une montagne de crème Chantilly dans les rues piétonnes. C'est sans doute pour mieux démontrer l'adresse de ses estivants qui ne peuvent plus marcher sans avoir quelque chose à la bouche. La gaufre a dû en rabattre quelque peu devant l'immense notoriété de ses deux voisines. Elle accuse le coup en alourdissant la balance, ce qui la dessert quelque peu. Pourtant, dans ce monde de l'excès son charmant carrelage permet de charger la mule, ce qui devrait être tout à son avantage.
Un nouveau venu dans la tradition pâtissière qui mérite plus que les autres le sous-titre de Tube de l'été, fait de nombreux émules en dépit d'un aspect peu ragoutant. Tenant plus du ver solitaire que d'un délicat dessert, il surgit d'une machine qui le plonge immédiatement dans un bain qui fait des jaloux chez les baigneurs. En effet, celui-ci est chaud, voir bouillant ce qui dénote singulièrement quand on se trouve sur la façade atlantique. Par contre l'odeur de la friture ne trompe pas, il y a des miasmes sur la ligne. C'est ainsi que le chichi porte merveilleusement bien un nom annonciateur d'ennuis gastriques. Pour une fois, il n'y a pas tromperie sur une marchandise qui se livre en cornet à l’instar de la vedette incontestée de l'été qui conserve la frite en dépit de son caractère totalement indigeste. Mais celle-ci sort du cadre et nous ne lui accorderons aucun paragraphe.
Se morfond dans les recoins de notre ingratitude le plus économe de tous. Il permet de donner une seconde vie au pain dur et ainsi d'éviter qu'il aille indument nourrir canards, oies et ragondins qui n'ont rien demandé à personne. Il se plonge avec délectation dans la pâte avant de se faire dorer la pilule au beurre, ce qui a tout prendre, est bien mieux qu'à l'huile solaire pour obtenir une teinte parfaite. Ce pain perdu ne demande qu'à retrouver son aura d'autant que je sais un restaurateur qui dans son Agylien l'élève au pinacle. Faites donc preuve d'économie et retourner vers ce plaisir d'antan.
Il nous reste alors à examiner le cas des beignets de toute nature et toutes origines. Ils font leur trou dans les plaisirs gustatifs de l'été, ajoutant bien des surprises dans leur composition. C'est là la porte ouverte à l’imaginaire et à l'inventivité. Je vous avouerai que j'aime à faire des beignets d'huitres, ce qui pourrait connaître un véritable engouement pour qui aime à sortir de sa coquille. Je laisse aux vendeurs qu'ils aient pignons sur rue ou bien qu'ils fussent à la sauvette d'expérimenter la chose. Bonnes vacances à tous la bouche en fleurs.
6 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON