Comment la NASA tente d’« améliorer » le vin californien

La NASA a conduit deux projets avec Mondavi, multinationale américaine du vin, afin, d’une part, de mieux détecter la présence du phylloxera, et, d’autre part, de déterminer le meilleur moment pour les vendanges, la taille et autres opérations qui rythment l’année dans les vignobles.
Le projet Crush se proposait en fait de remplacer le savoir-faire, l’expérience née du temps, par une observation scientifique et vue du ciel des vignobles. Ainsi la connaissance de son vignoble ne dépend plus du lien qui unit le viticulteur à sa vigne, mais de statistiques sophistiquées.
Le résumé du projet Crushle dit clairement en introduction : la Californie n’a pas le recul nécessaire et le savoir-faire français. La technique doit y remédier et permettre aux producteurs de Mondavi de déterminer quelles parcelles doivent être vendangées, et dans quel ordre, ainsi que la destination finale des raisins ainsi récoltés, en fonction de leur qualité.
Ce projet remonte tout de même à presque dix ans, puisque les résultats ont été publiés en 1998. De nombreux producteurs de vin ont désormais recours à ces pratiques.
Le projet Vintage, plus récent, étend ce "savoir-faire" et a permis , en collaboration avec l’université du Montana et la California State University, de généraliser l’usage des technologies géospatiales. Il permet l’élaboration de cartes, sur lesquelles les différentes parcelles sont analysées en fonction de caractéristiques telles que la densité du feuillage, l’alignement des rangs, etc.
Ce projet de grande ampleur montre d’abord que le secteur vinicole est stratégique pour la Californie, en terme d’emplois comme d’impôts. On pourrait cependant s’étonner que la NASA s’intéresse à la viticulture. C’est oublier les spécificités de la recherche aux Etats-Unis, où le passage entre la recherche et ses applications commerciales sont beaucoup plus facilitées qu’en France. Il n’en reste pas moins que cette initiative scientifiquement intéressante remet en cause toutes les perceptions -pas seulement françaises- que l’on a du vin : importance de l’historicité, du savoir-faire patiemment entretenu, de la subjectivité du vigneron, qui font toute la valeur d’un vin de qualité.
Ensuite, il pose la question de l’intrusion des technologies ultra-avancées dans la viticulture. Deux attitudes possibles : soit on s’indigne du fait que la France ne suive pas et ne fasse pas assez d’efforts d’innovation. Soit, et c’est notre point de vue, on peut voir dans ce genre de projets de grande ampleur le symptôme d’une industrialisation croissante du vin, au détriment de sa valeur historique et culturelle.
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