De l’ovalité de la langue
Les mots en mêlée !
Demain, à dix heures, au moment du coup d'envoi de la finale de la Coupe du Monde, il conviendra de jongler avec une langue ovale qui se dérobe aux béotiens ! Pour accéder à l’universalité, ouvrons le lexique du Rugby à tous afin que chacun puisse accéder à la métaphore leste ou chatoyante. En Ovalie, la langue se délie, le mot vagabonde et les expressions fusent tout autant que les coups tombent sur le pré comme à Gravelote. Ne donnez pas votre langue au chat, prenez le temps de parcourir ces quelques lignes pour apprécier la langue de chez nous, celle qui se pratique après quelques abus, une langue propice à la gueule de bois, en quelque sorte.
C'est à la lumière d'une chandelle, que vous devrez découvrir la chose. Le parler d'Ovalie fait grand raffut, ne riez pas sous cape. Il faut se vêtir d'une combinaison et d'une cravate pour entrer dans la confrérie et surtout ne sauter aucune ligne. Derrière le rideau de vos paupières, vous découvrirez un ballon mort, tué d'un coup de marteau placé entre les deux yeux.
N'ayez crainte, si le combat fait rage, on se restaure aussi. Venez avec fourchettes et cuillères de bois ou non, pour participer à la fête. C'est un jeu de passe de maçons auquel se livrent ces drôles de voyous, déménageurs de piano à la mine patibulaire. Le cuir chante quelques chansons paillardes, c'est le rugby champagne qui se consomme sans modération tandis que certains donnent dans le trafic.
Prenez alors un peu de hauteur, l'ascenseur vous tend ses bras, de solides menottes d'étayeurs farceurs, pour éviter que la cabane tombe sur le chien. L'animal a sa place dans ce jeu de mulet, d'ânes supposés et de gros cochons qui n'aiment rien tant que se perdre dans le maïs. Si un mammouth passe par là, méfiez-vous de son coup de pied, seul celui du rossignol ne vaut pas tripette !
Vous aurez alors à relever la mêlée à jolis coups de marteaux pour une belle générale. Vous avez, par mégarde, ouvert la boîte à gifles, une belle salade de phalanges vient vous remettre les pendules à l'heure. Bon prince, vous passerez l'éponge magique sur ces débordements qui ne sont que gentil folklore, ça brasse de l'air plus que tarin !
Vous êtes touchés par la grâce ovale, ne piétinez pas les platebandes ni les arpions de celui qui ratisse la balle. Plongez dans la fournaise, spontanée ou ordonnée, la bataille fait rage, les piliers tiennent la barre avant que de s'installer bien plus longtemps encore au bar, à refaire le match. Ne simulez pas l'enthousiasme, vous joueriez petit bras. Bien vite, on vous renverrait dans votre camp à grands coups de godasses, de chaussons ou de tampons.
Si vous en avez assez, plaquez tout, prenez un carton pour ranger vos abattis, du moins ceux qui sont encore intacts. Ne restez pas dans le couloir, tout ce qui encombre sera impitoyablement déblayé. Vous resteriez en rideau, tout près des perches sans aller à dame ! Pour vos contacts, il est des moments charnières, ne manquez pas le passage de la patrouille et munissez-vous d'un pack solide, la communication est essentielle dans ce jeu si complexe.
Le chat est maigre, c'est qu'il a les oreilles en chou fleur en cherchant à poursuivre une gazelle. Il a ainsi l'avantage de pouvoir passer dans un trou de souris, il pénétrera alors dans le secret des Dieux, assistera médusé à l'éjection d'un œuf pondu par une cocotte magnifique. Pour cela un plaquage cathédrale le mènera curieusement en enfer, la tête à l’envers, un carton de rouge sous le bras.
Victime d'un coup pas très franc, constatant alors qu'il n'a plus toute sa tête, le pauvre lecteur se trouve sous le joug d'un cerveau diabolique. Il essuie ses crampons, se retire sur la pointe des pieds de cet univers impitoyable et si énigmatique. Il se contente alors d’allumer son téléviseur et d’écouter sans comprendre, deux commentateurs aussi insipides que la langue ovale est riche et fleuri. C’est là tout le paradoxe de confier à des petits bras la responsabilité de faire chanter le cuir et les mots.
Au loin, le coq, la crête altière, fait une étrange fixation ; il aurait aimé être de la fête. L'animal hélas, c'est pas très malin, s’est fait dévorer par un poireau qu’il a pris par dessus le coude. Poireau qui a son tour a fait une indigestion de gazelles se prenant pour des mammouths dans la tronche. Pire encore pour le fier volatile, c’est l’infâme anglois qui a croqué une fougère, pour comble de l’humiliation hexagonale, se retrouver une fois encore en finale. La rose contre les Springboks, le combat sera féroce, seules les mouches sont susceptibles de choisir leur âne.
Ovaledélirement vôtre
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