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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Du Rififi chez les Mérovingiens
#38 des Tendances

Du Rififi chez les Mérovingiens

 

Une histoire à en perdre la tête

 

En 524 après qui vous savez, Sigismond, le roi des Burgondes, recherchant le légendaire secret bancaire de nos amis helvétiques, coulait des jours heureux au bord du lac Léman. L'homme avait de l’entregent puisqu'il n'était rien mieux que le cousin germain, ça va de soi, de la reine des Francs, la belle Clotilde, l'épouse légitime de Clovis et sa conseillère en matière évangélique.

Sigismond eut trois enfants d'un premier mariage avec la fille du roi des ostrogoths. Quand on porte couronne, il convient de lier sa destinée avec une personne de qualité. Ceci hélas ne garantit pas la pérennité de l'union puisque, après lui avoir donné un garçon nommé Ségéric et deux filles Suavegothe et la future épouse du roi Thierry dont le prénom n'est pas entré dans l'Histoire, leur mère, la pauvre Ostrogotha passa de vie à trépas non sans laisser sa servante en offrande à un époux rapidement consolé.

Les amours ancillaires ne sont jamais un long fleuve tranquille même à proximité du Lac Léman. L'ancienne servante ne porte pas dans son cœur son beau-fils et met tout en œuvre pour le discréditer aux yeux du roi, son père. Elle joue d’une langue remplie de fiel pour insinuer que Ségéric fomente contre Sigismond. La chose est assez crédible dans le contexte d'une époque où le complot est un moyen assez efficace d'accéder au pouvoir surtout chez les mérovingiens, princes assez chauds du bonnet.

Le roi tombe dans le panneau et aveuglé par l'amour, il fait promptement étrangler son propre fils afin de l'éliminer de sa propre succession et se donner des chances de survie. Si la décision s'imposait selon les critères politiques de l'époque, elle plonge un peu tard Sigismond dans une profonde dépression. Assailli par les remords, celui qui fut roi prend l'habit pour s'enfermer dans un couvent afin d’expier son odieux infanticide.

Profitant de la vacance du pouvoir Burgonde, les fils de Clovis envahissent un royaume privé de souverain en suivant à la lettre les conseils avisés de leur mère, Clothilde, cousine de l'ancien monarque. L'invasion est une belle réussite puisque celui qui a choisi la protection céleste est fait prisonnier en dépit du droit d'asile. Clodomir, un des fils de Clovis se voit confier la résolution du problème Sigismond. L'époque est aux moyens expéditifs et pour ne pas donner dans la demi-mesure, celui-ci fait décapiter Sigismond avec femme et enfants. Ne pas faire de quartier étant une règle de bonne politique.

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La Burgondie privée de tête couronnée, tombe dans l'escarcelle des premiers mérovingiens et néanmoins fils de Clovis tandis que désirant faire disparaître les corps du délit, les victimes de cette décapitation sont jetées dans un puits profond en un lieu nommé Columna, assez loin du reste du théâtre de ce drame, puisque situé en Beauce, à deux pas de Saint-Péravy-la-Colombe.

L'affaire fit grand bruit quoiqu'elle fût réalisée sous le sceau du secret. La notoriété pourtant sortit du puits puisque le brave Sigismond profita de ce bain forcé pour se laver les mains de son crime pourtant potentiellement inexpugnable. Il bénéficia d'une gloire posthume accompagnée comme bien souvent d'une béatification qui le propulsèrent dans le Panthéon catholique.

L'église du village sera construite à l'emplacement du puits et le village prit le nom de Saint- Sigismond. Pour l'église, un repentir sincère après un infanticide vous permet d'accéder à une telle promotion posthume pourvu que le pénitent se soit montré généreux et charitable. Une fin tragique étant particulièrement recommandée dans un tel parcours.

Voilà l'aventure que l'on me confia afin que j'en rédige un billet (c'est du moins ce que j'ai cru comprendre). J'ai fait de mon mieux pour délayer ce petit récit qu'un écrivain véritable de mes amis m'envoya en guise de défi. Pour rendre à ce facétieux camarade ce qui lui revient, je joins à cette fastidieux épopée, l'original que je n'ai fait que paraphraser de mon mieux.

 

L'original

 

 

524 après JC Sigismond, roi des Burgondes (bords du lac Léman) était le cousin de Clotilde, reine des Francs et épouse de Clovis. D’un premier mariage, avec la fille du roi des ostrogoth, il aura trois enfants. Un garçon (Ségéric) et deux filles. Mais son épouse meurt prématurément. Veuf, il convole en deuxièmes noces avec la servante de sa défunte femme. Cette dernière entretient de mauvais rapports avec Ségéric, son beau-fils. Elle finit par convaincre Sigismond que Ségéric fomente contre lui. Il le fera étrangler pour l’éliminer de la succession Royale. Mais pris de profonds remords, Sigismond s’enferme dans un couvent voisin pour se repentir de son crime. Quelque temps plus tard, les fils de Clovis envahissent la Burgondie sur les conseils de leur mère, Clotilde. Fait prisonnier, Sigismond est livré à Clodomir, autre fils de Clovis et actuel roi des Francs. En mai 524, Clodomir fait décapiter Sigismond avec femme et enfants. Leurs corps seront jetés dans un puits dans un lieu nommé Columna. Ce village s’appelle aujourd’hui Saint-Sigismond et se situe à 20 km d’Orléans. L’église du village sera construite sur ce puits, et Sigismond sera sanctifié pour son repentir sincère, sa fin malheureuse et sa générosité vis-à-vis de l’église.


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