Entre maux, mots et faux rebonds
Mes chroniques-ovales ont 5 ans
Je me doute que l'évènement va passer totalement inaperçu. C'est d'ailleurs assez étrange dans un monde qui aime à se vautrer dans la commémoration et l'autocélébration. Puisque personne ne va s'en charger, je vais donc devoir, une fois de plus, assurer les basses besognes et me charger moi-même de marquer d'une pierre noire cet anniversaire très personnel.
Cinq années donc à tenter de vous tirer l'œil au petit matin. Cinq années au rythme d'une chronique quotidienne, un défi absurde, un travail de Romain même pas en latin ; quoi de plus vain et forcément absurde ? Car au bout de ces mille huit cents billets, le Monde ne s'est pas arrêté dans sa course ovale autour du soleil, les méchants le sont toujours autant et les gentils demeurent bien inaudibles.
J'ai abandonné en cours de route les joutes rugbystiques. Le petit microcosme sportif ne diffère en aucun point des grands organismes d'état. Mêmes bassesses, mêmes abus de pouvoir pour ceux qui se sont arrogés la place, mêmes mesquineries et toujours cette incroyable cécité aux évolutions inéluctables. J'ai tourné le dos à cette passion qui m'a fait découvrir la force du verbe, sans même un regret désormais.
J'ai décrit au fil des anicroches, les difficultés de l'enseignement en Segpa. Ce reportage au long cours sur les déviances d'une jeunesse qui ne fait qu'exprimer l'effondrement de nos valeurs communes. Par le prisme de quelques classes, je vous ai montré la terrible dégradation de notre « Vivre Ensemble ». Même si tout cela n'est pas nouveau, je suis de plus en plus inquiet sur l'état de notre éducation nationale et je songe de plus en plus à mettre la clef sous la porte !
J'ai évoqué la Loire. Tombé dedans tout petit,je ne l'ai jamais perdue de vue. Voilà au moins une passion qui ne risquait pas de me mettre mal avec mes semblables. C'est du moins ce que je pensais bien naïvement. Là encore, des histoires ont provoqué le courroux de ceux qui s'arrogent le pouvoir, y compris sur notre belle fille Liger. Le bon Prince, héros bien malgré lui de quelques fables, a démontré qu'il ne tolérait pas qu'on se gausse de sa grandeur. Tant pis pour lui, le bouffon trouvera toujours des quais où se moquer de lui et de tous les autres.
J'ai espéré que nous pourrions changer le cours des choses, que les mots avaient un pouvoir sur les monstres qui nous gouvernent. J'ai fini par comprendre que les règles du jeu étaient faussées, que la démocratie n'est qu'une enveloppe vide pour le citoyen qui ne peut agir contre la force financière des deux ou trois grands partis, mafias des ambitieux sans convictions. Je continue de laisser filer mes colères ; je ne crois plus qu'elles puissent avoir d'autre utilité que de libérer mes exaspérations.
J'ai découvert enfin le plaisir de la scène. Des chansons et des amis, des histoires de Loire et de mer, des fables et des grimaces font un spectacle à contre-courant. Il me fallut une boussole pour trouver ce chemin entre mots et notes, farce et émotion. L'aventure ne fait que commencer ; elle me contraindra peut-être à réduire mon rythme infernal car elle demande du temps et du travail. Mais qu'importe, c'est un bonheur d'une rare intensité. J'y retrouve les émotions des grands matchs de Rugby, le stress incroyable des grands rendez-vous. Mais cette fois, il n'y a aucun perdant !
Il y a maintenant l'espoir d'un CD et d'un livre. Moi qui ne voulais laisser aucune trace, je vais m'offrir ce billet pour une postérité improbable. Je n'ai guère d'illusion sur le succès de ces modestes traces à venir. Elles auront simplement l'avantage de faire plaisir à quelques amis tout en flattant mon orgueil incommensurable ! Il me faudra encore raconter ces aventures et certainement en assurer leur promotion car je ne doute pas du silence des médias locaux.
En route pour une année de plus. Nous verrons bien si l'inspiration ne s'épuisera pas. Je remercie tous ceux qui ont suivi cette aventure. Je remercie également tous ceux qui ont nourri mes colères et mes protestations ; sans eux, je dois le reconnaître, ce monde serait bien insipide. Rendez-vous dans cinq ans, si les trolls, le diable, les sorcières et le grand méchant loup ne me dévorent pas d'ici là.
Quinquennatement vôtre
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