Estrosi - Vol privé au-dessus d’un nid de coucou
Faute avouée à moitié pardonnée dit-on, reste tout de même 69 000 euros alors à trouver pour que Christian Estrosi paye son extravagante escapade à bord d’un jet privé...
Le bon secrétaire d’Etat a présenté mercredi "toutes ses excuses"
pour le coût de son déplacement à Washington, où il était allé le 23
janvier "défendre" l’inscription du récif coralien de
Nouvelle-Calédonie au patrimoine mondial de l’Unesco. Au dernier
moment, l’organisation du déplacement du secrétaire d’Etat à
Washington a été en effet chamboulée afin qu’il puisse participer à un
"pot" à l’Elysée réunissant les proches de notre président.
Ses
services ont alors loué en catastrophe un avion privé qui est parti du
Bourget, pour la modique somme de... 138 000 euros (ah si Le Canard enchaîné n’existait pas...)
"Je souhaite présenter toutes mes excuses parce que ça ne fait pas partie de mes pratiques",
dit celui qui, réélu député en 1993, était pourtant déjà déclaré
démissionnaire d’office et inéligible pour un an par le Conseil
constitutionnel pour dépassement du plafond de dépenses de campagne...
Le ministre est d’ailleurs, quand il veut, bien soucieux des problèmes de
coût aérien puisqu’il envisageait encore il y a peu d’inscrire dans une
loi l’obligation pour les compagnies aériennes de baisser leurs tarifs
vers l’Outre-Mer. Faudrait juste qu’il l’étende au transatlantique...
Il
faut sans doute comprendre que l’ancien coureur motocycliste de haut
niveau (2e du Bol d’Or 1974) aime aller vite en besogne sans regarder à
la dépense.
Président
du Conseil général des Alpes-Maritimes (le département le plus
sarkozyste de France avec 68 % des voix au deuxième tour de la
présidentielle), il ne lésine pas sur les moyens pour fêter la journée
"06.06.06", estimée à... 450 000 euros. Il sait aussi par le biais
d’une subvention aux stations du Mercantour, apporter 200 000 euros de
sponsoring à Jean-Pierre Pernaut, le présentateur du 13 heures sur TF1, pour son engagement dans le Trophée Andros, une course de voitures
sur circuits de glace... entre pilote...
L’homme autodidacte sait gérer les médias, en témoigne le soutien du groupe Hersant par le biais, par exemple, de la publication
imposée d’un sondage favorable au ministre de l’Outre-Mer dans
Nice-Matin, future propriété du groupe Hersant Média. Le tout, la
veille de l’inauguration du tramway de Nice par le maire actuel,
Jacques Peyrat... Car le bougre vise aussi la mairie de Nice où sa
femme est conseillère municipale.
Ce boulimique surfe sur la vague
de son ami proche de vingt ans, un certain Nicolas Sarkozy, avec qui il a
même échangé parfois quelques lettres de recommandation douteuses d’un
élu à un ministre pour Michel Coencas ou Pierre Reynaud ; mais sans
suite judiciaire.
N’empêche qu’il ne faut pas toucher à l’icône.
Ainsi réagit-il aux critiques sur le déplacement maltais du vainqueur
de l’élection présidentielle :
Nicolas Sarkozy "va se consacrer
1 825 jours 24 heures sur 24 à changer notre pays. Qu’on lui laisse 48
heures. La dénonciation de la réussite honteuse exaspère les Français".
"Cela suffit. On est en train de mettre un terme à un certain nombre de
complexes". Nicolas Sarkozy "se sent aussi proche des ouvriers que des
chefs d’entreprises", et Vincent Bolloré est "un grand chef
d’entreprise, paie beaucoup d’impôts et crée beaucoup d’emplois en
France".
Un visionnaire en quelque sorte... un homme un peu touché,
malgré tout, de n’avoir pu gagner la présidence de l’UMP à l’Assemblée,
qu’on lui avait peut-être promis...
Alors il occupe comme il peut le terrain médiatique, parfois sur des sujets profonds :
"J’ai
tenu à appeler Mme de Fontenay afin de lui dire qu’au-delà de la
stricte application du règlement, c’était l’image d’un des plus beaux
territoires de France qui risque d’être ternie et le choix de millions
de citoyens français présents sur les trois océans qui serait remis en
cause".
Les mauvaises langues le disent aussi capables de porter
secours à une députée blessée dans les toilettes des hommes de
l’Assemblée, mais qu’importe, lui enchaîne les ambitions autour d’un
leitmotiv connu "Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis".
Heureusement qu’il ne se reconnaît plus dans ses anciens propos (pour... Minute le 14 juin 2000) “La tolérance zéro est aujourd’hui la seule voie possible”. Sa gaffe aérienne lui aurait alors été fatale...
Je dis ce que je fais... qu’il disait.
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